Rien ne peut plus avorter la grève de 48 h de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) prévue les 21 et 22 mars. Tout semble être mis en œuvre par les responsables de cette centrale syndicale pour la réussite de cette grève qui va, sans nul doute, paralyser tous les secteurs socio-économiques ou presque du pays.
Depuis le 3 mars dernier, la CSTM a déposé un préavis de grève sur la table du gouvernement suite à la non satisfaction de nombreux points de revendication de leur cahier de doléances. Mais le gouvernement minimise cette menace en refusant d’ouvrir les négociations avec la centrale sur leurs doléances qui concernent pourtant l’essentiel des secteurs d’activités du Mali.
Selon les responsables de la CSTM, ce sont surtout les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports qui seront affectés par cette grève. Ils indiquent que plus de 90% des travailleurs de ces secteurs sont affiliés à la CSTM, laquelle n’est pas à minimiser. Autres secteurs menacés : la sécurité (protection civile, police, sociétés de gardiennage), une bonne partie du commerce, des industries alimentaires, des mines, des Banques et des Assurances, etc.
Si au niveau des hôpitaux, le service minimum sera observé conformément à la convention du BIT, il faut s’attendre à un arrêt total des services de santé. Toutes choses qui engendreront un réel manque à gagner pour l’économie nationale.
La situation s’annonce pire aux Aéroports du Mali où la cheville ouvrière constituée d’agents de la police, de la protection civile, de l’assistance des avions, de l’enregistrement des bagages et des passagers, seront absents.
Au niveau de l’enseignement fondamental et secondaire, les examens seront pris en otage par cette grève, quand on sait que l’essentiel des enseignants sont de la CSTM.
Notons que le cahier de doléances de la CSTM est constitué de 21 points, dont 6 points d’accord partiel et 11 points de désaccords. Les points faisant l’objet d’accord ne sont pas appliqués à ce jour.
La CSTM exige du gouvernement le respect des conventions 87 et 98 de l’OIT relatives à la liberté syndicale, à la protection du droit syndical et le droit d’organisation et de négociation collective; la mise en œuvre de tous les points d’accord issus du procès-verbal de négociations du cahier de doléances 2014 ; le rappel en activité de certains fonctionnaires de la police radiés pour cause de maladie dûment constatée ; l’intégration de tous les enseignants dans la fonction publique des collectivités ; l’amélioration des plateaux techniques des structures sanitaires ; le recrutement par l’État du personnel spécialisé pour les hôpitaux ; le respect des textes réglementaires des aéroports du Mali et surtout la promotion interne, l’instauration d’un plan de carrière ; le remboursement immédiat des montants relatifs à la réduction de 8% de l’ITS. S’y ajoutent, le paiement de la prime de risque aux travailleurs des sociétés de gardiennage et de surveillance; la baisse des prix du carburant, de l’eau et de l’électricité. La liste est longue, très longue.
Il s’agit d’une batterie de revendications pour lesquelles le gouvernement n’a pas daigné rencontré les responsables de la CSTM. Cette attitude du gouvernement est comprise par la CSTM comme un manque de respect à son égard, c’est pourquoi elle a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève.
“Nous avions jugé par le passé de ne pas aller en grève pour donner le temps à IBK de faire face à la situation dans laquelle se trouvait le pays. Nous avons compris aujourd’hui que c’était une erreur. Cette fois, nous irons en grève et nous n’allons plus reculer jusqu’à la satisfaction effective de nos doléances”, a expliqué le secrétaire général de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo. Selon lui, la CSTM va évaluer cette première grève, avant de prendre d’autres stratégies de guerre. Et aucune stratégie, dit-il, ne sera exclue.
Cette grève s’annonce comme une menace pour la ministre de la Fonction publique, du Travail et chargée des Relations avec les institutions, laquelle risque de connaître le même sort que son prédécesseur, Bocar Moussa Diarra, qui a été débarqué du gouvernement suite à son échec face à l’UNTM.
Ce qui est sûr, c’est que rien n’avortera plus la grève de 48 h de la CSTM. Mais cette grève se fera en absence de madame la ministre qui prend part à Genève, au conseil d’administration du BIT.
La rédaction