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A la frontière turque, des Syriens épuisés fuient une guerre sans fin

Il arpente les quelques mètres le séparant de la frontière, tressaillant à chaque coup de feu. Il a fui la Syrie au début des combats entre rebelles et jihadistes il y a une semaine, mais sa fille de 14 ans est restée derrière.

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Il arpente les quelques mètres le séparant de la frontière, tressaillant à chaque coup de feu. Il a fui la Syrie au début des combats entre rebelles et jihadistes il y a une semaine, mais sa fille de 14 ans est restée derrière.

Quand les combats ont éclaté à Tal Abyad, près de la frontière, l’adolescente était à l’autre bout de la ville, chez sa tante, explique l’homme, qui refuse de donner son nom par crainte des représailles. “Je lui ai dit de rester où elle était, que je viendrai la chercher le lendemain ou le surlendemain.”

C’était il y a une semaine.

Depuis, le nord de la Syrie est à feu et à sang, différents groupes rebelles s’étant unis pour chasser les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), accusés de volontés hégémoniques et d’exactions dignes de celles commises par le régime de Bachar al-Assad.

Les militants ont qualifié ces combats de deuxième soulèvement, après la révolte de 2011 contre Assad. Mais pour les habitants de Tal Abyad qui ont préféré fuir en Turquie, ce n’est que le dernier chapitre en date d’un conflit interminable.

“Nous sommes si fatigués”, explique le père dont la fille est restée en Syrie. “Nous ne voulons plus d’aucun de ces groupes armés… Ils viennent, ils se battent, et nous laissent démunis”.

Il raconte comment les combattants de l’EIIL ont imposé une version austère de la loi islamique dans sa ville, interdisant aux gens de fumer ou de raser leurs barbes.

“Ils m’arrêtaient dans la rue, et me disaient que je n’avais pas le droit de me promener en public avec ma fille, même si elle était entièrement voilée”, poursuit-il. “Je suis son père!”.

Au poste-frontière, un jeune homme qui affirme s’être battu dans les rangs de l’Armée syrienne libre (ASL, soutenue par les puissances occidentales), explique que Tal Abyad est désormais une ville fantôme.

“Il ne reste plus un seul civil, que des combattants”, raconte-t-il.

“J’avais peur pour mes enfants”

Une partie des habitants ont trouvé un refuge, qu’ils espèrent temporaire, à Akcakale, une ville frontalière poussiéreuse, où ils s’installent dans les fondations en béton d’immeubles en construction.

“Je suis venu en Turquie parce que j’avais peur pour mes enfants”, explique Abu Mohammed, 34 ans, qui a passé la frontière avec sa femme et ses quatre enfants, dont un nouveau-né.

La nuit, quand la température tombe en-dessous de zéro, des habitants les invitent à se réfugier chez eux. La journée, ils campent sur un trottoir.

Sa vie d’avant 2011 lui manque. Le soulèvement pacifique contre Bachar al-Assad s’est transformé en guerre civile, et “ce sont les pauvres qui perdent dans cette guerre. Ils n’ont pas d’argent pour s’acheter à manger”, affirme-t-il.

Pour un autre réfugié, Ahmad Abdelrahim, Akcakale n’est que la nouvelle étape d’une odyssée effrayante et sans fin pour fuir la guerre.

Ce père de famille de 45 ans, qui travaillait avant la guerre comme garde dans les bus touristiques, a quitté Alep en novembre, quand les avions du régime ont bombardé son immeuble.

D’Alep, il est parti à Tal Abyad, où il dormait avec sa femme et ses cinq enfants dans une école abandonnée. Jusqu’à ce que les récents combats les entrainent de l’autre côté de la frontière.

“Il n’y a rien en Syrie… Pas de nourriture, pas d’électricité, rien. Notre pays est le pays de la mort”, conclut-il.

© 2014 AFP

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