LE FIGARO.- Comment qualifiez-vous la situation dans le nord de l’Irak?
Mgr Pascal GOLLNISCH- Il faut appeler les choses par leur nom: l’État islamique ou le califat, comme ils le nomment, est une organisation terroriste. Ce sont des terroristes qui sont d’une très grande brutalité et qui représentent un très grand danger pour les populations de tout le Moyen et Proche-Orient. La situation est dramatique et explosive. Les populations de la plaine de Ninive sont de nouveau sur les routes et fuient leurs terres en abandonnant tout.
Quelles sont les solutions pour venir à bout des djihadistes irakiens?
Déjà, il faut une clarification sur cet État islamique. Qui le finance? L’ONU doit diligenter une enquête internationale pour obtenir des réponses afin de neutraliser cette organisation terroriste au plus vite. La Turquie, surtout, doit avoir des positions plus claires par rapport à l’État islamique, tout comme l’Arabie saoudite et les pays du Golfe. D’autre part, les pechmergas (combattants kurdes, NDLR) ont un besoin urgent de soutien militaire pour libérer la plaine de Ninive, Mossoul, Qaraqosh et toutes les villes prises hier par les forces du califat autoproclamé. Concernant les solutions politiques, elles passent nécessairement par la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale à Bagdad. Le premier ministre du gouvernement fédéral irakien Nouri al-Maliki ne peut plus rester, il a montré son incapacité à résoudre la crise, voire à l’empirer. La question de l’indépendance du Kurdistan passe au second plan, il faut que l’Irak et le Kurdistan fassent front commun devant la menace djihadiste.
Que doit faire la France?
Les réfugiés manquent de tout. Il faut que la communauté internationale et la France débloquent des moyens d’urgence en attendant de trouver des solutions définitives de logement pour ces personnes. L’asile n’est pas une solution viable, il reste 400.000 chrétiens en Irak, nous ne pouvons évidemment pas tous les accueillir. L’idéal est qu’ils puissent retourner dans leurs demeures, à terme. La France a tout intérêt à stopper l’offensive djihadiste, qui va finir par atteindre la Méditerranée et, à ce moment-là, nous aurons une frontière commune avec l’État islamique! Il faut à tout prix empêcher cela. Le président de la République a déjà mobilisé des moyens militaires au Mali pour faire face à la menace terroriste. Nous sommes dans une situation comparable aujourd’hui.
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