Le monde médiatique célèbre chaque 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse partout dans le monde. Pour cette 31ème édition, le thème porte sur « la Presse au service de la planète : crise environnementale et urgence du journalisme ». Pour le sieur Danté, ce thème rappelle l’importance et la nécessité pour les médias de s’engager dans la préservation de l’environnement. De ses précisions, le monde connait une situation d’urgence environnementale qui menace l’existence des générations actuelles et des générations futures. C’est pourquoi les professionnels des médias risquent leur vie pour tenter d’informer le monde sur tous les sujets, de même que la guerre à la démocratie, dit-il. Des journalistes restent disparus depuis longtemp. D’autres ont été simplement assassinés. En tant que premier responsable du secteur, Bandiougou Danté dira que la célébration du 3 mai est l’occasion de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la Presse. Aussi, énonce-t-il, cette journée constitue également un moment de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la Presse et à l’éthique professionnelle. A l’occasion de cette journée célébrée avec brio à la Maison de la presse de Bamako, Danté a fait allusion à deux déclarations provenant du secrétaire général des nations unies. Lesquelles marquent les esprits et nous encouragent dans notre combat noble de lutte pour la liberté de la Presse et la liberté d’expression. Le Secrétaire général a déclaré : « Sans liberté de la presse, nous n’aurons aucune liberté » ; « La liberté de la presse n’est pas un choix, c’est une nécessité », mentionne-t-on dans ce discours.
Le bilan peu reluisant
L’année écoulée a été particulièrement difficile pour la Presse malienne. « Nous sommes au regret de revenir encore sur les cas d’enlèvement, d’assassinat enregistrés ». Depuis près de dix ans, poursuit Bandiougou, les enquêtes sur la disparition de Birama TOURE sont interminables. En septembre 2020, Hammadoun NIAILIBOULY, de son retour d’un atelier de formation de journaliste a été descendu du véhicule à Mandjo, près de Somadougou, non loin de Mopti et amené à une destination inconnue. Le 18 avril 2021, Moussa Bana DICKO, Directeur des programmes de radio Hairé de Boni, dans le cercle de Douentza a été enlevé chez lui et reste introuvable. Ce n’est pas tout. Le sieur Danté rappelle qu’en date du 26 janvier 2023, Sory KONE, Directeur des programmes de la radio DANAYA de Souba, dans la région de Ségou, cercle de Farako a été enlevé chez lui et reste, lui aussi, encore introuvable. Sur ce registre peu reluisant, dit-il, permettez-moi de citer les assassinats de Dada Bah, animateur à la Radio Dagné FM dans la nuit du 26 au 27 octobre 2023 à Nara par des individus non identifiés, de Abdoul Aziz Djibrilla, animateur à la radio Naata de Labbezanga sur l’axe routier Ansongo-Gao le 7 novembre 2023 et l’enlèvement de ses compagnons de route, Saleck Ag Jiddou dit Zeidane et Moustaph Koné, respectivement directeur et animateur de la radio Coton d’Ansongo dont nous sommes encore sans nouvelles. Au même moment, déplore le président de la MP, Harouna Attini de la radio Alafia d’Ansongo s’en est tiré avec quelques blessures et un traumatisme psychologique profond. Plus récemment, le 11 décembre 2023, Almahady Barazy, directeur de la radio Bonferey de Taboye, dans le cercle de Bourem a été lui aussi enlevé par des individus armés non identifiés. Comment ne pas évoquer le cas de toutes ces consœurs et ces confrères qui ont dû abandonner leur rédaction parce que ne se sentant plus en sécurité. Et de solliciter ceci : « Nous réitérons nos demandes aux autorités de la Transition, comme nous l’avons toujours fait chaque fois que l’occasion se présente, de tout mettre en œuvre pour rechercher et retrouver nos confrères ».
L’immobilisme des pouvoirs face aux problèmes des médias
Au Mali, les professionnels de médias ne font pas face qu’aux seuls problèmes d’assassinats ou de rapts. Autre plan sur lequel les autorités nationales sont fortement interpellées, annonce Danté, est celui de l’environnement des médias. Dans ce domaine, l’on constate avec amertume, l’immobilisme des pouvoirs publics et l’espoir de refondation suscité par de durs et couteux labeurs d’élaboration des projets de lois et des projets de décrets restent menacés. Comme si cela ne suffisait, un désordre encouragé et entretenu fait planer le risque d’une implosion inéluctable du secteur. Il s’agit d’un nombre indéterminé de médias sur les réseaux sociaux dont certains acteurs se font appeler « journalistes » qui touchent à tout en violation des règles d’éthique et de déontologie, alerte-t-on dans son discours d’ouverture de la cérémonie du 3 mai 2024. Ces médias qui, estime-t-il, sont dans l’asymétrie pour rappeler un ami militaire, sont aussi les auteurs d’une concurrence déloyale si bien que les journaux se meurent, les radios et les télévisons agonisent. Ces médias désemparés, sans perspectives et opportunités, frappés de plein fouet par la situation économique précaire doivent faire face aux obligations quotidiennes, déclare le porteur du message des professionnels de médias. Notons qu’au-delà de la journée mondiale de la Liberté de la Presse, la Maison de la Presse a également décidé de respecter la tradition en organisant « la Semaine Nationale de la Liberté de Presse dont le thème consensuel est : rôle et place de la Presse dans la construction de la concorde nationale ». Mettant alors l’occasion à profit, Bandiougou Danté confie exprimer son amitié au Ministre de la Communication, de l’Économie Numérique et de la Modernisation de l’Administration pour son sens de l’écoute, du respect mutuel et du partenariat.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS