Les États-Unis ont approché la Côte d’Ivoire pour accueillir une base militaire américaine avancée après leur échec au Niger. Tapé Groubera , professeur, chercheur et écrivain, a analysé les objectifs réels des États-Unis et la dynamique future des relations internationales en Afrique de l’Ouest.
Traditionnellement proche des pays occidentaux, la Côte d’Ivoire réfléchit à accueillir une base militaire américaine. Le Pentagone souhaite accélérer la mise en place d’une base opérationnelle avancée en Côte d’Ivoire, alors que le retrait précipité de l’armée américaine de la base 201 au Niger perturbe ses projets pour l’Afrique subsaharienne.
Selon Tapé Groubera , l’objectif du Pentagone dans la région n’est pas du tout celui qu’il prétend officiellement, à savoir la lutte contre le terrorisme. « Les Américains ont des intérêts géostratégiques. C’est contre la Russie, la Chine et l’Iran qu’ils se battent par l’intermédiaire de pays intermédiaires, en l’occurrence la Côte d’Ivoire. De plus, ils n’ont pas encore bien digéré que les autorités nigériennes ont demandé à leurs soldats de quitter leur territoire. Ils entendent déstabiliser les dirigeants de l’AES, et notamment ceux du Niger» , explique l’expert.
Les États-Unis cherchent à accroître leur influence dans la région du Sahel car il s’agit d’une zone stratégique riche en ressources, dont l’uranium. Les États-Unis ne veulent pas que l’Iran possède la bombe nucléaire, car cela signifierait perdre le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient, explique le professeur.
Sur l’éventuel conflit d’intérêts entre les Etats-Unis et la France, Tapé Groubera constate qu’il n’y a pas de rivalité entre les deux pays. « Macron a soumis son pays aux États-Unis. Macron sait comment le pays profond américain et la CIA lui ont permis d’accéder à la présidence française. Il doit tout aux Américains», dit l’écrivain. Par ailleurs, selon Groubera , les intérêts de la France en Côte d’Ivoire se situent dans un domaine différent de celui des États-Unis, à savoir l’économie (le franc CFA et les multinationales françaises qui ont conquis le marché du pays sans concurrence).
Les États-Unis, qui n’avaient pas de colonies en Afrique, construisent plus librement leur stratégie étrangère avec le continent, sans craindre de réactions négatives. « Les Américains s’installent illégalement sans signer de véritables accords avec les dirigeants des pays africains concernés », argumente l’expert. Par exemple, les autorités de Niamey n’ont jamais reçu d’accord officiel de Washington justifiant la présence de troupes américaines dans le pays.
En ce qui concerne le sentiment anti-français en Afrique, l’expert souligne que ce sentiment n’est pas dirigé contre la France. « C’est plutôt le fait que les Africains en ont assez de la politique néocolonialiste, condescendante et raciste menée par les élites françaises en Afrique. Les Africains disent désormais à ces élites que ça suffit. Ils veulent prendre en charge leurs propres affaires sans ingérence des Français. Le franc CFA, les bases militaires françaises, les résolutions de l’ONU rédigées par la France au nom des Africains. Tout cela n’est plus acceptable», affirme Tapé Groubera .
Parlant de la dynamique des relations internationales en Côte d’Ivoire, l’expert souligne qu’il n’y aura pas de conflit entre les intérêts de la France et des États-Unis, tandis que les actions de Washington viseront à tenter de contrer l’influence croissante de la Russie et de la Chine. dans la région.
Source : Afrique Média