Après le déclenchement de l’opération Serval, le 11 janvier 2012, le Président français, François Hollande, pour justifier ladite opération, ne déclarait-il pas que la France, en intervenant au Mali, n’avait pas d’intérêts particuliers à défendre, si ce n’est voler au secours d’un pays ami, à la demande de celui-ci, et pour défendre les valeurs de liberté et de justice. Nous répondons que la France a bien des intérêts au Mali, mais que tout réside dans la manière de les défendre.
Avec le recul et les récents développements auxquels on assiste, au regard des événements tragiques de Kidal et de leurs suites, cette déclaration revêt une connotation étrange, pour ne pas dire surréaliste. Avec ce nouveau contexte, il serait même plus juste d’affirmer qu’Hollande a plutôt volé au secours du MNLA, qu’il a remis en selle après qu’il eut été chassé de tout le territoire du Mali par ses ex-alliés narco-jihadistes, notamment d’AQMI, du MUJAO et d’Ançar Dine.
Il serait même juste d’affirmer que la France est venue défendre ses intérêts géostratégiques, notamment militaires, avec la position stratégique de Tessalit, convoitée par toutes les puissances du monde, y compris les Etats-Unis d’Amérique, et des richesses minières supposées ou avérées, comme le pétrole, le gaz, l’uranium, le manganèse, les phosphates, les eaux fossiles des bassins de Tamesna et de Lullemeden.
Sans compter l’immense espace vital du Sahara, propre à abriter des centrales solaires et éoliennes. N’est-il pas question, avec le projet Desertec, d’assurer 40% des besoins de l’Europe en électricité à partir du soleil du Sahara?
La deuxième étape du plan d’annexion du Nord du Mali par la France ne pouvait qu’amener François Hollande à mettre bas le masque, le masque de Messie qu’il avait affiché pour les besoins de la première étape de son plan. Cette deuxième étape s’accompagne, comme nous l’avons déjà écrit, d’un véritable battage médiatique, d’un lynchage médiatique – devrait-on dire – dont l’honneur et la dignité du Mali font les frais, toujours dans les médias internationaux aux ordres de Paris, comme RFI, France 24, Antenne 2, TV5 Monde…
Aucun Malien digne de ce nom ne peut cautionner ces faits ou y être indifférent. Ce n’est pas une question d’IBK, d’ATT, d’Alpha ou de Soumaïla Cissé. C’est la dignité des Maliens qui est en jeu.
Illustration de cette propagande: dans le cadre de sa chronique hebdomadaire, Jean-Baptiste Placa, un pseudo-éditorialiste de RFI, n’a pas hésité à employer le mot cancre parlant du Mali et de la RCA. De deux de choses l’une: ou M. Placa a vendu son âme au diable, auquel cas il ne serait pas un Africain digne de ce nom, ou, deuxième cas de figure, qui semble être le plus plausible, M. Placa, un Togolais complètement déraciné, est atteint d’un crétinisme héréditaire qui l’amène à dire n’importe quoi.
S’il croit que lui seul sait manier la langue de Vaugelas, il n’a qu’à se détromper au plus vite. Qu’il sache qu’au Mali il y a des têtes qui réfléchissent. Très peu de pays africains dont les ressortissants sont en train de faire la fine bouche pourraient faire face au complot international dont le Mali est actuellement victime: une agression perpétrée par une horde d’apatrides, qui ont fait recours aux services de l’internationale du terrorisme et du crime organisé, le tout sous la bénédiction de la France, qui les manipule à souhait pour défendre ses intérêts géostratégiques.
Exemple révélateur du poids des narco-jihadistes dans l’issue des combats: n’est-ce pas RFI qui, mercredi 21 mai, avait diffusé en pleine bataille que le MNLA avait demandé un cessez-le-feu, quand ses éléments étaient sous le feu nourri des FAMA? Ce n’est qu’aux environs de 14 heures, quand les éléments de Belmoktar – un vétéran de la guerre d’Afghanistan et terroriste notoire – en surnombre, surarmés et surentraînés, sont entrés dans la danse, que la situation a basculé en faveur des assaillants.
Parmi ceux-ci figureraient même des mercenaires soudanais recrutés par les soins du très tristement célèbre Iyad Ag Ghaly. Nulle tentative de notre part de dédouaner les FAMA ou d’occulter les erreurs qui ont pu être commises. Ces erreurs ont été reconnues par les voix les plus autorisées. Au demeurant, dans nos colonnes, nous avons toujours fustigé la mal gouvernance, l’incurie de nos dirigeants et d’autres tares sociopolitiques accumulées depuis le coup d’Etat de Moussa Traoré du 19 novembre 1968, un putsch parrainé par la France, tares qui ont contribué à la déliquescence qui nous a conduits à la crise actuelle.
Cela ne doit, cependant, pas nous faire perdre de vue la dimension complot international de la crise en question. De grâce, qu’on ne nous fasse pas croire que le MNLA est un foudre de guerre! Les faits ont éloquemment démenti cette assertion à plusieurs reprises. Heureusement qu’au Mali, tout le monde n’est pas aussi cancre que le pseudo-éditorialiste de RFI, Jean-Baptiste Placa!
On attend maintenant de voir comment François Hollande va s’y prendre pour imposer, contre la volonté populaire, la partition du Mali, le décrochage du Septentrion du reste du pays. Au lieu de jouer au pêcheur en eaux troubles, et procéder à la reconstitution primitive du capital, avec tout ce que cela suppose comme piraterie, la France a intérêt à jouer cartes sur table et à négocier ses intérêts géostratégiques avec l’Etat souverain du Mali.
Elle a commis trop d’erreurs dans sa politique africaine, à l’image du Rwanda. «Errare humanum est, perseverare diabolicum», disent les anciens.
Yaya Sidibé
SOURCE:22 septembre