Vingt-quatre-heures (24) heures seulement après un échange fructueux avec le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Lt Col. Abdoulaye Maïga et celui de la Communication, Hamadoun Touré, sur l’application de l’État d’Urgence déclenché lors d’un Conseil des ministres Extraordinaire, les présidents de faîtières de la presse du Mali viennent de voir dribbler par ceux-ci. Puisqu’un chroniqueur à la radio “Renouveau FM” a été arrêté le même jour. Cette situation a été mal appréciée par les interlocuteurs de ces deux membres du Gouvernement.
Finalement, les militaires continuent de dribbler les Maliens même pendant la transition. Les putschistes du 18 août dernier qui contrôlent de bout en bout la transition continuent avec leur jeu troublant. Le caractère de la volte-face et du non-respect de parole donnée demeure leur mot d’ordre. Ils font toujours semblant d’écouter, de négocier, voire de dialoguer avec les Maliens dans la résolution des problèmes du moment, mais cela n’empêchera jamais qu’ils appliquent leur décision sur tel ou tel sujet.
C’est le constat amer que le peuple malien fait depuis le coup d’État du 18 août dernier jusqu’à ce jour. Après avoir floué les leaders du mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) avant et pendant cette transition, les présidents des faîtières de la presse malienne viennent d’obtenir leur part. 24 heures seulement suffisent pour dribbler les patrons de presse.
On se rappelle, le ministre de la Communication et de l’économie numérique, Dr Hamadoun TOURE, et son collègue de l’administration Territoriale et de la décentralisation, Lieutenant-colonel Abdoulaye MAIGA, avaient rencontré le lundi 21 décembre 2020, les présidents de la maison de la presse, de l’Union des radiodiffusions et Télévisions libres (URTEL), de l’Association des éditeurs de presse Privée (ASSEP) et l’Association des professionnels de la Presse en Ligne (APPEL Mali).
C’était pour donner des précisions sur les instructions ministérielles liées à l’encadrement des médias pendant cette période de l’état d’urgence. Et les deux ministres avaient rassuré que cette mesure est un rappel des dispositions réglementaires en vigueur dans notre pays à l’intention du commandement administratif. Avant de préciser que cette décision ne vise ni à restreindre la liberté d’expression encore moins à museler la presse.
Malgré tout, les présidents de faîtières de la presse ont souligné leur inquiétude par rapport aux abus éventuels pouvant découler de la mise en œuvre de ces dispositions. C’est ainsi qu’il a été décidé de mettre en place un cadre de concertation entre les départements et la presse pour faciliter la prise en compte des différentes préoccupations.
Souhaitant donner plus d’informations à leurs militants à la base, hier mardi 22 décembre 2020, lesdits patrons de presse se sont réveillés avec l’arrestation d’un chroniqueur de la radio “renouveau FM”, Mohamed Youssouf Bathily dit RAS-BATH. Toute chose qui indique que les deux ministres n’ont pas joint l’acte à la parole. Ce qui a constitué un grand remous au sein des faîtières de la presse.
Les responsables des faitières de presse ont réaffirmé hier à leurs militants ce manque de respect de la part des autorités de la Transition à leur égard. Selon eux, nos dirigeants de la Transition viennent de mettre à l’application leur menace de restriction de la liberté d’expression et la liberté de la presse avec l’arrestation de RAS-BATH. Une chose est certaine, cette situation a suscité la colère du monde de la presse. Quel crédit doit-on accorder maintenant à la parole de nos ministres ?
Le Président de l’URTL a laissé entendre que ce qui s’est passé, ne vise ni une radio, ni un individu, mais la démocratie et la liberté. “Nous, nous considérons cela comme l’aboutissement d’un projet. C’est une situation inacceptable. Je ne lui donne pas raison parce que je ne sais pas ce qui s’est passé. Mais, je suis contre la manière, contre la forme”, a indiqué M. Danté.
“Si une procédure normale avait été engagée contre lui, il n’y aurait aucun problème! On allait utiliser les voies normales pour savoir ce qui s’est passé”, a-t-il dit. “Nous sommes dans un contexte global de menace de la liberté, de la remise en cause de la démocratie. Et on glisse inéluctablement vers une dictature qui ne dit pas son nom”, s’est-il inquiété.
“Ça, nous n’allons pas l’accepter. En attendant de savoir ce qui s’est passé, nous disons non à cette façon de faire” a-t-il ajouté.
Boubacar DIARRA
Source : Le Soir De Bamako