Qui sont les Chebab?
On évalue à quelques milliers, entre 5000 et 7000, le nombre des Chebab somaliens, mouvement implanté dans des zones rurales et regroupant sur la base d’un islamisme radical, selon certains liens tribaux aussi, des combattants de sensibilité plutôt nationaliste et des tenants du djihad mondial. Les Chebab («jeunes» en arabe) sont apparus en 2006, comme une organisation plus dure encore que l’Union des tribunaux islamiques au pouvoir à Mogadiscio. Les Chebab se radicalisent un peu plus encore avec l’intervention, fin 2006, des troupes éthiopiennes, soutenues par les États-Unis, qui chasseront l’Union des tribunaux islamiques de la capitale somalienne. Avec le retrait des troupes éthiopiennes en 2008, ces combattants gagnent du terrain et imposent leur stricte application de la charia dans les zones qu’ils contrôlent. En 2009, ils attaquent Mogadiscio et s’en prennent au gouvernement de Charif Ahmed, un «modéré» de l’Union des tribunaux islamiques. En août 2011, ils sont chassés de la capitale, puis de leurs bastions du centre et du sud du pays par la force de l’Union africaine (Amisom).
Pourquoi une attaque au Kenya?
En s’engageant dans le sud de la Somalie en octobre 2011, les forces armées kényanes ont pris directement à partie les Chebab. Les combats ont duré quasiment un an, jusqu’en septembre 2012, à Kismaayo, une ville portuaire à l’importance stratégique pour ce mouvement islamiste. Les Chebab ont pratiqué plusieurs enlèvements sur le sol kényan et maintes fois menacé le pouvoir en place à Nairobi. Mais ils n’avaient jamais lancé une opération de l’ampleur de celle du 21 septembre.
Qui dirige les Chebab?
Ahmed Abdi Godane, connu également sous le nom d’Abu Zoubayr, paraît aujourd’hui avoir pris l’ascendant sur les Chebab. Sa tête est mise à prix par les Américains pour 7 millions de dollars. Il est originaire du Somaliland, région du nord de la Somalie qui a déclaré son indépendance. Son pouvoir a, semble-t-il, été contesté par les Chebab du sud de la Somalie. Pour s’imposer, Ahmed Abdi Godane a fait tuer une dizaine de commandants et, en juin dernier, deux chefs historiques des Chebab – Ibrahim Haji Jama Mead, surnommé l’Afghan, et Abdul Hamid Hashi Olhayi. Ahmed Abdi Godane est partisan du djihad international.
Quels sont les liens entre les Chebab et al-Qaida?
Si les Chebab sont clairement dans le sillon du terrorisme international, ils ne sont pas officiellement au centre de cette nébuleuse inspirée par al-Qaida, explique Dominique Thomas, chercheur à l’EHESS. «Les Chebab ne peuvent être comparés à al-Qaida dans la Péninsule arabique (Aqpa) ou à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ; ils entretiennent des relations plus éloignées, plus périphériques avec al-Qaida. Les messages proclamant leur allégeance et les demandes d’affiliation répétées des Chebab n’ont jamais reçu officiellement de réponse claire d’al-Qaida, qui aurait eu valeur d’adoubement. En Somalie, al-Qaida était représentée par le Comorien Fazul Abdullah Mohammed ou le Kenyan Saleh el-Nabahni plus que par les Chebab, groupe jusqu’ici à la vocation nationaliste qui refusait de se conformer à l’agenda du terrorisme international. Maintenant, cette attaque dans un pays étranger, le Kenya, par son ampleur et son retentissement, est peut-être un message adressé par les Chebab à al-Qaida, pour mériter justement cet adoubement officiel.»