Depuis les manifestations du 5 et du 19 juin demandant la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali est à la croisée des chemins. En effet, la communauté internationale s’est mise du côté de la corruption, de la prédation, de la concussion, de l’affairisme, du détournement de deniers publics, du népotisme contre la volonté du peuple malien, las de supporter la mauvaise gouvernance d’un chef de l’État à la tête d’une dynastie familiale dont l’ambition est la destruction de notre pays au profit de la communauté internationale.
A peine contesté dans son pays par deux manifestations monstres organisées les 5 et 19 juin par le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP) qui demande la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), défenseur des intérêts impérialistes au Mali, la communauté dite internationale a pris son bâton de pèlerin. Elle s’active sur tous les plans pour faire échec à la détermination des Maliens à faire partir leur président qu’ils accusent de mauvaise gouvernance. C’est dans ce sens qu’elle a rencontré les acteurs de la crise et proposé des pistes de sortie de crise qui maintiennent IBK au pouvoir contre la principale revendication du M5- RFP à savoir le départ d’IBK de Koulouba.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a été la première organisation à s’ingérer dans la crise malienne avant d’être rejointes par l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et l’ONU. Toutes ces organisations ont soutenu les propositions de sortie de crise de la CEDEAO dont elles pensent qu’elles serviront de base de négociations entre le chef de l’État malien et les membres du M5-RFP pour un apaisement du climat politico-social au Mali. On se rappelle que la mission ministérielle de la CEDEAO, qui a séjourné dans notre pays du 18 au 20 juin, avait proposé le maintien du président de la République à son poste, la formation d’un gouvernement consensuel d’union nationale, la reprise des élections dans les zones contestées.
Autre réaction, c’est celle de l’ambassadeur des États-Unis au Mali. Dans un communiqué, il déclare: «On ne peut pas forcer un président de la République à démissionner et qu’il faut accepter la démocratie».
Ces soutiens de la communauté internationale au président Keïta vomi par son peuple ne défendent pas le principe de la démocratie comme elle prétend dire mais plutôt le contrôle de l’immense richesse naturelle de notre pays. Ils s’expliquent par plusieurs raisons. D’abord, elle trouve en IBK, un homme lige, complexé et extraverti qui serait prêt à toutes sortes de compromissions pour la préservation des honneurs liés à la fonction présidentielle. Et son maintien à la tête du Mali, défendu bec et ongles par des intérêts obscurs réunis au sein d’une soi disant communauté internationale contre la volonté populaire, est la perpétuation de la domination de notre pays par des multinationales qui sont parvenues avec la complicité d’IBK à ravir la vedette aux sociétés nationales dont la plupart sont mortes de leur belle mort.
Ensuite, le départ précipité d’IBK du pouvoir mettra à l’eau le dessein inavoué de la partition de notre pays par l’UE, l’UA, la CEDEAO et l’ONU. Ces organisations sont parvenues, à travers le gouvernement d’IBK, a porté atteinte à la souveraineté du Mali en signant l’accord d’Alger. Un accord qui fait voler en éclats l’intégrité de notre territoire national. Il a fait de Kidal, un no man’s land entre les mains des narcotrafiquants depuis 2012, un Etat dans un État, où l’accès de la ville est négocié au prix d’or par une autorité malienne qui compte y séjourner. Il y a eu aussi des arrangements sécuritaires qui donnent le plein droit aux bandits armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de se déplacer là où ils veulent sur l’ensemble du territoire national, mais interdisent aux autres de se déplacer dans les zones contrôlées par la CMA. Quelle humiliation pour notre armée !
La communauté internationale sait pertinemment qu’en cas de changement de régime au Mali, le processus de dépeçage de notre pays placé sous l’égide d’IBK sera remis en cause par des patriotes animés par la seule volonté de donner à notre pays sa grandeur d’antan. Elle sait aussi que les cadres du M5-RFP vont rejeter en bloc leur chiffon de papier du nom de la capitale algérienne en demandant son annulation ou sa révision. Toute chose que la communauté internationale ne veut pas entendre. Pour elle, le processus de l’accélération de l’application de l’accord doit se poursuivre avec IBK quoi qu’il arrive pour démembrer notre pays au profit des sociétés étrangères criminelles.
Dans les prises de position de la communauté internationale, il y a deux poids deux mesures. Elle a organisé le printemps arabe pour balayer les régimes élus démocratiquement. Elle a soutenu la contestation populaire en Algérie pour déposer le président Bouteflika, élu aussi démocratiquement. Idem pour El Béchir au Soudan. La raison était que ces pouvoirs n’étaient plus prêts à brader leur pays. Mais quand le peuple malien demande le départ de son président, on crie au scandale. On met en avant les principes de la démocratie pour sauver le fauteuil du président IBK qui fait leur jeu en sacrifiant les Maliens sur l’autel des intérêts impérialistes et ceux de sa famille. Elle qui est parvenue en un laps de temps à contrôler tous les rouages économico-financiers du Mali par la prédation, le pillage du Trésor public et la surfacturation.
Le président IBK a-t-il vraiment compris le sens de la lutte du M5 qui réclame son départ de Koulouba ? En tout état de cause, quand on est vomi par son peuple, on a intérêt à sortir par la grande porte au lieu de faire confiance au soutien de l’extérieur contre son peuple.
Yoro SOW
Source : l’Inter de Bamako