Tous les regards du peuple sont désormais tournés vers IBK et son gouvernement. Tout le monde veut savoir si le pouvoir va encore céder aux caprices des enfants gâtés de la République, soutenus par la communauté internationale. Le GATIA a fait ce qu’il devait faire sans même attendre l’ordre qui que ce soit en retournant chez lui à Kidal. Ce retour serait une violation de l’Accord de paix selon la CMA qui considère Kidal comme leur chasse gardée. Elle demande de ce fait, le retrait du GATIA qu’elle considère à tort comme une force d’occupation. La surenchère a commencé comme ce fut le cas à Ménaka et à Anéfis où elle avait fini par obtenir du gouvernement l’abandon de ses populations. Les autorités céderont-elles encore cette fois-ci? Et Jusqu’à quand le peuple acceptera-t-il de voir son Etat capituler ? La MINUSMA nous y obligera-t-il encore cette fois-ci et comment ?
La joie va-t-elle encore céder la place à l’angoisse et à la tristesse ? Après l’arrivée du GATIA à Kidal le 2 février 2016, rares sont les maliens qui ne s’en sont pas réjouis. Cette légitime fierté patriotique est due au fait qu’avec son entrée dans l’Adrar, le nom Mali recouvre enfin la totalité de son territoire tel que légué par les conventions internationales. Kidal qui a, pendant de longs mois, échappé au contrôle du pouvoir central, retournera-t-il enfin dans le giron de la République ?
Souhait légitime de tous malien, mais aujourd’hui, au regard de la tournure que prennent les événements, il est fort à parier que les autorités subiront la pression de la communauté internationale à travers la MINUSMA et les forces françaises, Barkhanes pour lâcher les populations à la merci de ces milices armées en obtenant le retrait du GATIA. Cette énième demande d’humiliation doit-elle être acceptée par le gouvernement ? Le peuple acceptera-t-il de voir son Etat capituler ?
Pour rappel, le GATIA est le même qui avait libéré Ménaka de l’emprise de la CMA. Et les images de la grandiose manifestation de joie des populations locales ont fini par convaincre plus d’un que la CMA n’était pas plus légitime aux yeux de nombreux touaregs. Leur joie fut malheureusement de courte durée car sous la pression de la France et de la communauté internationale, les autorités maliennes capitulaient et demandaient au groupe d’autodéfense de se retirer sans conditions. Cette décision qui fut accueillie, comme une humiliation, a fait l’effet d’une bombe au sein de la population de Ménaka en particulier et des maliens en général. Le GATIA quitta ainsi la ville de nombreux de ses siens, contre son gré en les laissant entre les griffes, les exactions et les règlements de compte de la CMA.
Idem pour Anéfis, le dernier verrou avant Kidal. C’est aussi après d’intenses combats soldés par de nombreuses pertes en vies humaines et en matériels de part et d’autre que le GATIA avait pris le dessus sur la CMA, ouvrant ainsi la voie vers la capitale de l’Adrar des Ifoghas. Cette précieuse victoire ira aussi à vau l’eau par la même pression de la France et de la communauté internationale. Les autorités, comme à l’accoutumée, avaient céder aussi sans condition. L’entrée du GATIA à Kidal est donc le troisième cas de ce genre.
En définitive, les autorités sont à un tournant décisif de la résolution de la crise au nord. Elles doivent faire preuve de responsabilité et de courage politique pour une fois après tant de tergiversations. La société civile, conformément à son rôle de veille citoyenne, doit elle aussi, adopter une attitude ferme et engagée pour dire « NON » à la France et à la communauté internationale dont le dessein inavoué est la « Soudanisation » du Mali entre un Mali du nord et un Mali du sud.
Youssouf Sissoko
Source: InfoSept