L’argent public est normalement sacré pour un président de la République, surtout quand il a été grandement investi de la confiance de son peuple. En Afrique, malheureusement les présidents pensent qu’ils ont un droit de vie ou de mort sur leurs électeurs. Ne faisant plus de différence entre bien public et bien privé, ils s’adonnent impunément à des dépenses ostentatoires aux antipodes des principes de bonne gouvernance, d’éthique et de la bienpensance. C’est le cas des familles Bongo au Gabon, Denis Sassou Nguésso du Congo Brazza, d’Obiang Guéman Bassoko en Guinée Equatoriale, de Jacob Zuma en Afrique du sud. Qu’en est-il d’IBK au Mali ? Tous ces présidents ou des éléments de leurs familles, font l’objet de polémiques diverses concernant le mauvais usage des biens et fonds publics. Mais certains acculés par la Justice finissent par reconnaitre leur forfait. Ainsi, Zuma vient de donner le ton en s’engageant à rembourser les kopecks de l’Etat à lui reprocher dans le cadre de la rénovation de « Nkandla », sa résidence privée. Les autres accepteront-ils de se soumettre au même contrôle républicain par les services appropriés de l’Etat ? Et IBK alors ?
Le Président Sud Africain Jacob Zuma, critiqué par l’Opinion nationale sud africaine dans l’affaire de rénovation surfacturée de sa résidence privée, Nkandla, dévoilée en 2014, a fait l’objet d’un rapport de la part de la médiatrice de la République, chargée de veiller à la bonne utilisation des deniers publics. Ce rapport accable le Président Zuma et l’accuse d’avoir indûment bénéficié des travaux.
Zuma qui, dans un premier temps, avait nié en bloc les allégations à lui reprocher, a finalement reconnu les faits et certains manquements à l’orthodoxie financière. Il a fait marche arrière sous la pression de l’opposition et de la justice. Et se dit désormais prêt à rembourser une partie de l’argent public injustement dépensé dans les travaux de rénovation de sa résidence privée. S’agissant de Bongo, Sassou et Obiang, tous trois font aussi l’objet de poursuites, cette fois-ci par Transparency International pour biens mal acquis.
Ces trois présidents qui sont, à coup sûr, les plus riches présidents d’Afrique, ont bâti leurs fortunes sur les biens de l’Etat. Et faute de justices indépendantes et d’oppositions crédibles dans ces pays, ces présidents se comportent en Monarques absolus et certains éclairés comme Obiang Bassoko Guema, mais de tous, tout part d’eux et tout leur revient.
Quant au président IBK, qui n’aura pas la même longévité au pouvoir, selon les règles constitutionnelles établies au Mali, que les présidents cités plus haut et ayant une Opposition forte incarnée par des carrures de la trempe de Tiébilé Dramé est aussi sur la sellette. Les éclairages et les révélations du PARENA ont mis à nu autant de scandales et de malversations financières.
Tout comme dans ces pays de potentats, IBK a aussi été au centre de plusieurs affaires rocambolesques. Si les autres ont été étalées au grand jour, celle relative à la rénovation de sa résidence privée reste toujours sans suite en dépit de remontrances faite par le PARENA. Au Mali où foisonnent les structures de contrôle et de vérification des deniers publics, une s’hasardera-t-elle au nom de la République, de la Démocratie et de la Transparence à saisir un jour les juridictions compétentes pour vérifier a légalité et l’honnêteté des dépenses engagées dans la rénovation de sa Résidence privée et du palais de Koulouba.
Si nous sommes d’accord que le Président de la République doit être pris en charge en pension complète par l’Etat, il nous apparait cependant anormal et disproportionné qu’un président en exercice prenne l’initiative de rénover sa résidence privée au seul frais du contribuable. Vivement donc, ce contrôle citoyen et républicain pour éclaircir cette affaire et tant d’autres, comme l’avait souhaité l’Opposition.
Youssouf Sissoko
Source: InfoSept