La question de l’obsession au Pouvoir absolu en Afrique francophone est celle à laquelle nous avons beaucoup de peine à répondre. En Afrique francophone, lorsque l’on est à la conquête du Pouvoir politique, l’on se met logiquement à l’écoute des populations auxquelles on promet monts et merveilles. Mais une fois le Pouvoir acquis, l’on oublie toutes les belles promesses et l’on devient distant et même très distant du peuple.
C’est un secret de polichinelle, lors de la conquête du Pouvoir politique en Afrique francophone, tous les candidats se donnent la peine de se confondre avec son électorat, hélas constitué essentiellement par la populace. Ils se mettent ainsi à l’écoute des populations qui lui expriment leurs problèmes et revendications. A cette période, chaque candidat s’arrange d’être disponible et promet aux populations de résoudre tous problèmes auxquels elles font face. Notamment, les problèmes relatifs à la pauvreté, au manque : d’emplois, de soins, d’écoles etc. Ainsi, le comportement de chaque prétendant à la magistrature suprême, crée une certaine confiance au sein des populations. Ce qui procure un sentiment de lendemain meilleur dans la conscience collective.
Pour davantage convaincre les populations (leur électorat), chaque prétendant promet de respecter avec rigueur l’ensemble des dispositions de la Constitution du pays. Notamment, le respect des délais des mandats présidentiels définis par la Constitution. Il promet le respect de l’exercice des libertés individuelles et collectives. Mais, une fois que l’un des candidats accède à la magistrature suprême, il s’attache à faire autres choses que celles qu’il a promises.
En Afrique francophone, nous avons encore du chemin à parcourir. Car la parole et les promesses d’un Homme Politique, même devenu un Chef d’Etat, n’ont aucun sens. D’ailleurs, après les premiers moments de sa prise de fonction, ses premières décision consistent à restreindre les libertés fondamentales sous toutes leurs formes. Le Chef de l’Etat s’érige en despote qui interdit toute voix discordante à la sienne et finit par imposer la pensée unique. Même un citoyen qui tient un discours qui critique, dénonce objectivement ses actions gouvernementales en proposant des solutions est traité comme un ennemi de son régime. Il est persécuté pour finir en prison ou devient exilé politique.
Hélas, en Afrique francophone, les Chefs d’Etat, une fois les rênes du Pouvoir acquis, deviennent des tyrans, ils deviennent allergiques aux voix discordantes, s’accrochent au Pouvoir aux côtés de leurs clans et laudateurs. Ils décident de s’éterniser au Pouvoir et font fi des dispositions constitutionnelles qui limitent les mandats présidentiels à deux consécutifs. On assiste ainsi à des tripatouillages constitutionnels qui ouvrent la voie à un troisième, quatrième ou énième mandat présidentiel dans de nombreux pays. Alors que le Chef de l’Etat met aussi tout en œuvre afin d’empêcher la candidature de challengers sérieux. C’est notamment le cas dans un pays de l’Afrique de l’Ouest qui doit aller à la présidentielle cette année.
Des élections sont alors organisées de façon bien taillées sur mesure où les opposants autorisés à y participer n’obtiennent que zéro à 5% du suffrage exprimé.
En Afrique, le goût du pouvoir absolu sans fin n’a fait que du tort aux populations. Rappelons les cas de : Paul Biya au Cameroun qui règne depuis plus de quarante ans et qui incarne désormais le Pouvoir absolu dans son pays ; Blaise Comparé au Burkina Faso qui avait fait vingt-huit (28) ans au pouvoir ; Moussa Traoré au Mali avec vingt-trois (23) ans. En Côte d’Ivoire, Dramane Ouattara a tripatouillé la Loi Fondamentale afin de s’éterniser au Pouvoir. Mais l’histoire nous a toujours enseigné qu’un jour ou l’autre, d’une façon ou l’autre, l’on perdra le Pouvoir. Pourquoi ne pas désormais retenir cette leçon lorsque l’on accède au Pouvoir en Afrique francophone, afin que les populations connaissent enfin l’alternance au Pouvoir par la voie des urnes ?
Monoko Toaly
Source : Pélican