Depuis 2015, le nord du Burkina Faso n’est plus seulement une zone de passage et de repli pour les terroristes, il est devenu une zone d’action djihadiste visant à déstabiliser l’Etat en fracturant la Nation Burkinabè, en harcelant ses forces de sécurité et en menaçant les institutions régaliennes. Les atrocités commises à Koutougou, et revendiquées par le JNIM, sont malheureusement symptomatiques de cette « stratégie du chaos » qui vise à décrédibiliser le gouvernement pour mieux s’imposer et prendre sa place. Comment en est-on arrivé là ? Petite histoire des grands déterminants d’une crise.
Le nord du Burkina Faso est la région la plus pauvre et malheureusement la moins dotée en infrastructures et en institutions d’Etat. Elle est peuplée à 70% par des Peuls, une ethnie souvent stigmatisée, dont le mode de vie ancestral basé sur le nomadisme, ne simplifie pas forcément l’intégration. C’est donc sur le terreau fertile de la misère, que sont venus se greffer les terroristes : à coups de primes d’engagement (300 000 FCFA), de salaires mirobolants (50 000 FCFA mensuels), d’armes et surtout de promesses, ils recrutent des jeunes désœuvrés en leur faisant miroiter des succès faciles.
Si cette stratégie semble payante, elle risque pourtant, à terme, de se retourner contre les terroristes : en s’appuyant sur des spécificités locales, essentiellement communautaires, ils se sont isolés des autres mouvances djihadistes. Alors que plusieurs milliers d’activistes étrangers ont rejoint l’Afghanistan, la Syrie ou l’Irak, à peine quelques dizaines ont rallié l’Afrique de l’Ouest. Au final, la menace terroriste dans l’ensemble du Sahel plafonne à un millier de combattants.
L’insécurité qui frappe le Burkina Faso a des racines profondes, les Forces Armées auront un rôle prépondérant et elles méritent tout notre soutien, mais il faudra aussi probablement promouvoir l’harmonie des communautés au « pays des hommes intègres ».
Paul-Louis Koné
Source: Malijet