Les violences basées sur le genre (VBG) préoccupent de plus en plus dans notre pays et requièrent des efforts de sensibilisation pour circonscrire le phénomène à défaut de pouvoir l’éradiquer. C’est dans cette vision globale de sensibilisation sur les VBG que le Projet Initiative Spotlight a organisé, jeudi dernier, une conférence-débat sur le phénomène dans l’amphithéâtre de l’Institut polytechnique rural/Institut de formation et de recherche appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou à l’intention des élèves et étudiants de cet établissement.
Cette conférence qui intervient quelques semaines après l’inauguration des One Stop Center de Koulikoro et de Kangaba, a enregistré la participation du conseiller aux affaires administratives et financières du gouverneur de Koulikoro, Alhousseyni Touré, du directeur général de l’IPR/IFRA, Dr Lassine Soumano et de nombreux invités.
«La protection et la promotion de la femme et de la fille demeure une démarche constante dans la politique du gouvernement depuis les premières heures de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. La violence faite aux femmes et aux filles est un fléau qui menace dangereusement la gent féminine et n’épargne aucun pays dans le monde», a souligné Alhousseyni Touré.
Pour le Pr Lamine Traoré, ancien secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, on parle de VBG devant tout acte nuisible qui constitue une menace pour la femme ou la fille, notamment l’usage de la force et les actes de tromperie, entre autres.
La Région de Koulikoro enregistre beaucoup de cas de VBG. À ce propos, les statistiques fournies par la directrice régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bocoum Hawa Guindo, font froid dans le dos.
Elle a relevé 107 cas de violences physiques, 431 cas de violences psychologiques, 19 cas de viols, 28 cas d’exploitations sexuelles, 12 cas de violences conjugales, autant de cas de mariage des enfants, 41 cas de complications liées à l’excision au cours du premier semestre de l’année en cours. Elle a aussi rappelé la charte du Kouroukanfouga qui traite de la protection de la femme.
Fodé Moussa Sidibé, chargé de cours à l’Université du Mali, a donné quelques explications sur le phénomène qui, selon lui, est venu d’ailleurs. Mais, pour lui, les violences faites aux femmes et aux filles résultent d’une autre perception de la femme par les auteurs des VBG.
Karamoko Dagnon, autre conférencier, est géomancien et maitre «N’ko». Il s’est appesanti sur les sanctions à prendre contre les auteurs des VBG. Il a aussi rappelé l’urgence et la nécessité d’assurer un véritable plaidoyer auprès des autorités pour que l’État légifère dans ce sens en vue de préserver le milieu scolaire de ce fléau.
Quant au directeur général de l’IPR/IFRA, il s’est réjoui de la tenue de cette conférence dans son établissement. Pour lui, le droit de vivre en liberté dans sa communauté est fondamental. Et Lassine Soumano d’annoncer que l’IPR/IFRA s’est doté d’une cellule genre composée de six membres mais a aussi développé un plan d’action genre, en collaboration avec d’autres structures.
Les élèves et étudiants ont manifesté de l’intérêt pour la thématique, en témoignent la cinquantaine de questions posées aux conférenciers. La conférence s’est achevée sur les notes du rappeur Mylmo, engagé pour la bonne cause, celle des femmes.
Amadou MAÏGA
Amap-Koulikoro