Dire que la ville de Kidal appartient au Mali revient à prendre des verrues pour des grains de beauté. Ou Dame lune pour le Soleil. En effet, la Cité des Ifoghas vit militairement et administrativement sous la botte des rebelles de la Coordination des mouvements et de l’Azawad (CMA).
Si le Mali avait pu, en 2012, y maintenir une petite troupe de 200 soldats, il n’y dispose plus d’aucun militaire ni d’aucun policier depuis sa défaite militaire, en 2014, suite à la visite mouvementée du Premier Ministre Moussa Mara.
Étrangement, l’accord de paix signé en 2015 entre le Mali et la CMA n’a ni ramené la paix, ni rendu Kidal au Mali. Très peu désireux de reconnaître cette situation désastreuse, l’Etat malien tente de faire miroiter un semblant de normalité en entretenant quelques services publics de base à Kidal. Notamment l’électricité et l’eau.
Pas de paiement de facture
Ainsi, après une visite du ministre de l’énergie dans la ville, il y a deux ans, la section locale d’énergie du Mali (EDM SA) a repris service, avec une dizaine d’agents. Au début de leur mission, les agents ont voulu, comme partout ailleurs au Mali, changer les compteurs anciens utilisés par les usagers par de nouveaux compteurs électriques prépayés « Isago ». Ils sont ainsi entrés dans les domiciles privés en vue du changement.
Or, non seulement les usagers ont refusé tout changement de compteur, mais ils ont aussi menacé de bastonner tout agent d’EDM qui s’introduirait chez eux sans leur autorisation.
Pis, après avoir éconduit les agents d’EDM, les usagers se sont tranquillement branchés sur les poteaux électriques, en violation flagrante des règlements d’EDM. Ayant fait à la direction générale d’EDM, à Bamako, un compte rendu circonstancié des faits, l’agence de Kidal n’a eu aucune suite à son courrier.
Résultat : l’électricité est fournie par EDM aux Kidalois de 8 heures à 1 heure du matin mais personne ne paie de facture à Kidal, sauf quelques rares habitants Sonrhais restés attachés à la mère patrie malienne…
Le plus cocasse est ailleurs : les rebelles de la CMA ont ouvert une agence parallèle à EDM: elle a pour nom EDA (Énergie de l’Azawad). Elle est animée par quelques agents « azawadiens » nommés par la CMA et ils s’y connaissent en électricité comme vous et moi en géomancie !
Pour ce qui est de l’eau courante, il n’ y a pas non plus de facture à payer. Il est vrai que la SOMAGEB, la société malienne chargée de la fournir, se contente du minimum syndical : l’eau, puisée d’un forage, ne vient dans les robinets qu’une fois par semaine…
Etat de l’Azawad
En fait, la plus grave moquerie envers l’Etat malien réside dans les activités du prétendu « État de l’Azawad » créé par la CMA à Kidal. Sous couvert de cet État, les rebelles passent le plus clair du temps à tondre les citoyens. Ainsi, chaque motocycliste doit payer une vignette de 5000 FCFA tous les trois mois. Chaque voiture 20000 FCFA par trimestre. Chaque camion 30 000 FCA par trimestre. Les vignettes en question sont délivrées par les agents fiscaux de l’Azawad. En cas de non paiement, le véhicule est saisi par les policiers de la CMA omniprésents à tous les carrefours et il n’est pas sûr que le propriétaire le retrouve.
Pour la petite histoire, il n’existe aucun service des impôts ou des douanes à Kidal. Donc aucun recouvrement d’impôt pour le compte du Mali. Un pays que l’accord de paix de paix charge pourtant d’affecter, sur une période de 20 ans, un bon tiers de son budget national à l’Azawad.Seigneur! Qui peut être plus heureux qu’un Azawadien?
Source: Le Procès Verbal