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Kassoum Diakité, chef du service transport du CENOU : « Pour le bien-être du pays, les autorités doivent veiller à l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants »

Le transport dans le milieu universitaire constitue l’un des secteurs les plus importants au sein du Centre National des Œuvres Universitaire (CENOU). À ce titre, nous avons rencontré Kassoum Diakité, chef du service transport, qui nous accordé une interview dans laquelle il a expliqué les efforts de l’Etat pour l’intérêt des Etudiants. Lisez l’entretien !

Le Pays : Quel est le nombre de bus à la disposition des étudiants maliens?

Kassoum Diakité : actuellement au niveau du CENOU, nous avons en moyenne quinze (15) grands bus , plus trois (3) mini bus au service de tous les étudiants maliens. À Bamako, nous avons douze (12) bus opérationnels,  notamment sur l’axe de Kabala, dans la ville de Bamako. Ce nombre est fonction de la demande, voire  de la fréquentation universitaire. À l’IPR, nous avons un grand bus de soixante-dix (70) places pour assurer le transport des étudiants entre Koulikoro et Katibougou. À Ségou, nous avons deux (2) grands bus plus un (1) minibus. Nous veillons à ce qu’il n’y ait pas de débordement entre la demande de transport et le nombre de moyens mis à la disposition des étudiants.

Nous avons appris que cette année vous avez introduit une nouvelle carte de transport. Pourquoi cela ?

Pendant cette année budgétaire 2019, et cela depuis le 2 janvier, le CENOU a adhéré à une politique de modernisation du service de  transport en fonction des pays de la zone de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) à travers la nouvelle carte CENOU. Bien avant cette carte, le transport se faisait au moyen d’un ticket modérateur de 50 FCFA par voyage. En aller-retour, l’étudiant payait 100 FCFA. En lieu et place de ces 50 F, nous avons instauré la nouvelle carte de transport. Il s’agit de quoi précisément ? La fréquentation universitaire de l’étudiant en moyenne par semaine est de 6 fois soit du lundi au samedi. Ce qui revenait à 6 fois 100 F par semaine. En faisant la sommation, l’étudiant pouvait se retrouver jusqu’à 25 000 ou 27 000 FCFA par an. Ce coût est très élevé. Outre cela, il y avait beaucoup de tracasseries parce que les étudiants pouvaient amener 1000 FCFA, 2000 FCFA pour faire ensuite le rang afin d’avoir la monnaie devant les bus qu’ils prenaient. Ce qui pouvait être cause de bousculades, voire de retard. C’est dans ce cadre que nous avons pris une moyenne en ramenant la fréquentation universitaire à trois fois par semaine sur toute l’étendue du territoire. Avec la nouvelle carte, l’étudiant ne paie que 300 F par semaine. Ce qui équivaut à 7 200 FCFA par an. En faisant la sommation, c’est comme si l’État malien à travers le CENOU transporte les étudiants à 15 F ou à 20 F par jour.

À quoi servent ces frais de transport payé par les étudiants ?

Le CENOU est un établissement public à caractère administratif, les textes nous exigent en plus de la subvention accordée par l’État, de tarifier ses prestations pour apporter un certain nombre de ressources propres afin d’appuyer les ressources de la subvention de l’État. Cela, en vue d’améliorer encore la qualité des services offerts aux étudiants. Cela ne peut se faire par le CENOU qu’à travers ses prestations en matière de logement, de transport, de restauration. Il convient de comprendre quand même que ces frais de transport à eux seuls ne peuvent même pas assurer l’entretien de quatre bus pendant l’année a fortiori le carburant.

Ces bus se limitent-ils uniquement à rallier les étudiants aux universités ?

C’est une très belle question parce que la plupart du temps, les gens pensent que le transport des étudiants se limite seulement à l’intérieur des villes de Bamako, Koulikoro et Ségou. Loin de là. Nos associations d’étudiants sont membres de la plupart des organisations sous régionales au niveau de l’UEMOA et au-delà. Nos étudiants de l’école de médecine sont membres du REMAO (Réseau des étudiants en Médecine de l’Afrique de l’Ouest) dont les activités scientifiques sont tournantes d’année en année. Nos étudiants prennent part à toutes ses rencontres à Conakry, à Ouagadougou,  à Abidjan, au Bénin, à Cotonou, par les moyens du CENOU en termes de transport. Nos étudiants en pharmacie sont également membres de la Fédération des Étudiants en Sciences pharmaceutiques en Afrique de l’Ouest qu’on appelle  FESPAO. Nos étudiants participent à ces rencontres pharmaceutiques et scientifiques pendant toute l’année académique avec les bus du CENOU. Au-delà de tout cela, la plupart des Facultés comme la FST (Faculté des Sciences et des Techniques) qui font des sorties pédagogiques sur les sites miniers et alimentaires, notamment dans les sucreries de Dougabougou, dans les différents laboratoires à l’intérieur du pays sont constamment transportés.  Ils sont également transportés sur les sites miniers notamment à Morila pour leur recherche pédagogique de terrain. Nos étudiants de l’IUG qui sont dans les filières hôtelleries et tourisme font des déplacements dans des sites touristiques,  notamment à l’île de Gorée au Sénégal, dans les sites touristiques de Djenné, etc. Ils font des visites d’entreprises dans les ports autonomes d’Abidjan, au Bénin, voire jusqu’à Accra. Il faut souligner aussi les sorties de sensibilisation à l’intérieur du pays par les étudiants. Aussi nos universités ne disposent pas  de moyens de transport. Ainsi, toutes leurs rencontres scientifiques : les colloques, les rencontres scientifiques, les sorties des élèves de l’école de médecine dans les différentes associations internationales, des conférences en dehors du Mali se font au moyen des bus du CENOU. C’est le cas des professeurs de chimie qui sont dans une organisation sous régionale qu’on appelle la Société ouest-africaine de Chimie (SOACHIM). Cette rencontre se tient trois fois dans l’année en dehors du Mali. Il faut aussi reconnaitre que l’État,  ne dispensant pas de parc de services publics de transport, les bus du CENOU sont officiellement sollicités lors des grandes rencontres gouvernementales, notamment des vacances citoyennes du ministère de la Jeunesse et de la construction citoyenne, le CNJ à travers ses activités citoyennes à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Toutes les activités de sport qui sont en rapport avec les activités de sport du ministère du Sport notamment  les grands événements de rassemblements sportifs, les bus du CENOU sont sollicités afin d’appuyer le gouvernement et rendre plus visibles les activités. Toutes les activités de transport d’ordre social : les enterrements au niveau des facultés, nos bus sont mis à contribution. Aujourd’hui les bus contribuent non seulement à pallier  toutes les crises, mais aussi ils constituent un levier fondamental à l’apaisement du climat social dans le milieu universitaire. Quand nous prenons le cas de Ségou, c’est plus parlant. Le transport urbain et embryonnaire n’existe même pas dans la ville de Ségou. Sans les bus du CENOU, la mobilité des étudiants à Ségou est très difficile. Le déplacement des étudiants est tributaire à ces bus.

Vu le nombre croissant d’étudiants au niveau de nos universités, êtes-vous sûr de pouvoir continuer dans cette dynamique ?

Quand nous prenons les missions du CENOU d’une façon générale, ce sont des missions d’appui. Nulle part au monde nous ne pouvons ni loger l’ensemble des étudiants ni restaurer l’ensemble des étudiants. Le transport apparait comme un appui pour la plupart des étudiants nécessiteux. À la longue, bien vrai que l’État ne pourra pas se dérober de sa mission de service public, mais à la limite nous sommes en train de réfléchir comment, avec la création des universités sous-régionales à Bandiagara comme à Sikasso mener une étude sur l’implication du secteur privé afin d’appuyer l’État dans le but d’amoindrir les charges afférentes à ce domaine. Toutefois, l’État continuera à jouer son rôle régalien d’appui aux étudiants en matière de transport.

Comment est votre collaboration avec les étudiants notamment l’AEEM ?

Sans démagogie, nous sommes actuellement à un tournant décisif de cette association. Elle a pris un élan de responsabilité depuis un certain temps. Cela s’explique par le fait que toutes les questions qui concernent la communauté estudiantine sont discutées dans un réel consensus autour d’une même table avec les membres de ce comité. Aujourd’hui les associations estudiantines accompagnent beaucoup par rapport à l’effectivité de toutes les missions qui leur sont dévolues au bénéfice des étudiants. Tout se passe bien entre nous. Actuellement avec la nouvelle carte de transport, nous avons organisé des séries de rencontres qui ont été vraiment fructueuses. Les contributions des étudiants ont été vraiment pertinentes et nous sommes vraiment dans un canevas de consensus pour que tout se mène à bon port. L’AEEM nous apporte un accompagnement franc. À ce titre, nous ne pouvons que saluer le coordinateur national et tous les comités AEEM.

Quel est le budget alloué à ce service cette année ?

Les questions de budget sont des questions techniques. La démarcation du budget alloué au transport sur le budget global du CENOU, il me sera difficile de le faire d’autant plus que je ne suis pas du service de la finance ni de la comptabilité. De toute façon, il faudrait comprendre qu’il y a des lignes qui concernent la réparation des véhicules, des lignes concernant l’achat du carburant, des moyens de transport. C’est des questions budgétaires comptables, je ne les maitrise pas beaucoup. Je peux vous assurer quand même qu’au niveau du budget, nous ne manquerons pas de moyens pour bien accomplir nos missions.

Votre dernier mot

En cette année 2019, nous ne pouvons que remercier les plus hautes autorités pour l’attention plus particulière qu’elles ont pour l’université notamment pour le CENOU. Je remercie également le premier administrateur du CENOU pour son management avéré et son attention à l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants à travers toutes les nouvelles politiques notamment l’instauration de la carte de transport et son projet de continuer à renforcer le parc auto du CENOU et d’avoir un œil constant à tous les services offerts aux étudiants notamment la santé, le logement et la restauration. Enfin, j’exhorte les plus hautes autorités à avoir une attention particulière pour le CENOU. Car sans le CENOU, la vie dans le milieu universitaire serait compliquée. Le CENOU vise à mettre les étudiants dans les meilleures conditions d’études et de vie. Pour le bien-être du pays, les autorités doivent veiller à l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants.

Réalisée par 
Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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