Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de l’Enfance, célébrée chaque 20 novembre, l’enfant ambassadeur de la rentrée scolaire, Sitan Diakité et la Représentante de l’Unicef au Mali Sylvie Fouet ont, à travers un regard croisé, répondu aux questions de l’enfant parlementaire Aminata Coulibaly. Les échanges ont porté sur le rôle clé des enfants en tant qu’acteurs de changement et la vision de l’Unicef à la veille des 75 ans de l’Unicef et des 60 ans et plus de coopération Unicef -Mami.
Q : Chère camarade Sitan, vous êtes Enfant Ambassadeur de la rentrée scolaire, vous faites du porte-à-porte pour sensibiliser les parents pour qu’ils envoient leurs enfants à l’école. Depuis combien de temps faites-vous ce travail ?
R : Depuis un an que je joue ce rôle. Nous passons dans les familles pour convaincre les parents afin qu’ils puissent amener à l’école nos frères et sœurs non encore inscrits. L’éducation est très importante. Certains parents acceptent et d’autres n’acceptent pas. Il y en a même qui nous parlent mal. Rien de cela ne nous décourage, nous faisons de notre mieux pour avoir le maximum d’adhésion.
Q : Madame Sylvie Fouet, selon vous, quel est le plus grand défi du Mali pour assurer la protection des enfants ?
R : Bonne question ! Alors ce que j’observe c’est qu’il y a une très jeune population. Le Mali a une grande opportunité avec presque 6 Maliens sur 10 qui ont moins de 18 ans. Il est donc très important de regarder cette portion de la population, parce que c’est plus que la moitié. La protection s’est souvent posée la question « qu’est-ce que l’enfant ou l’adolescent n’a pas au Mali et que tous les enfants ailleurs ont ? » C’est là tout le défi.
Le droit à l’éducation c’est très important, le droit de jouer, le droit de pouvoir se sentir en sécurité dans son village, dans son quartier, dans sa communauté. Ce qu’on observe c’est que dans certains endroits, des jeunes filles sont mariées très jeunes ou ont des bébés très jeunes. Là se pose la question du décrochage scolaire, alors c’est un des défis.
Un autre que je vois, c’est que les enfants ont la possibilité d’étudier, mais dès qu’ils arrivent sur le marché du travail, ils n’ont pas d’emploi, alors ça c’est un autre défi. Cela veut aussi dire que la tentation c’est d’aller vers des revenus autres ou des chemins qui sont un risque pour ces enfants en termes de protection ou de sécurité. Je dirai donc que l’important c’est d’aider ces enfants/adolescents avec une deuxième chance d’avoir des options. Par exemple, la jeune fille qui s’est mariée jeune ou qui a eu un bébé, qu’est- ce qu’on peut faire pour lui donner une deuxième chance ? Pour moi c’est l’autonomie financière. Lui donner les moyens peut-être un rattrapage rapide pour intégrer/réintégrer l’école ou l’appuyer pour démarrer un business. Il faut aussi créer cette boîte à outils où on fait le lien entre l’éducation et le marché du travail pour que les jeunes en sortant de l’école puissent trouver du travail. Je reste quand même très optimiste. Même s’il y a des défis, il y a une grande opportunité.
Q : A Enfant Ambassadeur, principalement, dans quelle zone vous faites cette activité, est-ce à des endroits déjà ciblés genre un quartier par commune ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
R : Nous nous répartissons par quartier. Nous n’avons pas connu une difficulté majeure, seulement quelqu’un nous a fatigués en disant que lui-même ne veut pas que son enfant aille à l’école. Certains de ses enfants font du commerce, parmi eux certains ont quitté en 7eme année. Nous avons fourni beaucoup d’efforts pour échanger les contacts et nous lui avons notifié que notre chef l’appellerait. Sur 100 familles visitées, nous pouvons en convaincre dix. Souvent, nous ne trouvons pas les chefs de famille mais nous expliquons aux femmes et elles nous communiquent les contacts des chefs de ménage. Dans ce cas, nos chefs les appellent.
Q : A Sylvie Fouet, selon vous quelles mesures le gouvernement malien doit prendre pour assurer la sécurité des enfants ?
R : Comme tout Gouvernement, il doit rassurer les parents d’envoyer leurs enfants et adolescents à l’école sans crainte, chose qui n’est pas encore le cas dans certaines zones du Mali. Une autre chose est qu’une partie de cette jeunesse n’a pas suivi le parcours régulier scolaire, de leur trouver des opportunités de seconde chance, comme les cours de rattrapage ou de formations professionnelles. La dernière chose que je dirai c’est d’offrir à la jeunesse du Mali des compétences du 21eme siècle, c’est-à-dire l’accès à l’informatique, l’accès à la science, à la technologie et à la robotique. Ainsi le gouvernement pourra ouvrir aux enfants la voie pour le Mali de demain.
Source : Unicef