Si pour certains cette journée électorale a été bien chargée, elle a aussi été une journée génératrice de revenus pour beaucoup de maliens qui s’en sont bien sortis avec des activités lucratives. Des parkings de motos et d’autos improvisés, des ventes de gadget pour les cartes d’électeurs, des mini restaurants et surtout des moto-tricycles et Sotrama qui transportaient des électeurs au frais des partisans des candidats, cette journée électorale était une véritable aubaine pour certains maliens qui ont su en profiter.
Au portail du centre de vote de l’école Mamadou KOUNTA, un groupe de jeunes est occupé à ranger des dizaines des motos des électeurs. Ainsi, pendant que trois jeunes s’occupent des motos, un donne le ticket et récupère de l’argent. C’est Moussa DOUMBIA et ses jeunes frères. Habituellement, ces jeunes élèves et étudiants passent la journée autour du thé devant leur maison, qui fait face au centre de vote. Selon le jeune DOUMBIA, ses frères et lui ont pris cette initiative de garder les motos pour éviter un désordre et surtout le vol devant le centre de vote. Au-delà de cet objectif, ces jeunes se mettent également quelque chose dans la poche, pendant cette journée électorale. « Nous avons eu cette initiative depuis le premier tour. Nous avons pensé qu’un parking allait soulager les électeurs. Pour cette journée du 12, nous sommes satisfaits du devoir accompli pour la bonne tenue de l’élection. Au-delà du point de vue civisme, nous sommes en train de gagner un peu d’argent. Nous gardons les motos à 100CFA et les voitures à 200 FCFA. De l’ouverture des bureaux à maintenant, nous avons empoché la somme de 13000 CFA. Je suis sûr que nous en aurons plus, d’ici la fin de la journée », exlique-t-il.
A côté du parking, une foule se presse autour de la vendeuse de brochettes de viande, qui a du mal à servir toutes ces personnes apparemment affamées et déjà très fatiguées. La plupart des clients sont des délégués et observateurs ainsi que des électeurs. Mme Oumou KEITA, vendeuse de brochettes pendant l’année scolaire, n’a pas hésité à repositionner son poêle pour la journée électorale du 12 aout. « Je suis en vacances en cette période, puisque les classes sont fermées. Je suis revenue à ma place pour le vote. Vous constatez vous-même que ça marche bien. Habituellement, je vends à peine 5 kilos de viande par jour, pendant l’année scolaire. Mais aujourd’hui j’ai payé dix kilos de viande et c’est presque fini. Il va falloir aller en chercher pour le reste de la journée. La recette de cette journée me permettra de combler certaines contraintes économiques à cette veille de tabaski. », nous assure-t-elle.
Mamadou MAIGA, qui transporte des bassines et des glaceurs remplis d’eau et de nourriture dans une moto-tricycle pour des délégués d’un parti politique, ne cache pas sa satisfaction pour cette journée. « Je suis à la disposition de ces clients pour toute la journée pour la somme 30.000 CFA. Ce qui fait presque le triple de ma recette journalière. Ma tâche consiste à faire la navette entre les bureaux de vote de la commune de Kalaban-Coro pour les ravitailler en eau et en nourriture. Ils assurent aussi mon carburant, en dehors de ma recette. Vraiment cette journée a été bénéfique pour nous les conducteurs de moto-tricycle», s’est-t-il réjoui.
Kalilou TRAORE, un nouveau bachelier a eu son compte dans la vente de plastique pour protéger les cartes d’électeur. « Avec cette pluie, mon père et moi avons eu cette initiative et ça marche un peu. Je suis en train de le vendre 100 FCFA l’unité et j’en ai vendu 40 depuis le matin. Je suis sûr que d’ici la fin de la journée, je vais liquider le reste, car je vais roder devant plusieurs centres de vote, avant leur fermeture», a-t-il dit.
D’une Sotrama, descendent une dizaines de femmes, venues s’acquitter de leur devoir citoyen. Le chauffeur, M. Lamine DIARRA, se précipite pour aller en récupérer d’autres au quartier voisin du centre de vote du lycée Mademba SY de Kalaban-Coro. « Je suis dans la même course depuis 07H30. Je viens déposer des femmes aux centres de votes et je retourne avec elles. Je suis actuellement à ma 7ème course depuis le matin. Ce sont mes mandataires qui assurent le carburant. Ils m’ont fait le plein de carburant. Si cela ne suffit pas, ils vont en rajouter. Ma rémunération journalière est de 40.000 CFA. Je suis content de ce prix et ils seront satisfaits de mon service », a-t-il dit, avant de tourner vers la route, dans un bruit de moteur assourdissant !
Cependant, ce sont ces vendeurs d’eau glacée qui sont restés sur leur faim à cause de la pluie qui a amené la fraicheur durant toute la journée du 12 aout. La petite Mamou, vendeuse ambulante de sachets d’eau, se résigne près d’un arbre avec une bassine pleine d’eau déplore sa journée. « Je n’ai même pas pu vendre 20 sachets d’eau. Cette pluie n’est pas favorable pour nous les vendeurs d’eau glacée», se lamente-t-elle.
PAR CHRISTELLE KONE
Source: info-matin