Abdoul Karim Camara, dit Cabral est mort des suites de tortures lors de sa détention au camp Para de Djicoro, le 17 mars 1980. Après 40 ans jour pour jour, le peuple se souvient du Secrétaire général de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (Uneem) dont le nom, le combat pour une école performante, un Mali équitable, restent intimement associés à la lutte du mouvement démocratique pour l’avènement de la démocratie dans notre pays.
A la suite d’une série de grèves en 1979 pour l’amélioration des conditions de vies des élèves et étudiants du Mali, le régime du général Moussa Traoré, à travers le parti état UDPM, décide de la dissolution de l’Uneem. Une décision politique considérée à l’époque par les leaders estudiantins comme une déclaration de guerre à leur faîtière. L’ensemble des établissements scolaires du supérieur au fondamental sont paralysés sur l’ensemble du territoire national. La solution trouvée par le régime militaro civil était de décapiter l’Uneem en arrêtant ses principaux responsables dont son secrétaire général Cabral. Ce dernier rentré dans la clandestinité a fini par s’exiler vers la Guinée chez un parent. Ses parents, (sa mère et deux de ses frères aînés) ont été arrêtés et enfermés pour qu’ils donnent des informations sur le lieu de cachette de Cabral. Suite à ces incarcérations, le secrétaire général de l’Uneem a été arrêté sur la route de la Guinée, dans un véhicule, et ramené à Bamako par des agents de sécurité en mission.
Conduit au commissariat du 2e arrondissement (ex-Poudrière), Cabral est torturé et forcé à lire une déclaration de reprise des cours dans les écoles avant d’être transféré au Camp Para de Djicoro où il subira d’autres violences corporelles. Abattu physiquement et moralement, Cabral rend l’âme le 17 mars 1980 non sans susciter un nouvel embrasement de l’école malienne. Il a été enterré par ses geôliers en catimini, semble-t-il, au cimetière d’Hamdallaye. Sa tombe n’est à présent pas identifiée, malgré les nombreuses doléances de ses parents et camarades de lutte.
Pour perpétuer sa mémoire, le président de la République, Alpha Oumar Konaré a érigé un Monument en son nom à Hamdallaye en Commune IV. Un lycée de Ségou où sont parties les premières grèves qui ont eu raison de sa vie est aussi baptisé en son nom.
Pour perpétuer sa mémoire, une marche silencieuse suivie de dépôt de gerbe de fleurs est organisée chaque 17 mars en direction du Monument Cabral d’Hamdallaye. A cette occasion, parents, camarades de lutte, membres du mouvement démocratique lui rendent hommage.
A. Dicko
Source: Mali Tribune