Joaquim Barbosa, magistrat qui a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille, président de la Cour suprême du Brésil, était en visite à Paris, où il a notamment rencontré Christiane Taubira. Il plaide pour l’instauration de quotas dans son pays pour en finir avec les discriminations dont sont victimes les Afro-Brésiliens.
Joaquim Barbosa est une star dans son pays, au Brésil. Cet Afro-Brésilien n’est pourtant ni un footballeur, ni un acteur de télénovela. Il est magistrat et préside depuis un an la Cour Suprême. Un beau parcours pour ce fils d’un maçon et d’une femme de ménage qui a fait son doctorat à la Sorbonne et parle couramment cinq langues.
Son engagement pour lutter contre la corruption – c’est lui qui est à l’origine du plus grand procès anticorruption au Brésil, le « mensalao » dont les principaux accusés sont des proches de l’ancien président Lula – lui a valu une énorme popularité. Au point que des masques à son effigie ont fait un carton au dernier carnaval, ce qui, au Brésil, est une consécration au Brésil. Certains lui prêtent même des ambitions présidentielles.
La semaine dernière, Joaquim Barbosa était à Paris. Un déplacement qui lui a valu des critiques dans son pays, une partie de la presse s’offusquant des frais de mission jugés très élevés.
« Racisme latent »
Dans un Brésil où 51% de la population est noire et métisse, mais reste majoritairement reléguée en bas de l’échelle sociale, le parcours de cet Afro-Brésilien est une exception dont il a conscience. « Les choses se sont un peu améliorées, ces vingt dernières années, mais on a encore besoin de pas mal de quotas dans plusieurs domaines », juge-t-il au micro de RFI. « Les noirs représentent 50 – 51 % de la population, pourtant, ils sont toujours dans des situations d’infériorité, de discrimination, de mauvais boulot, insiste Joaquim Barbosa. On ne voit pas au Brésil (…) de noirs dans des positions de direction des entreprises. Notre diplomatie est à 99 % blanche, et très discriminatoire. »
Pour lui, le Brésil « est un pays dont le racisme est latent, il n’est pas explicite. Il se fait en coulisse. Il se fait dans des situations dont les noirs sont exclus. (…) Pour ce qui compte, pour l’économie, pour les positions de commande, là, les noirs sont exclus. »
Les noirs représentent 50 – 51 % de la population, pourtant, ils sont toujours dans des situations d’infériorité, de discrimination, de mauvais boulot.
Source: RFI