Dans quelques heures, les fidèles musulmans commerceront le mois de jeûne sur l’ensemble du territoire national. Cela dans une période un peu difficile sur le plan économique en raison de Covid19. Nous avons fait un petit tour d’horizon de la ville de Bamako afin de nous imprégner de l’esprit dans lequel les fidèles préparent ce mois.
Nous sommes en Commune I du District de Bamako, plus précisément dans le quartier de Banconi. Alors que le marché se remplit petit-à-petit ce 17 avril 2020 vers 9 heures, les usagers, quant à eux, vaguent à leurs occupations. C’est là que nous rencontrons Moussa Boiré, un homme âgé de 44 ans, marié et père de cinq (05) enfants. Interrogé sur les préparatifs du mois de jeûne, le jeune père de famille répond : « J’ai l’impression que je vais passer une sale journée, parce que je n’avais pas du tout la tête à ce mois pour l’instant. C’est vous qui venez juste de me le rappeler. En tant que chef de famille, il est sûr qu’on doit se préparer, mais là où je suis, je n’avais vraiment pas la tête à ça. Parce que vous savez cette année avec cette maladie (COVID 19), tout s’est brusquement arrêté et on ne sait même plus à quoi s’attendre dans deux, trois jours, voire une semaine. Comme on le dit souvent, à l’impossible nul n’est tenu, donc on va quand même faire de notre mieux financièrement parlant et on verra.»
Pour lui, hormis la situation financière, la température ne peut pas être une bonne excuse quand on est un bon musulman pour ne pas observer le mois de jeûne. « Je sais quand même que la situation financière ne laisse personne indifférent, mais par contre, je ne pense pas que la forte chaleur puisse servir d’excuse parce que le jeûne est fait pour que le fidèle se mette dans la situation de ceux-là qui n’ont pas les moyens pour s’offrir à manger et à boire. Donc, quelque soit le temps, ces gens vivent la même situation, donc le bon fidèle doit pouvoir le faire. Car, cela permet de penser à Dieu », ajoute-t-il.
Rien n’est facile dans l’islam !
Dans le même marché de Banconi, Mme Madina Guindo est vendeuse de condiments. Pour sa part, elle craint la flambée du prix des vivres. « A Bamako le mois de carême n’a rien de nouveau, sauf que cette année les choses risquent d’être plus difficiles. Depuis la découverte de la pandémie du Covid19 au Mali, les activités sont devenues très rares et pour qui connaît la situation du Malien qui vit au jour le jour, il est normal de craindre certaines situations », a-t-elle souligné.
A quelques encablures de-là, nous avons rencontré Mamadou Konaté, muezzin dans une mosquée de la place. Pour lui, il n’y a aucune excuse sauf pour les exceptions. « En islam, il ne s’agit pas de faire ce qui est facile et de laisser ce qui est difficile. En réalité, rien n’est facile dans l’islam. Allah a instruit des obligations pour un musulman et cela sauf cas d’exception comme des personnes affaiblies physiquement ou mentalement (malades), ou alors des personnes très âgées. Sinon toutes les autres personnes doivent observer ces obligations. Et le jeûne est l’un des cinq (05) piliers de l’islam et cela ne peut pas être négocié », a-t-il précisé.
A la question de savoir si les conditions sont raisonnables cette année, notre sage muezzin est catégorique : « Il n’y a pas de doute possible. Qu’il fasse chaud ou froid, ça ne change absolument rien. Le temps c’est le temps et ce n’est qu’un mois d’abstinence. Ceux qui parlent des conditions financières n’ont encore rien compris ou alors ils pensent au luxe. Sinon le mois du jeûne est même économique. Le mieux, c’est de le faire avec les moyens qu’on a, en tout cas la période n’a rien d’extraordinaire comme dépense, selon moi. »
De toutes les façons, les conditions climatiques et financières ne sont pas les mêmes que l’année dernière pour la plupart des fidèles musulmans et ils redoutent une dure période à passer.
Amadou Basso
Source : Ziré