Dr Ibrahim Niantao est spécialiste en endocrinologie diabétologie, maladies métabolique et nutrition. Il est praticien au Centre de lutte contre le diabète et chargé de cours à l’Université de Bamako. Dans cet entretien, il évoque l’impact du jeûne sur la santé surtout en cette période de forte chaleur.
Le jeûne du Ramadan selon la religion fait parti des cinq piliers de l’Islam et doit être observé par tous musulmans en bonne santé. Et le mot « bonne santé » est très important.
Selon notre interlocuteur, la bonne santé n’est pas seulement cette sensation de bien-être, puisque la sensation de bien-être peut être obtenue grâce à des médicaments qui sont souvent pris pour stabiliser, mieux contrôler certaines maladies chroniques. Et malheureusement ces médicaments ne peuvent en aucun cas être arrêtés ou leurs prises ne peuvent pas être modifiées. Une modification de la prise de ces médicaments ou un arrêt de ces médicaments peut avoir un impact négatif sur la santé de la personne. D’où une nécessité que tous musulmans souffrant d’une maladie connue chronique contacte d’abord un médecin pour faire un état de lieu et voir si son corps est capable d’observer le jeûne pendant le mois de ramadan.
A en croire Dr Niantao, cela va permettre de diviser les gens en trois catégories :
La première catégorie c’est des gens qui sont en bonne santé, qui n’ont pas besoin de prise de médicaments pour maintenir leurs santé et qui, physiquement, ne sont pas des personnes très âgées et peuvent observer le jeûne du Ramadan sans problème.
La seconde, c’est des personnes qui sont en bonne santé grâce à la prise des médicaments. Ces médicaments là leurs permettent de maintenir leur état de santé. Il s’agit de toutes les personnes souffrantes d’une maladie chronique non transmissible (diabète, d’hypertension artérielle, des maladies cardio-vasculaires, des cancers et plusieurs autres maladies. On a des maladies digestives aussi qui sont souvent contrôlées sous des médicaments qui permettent à la personne de se maintenir en bonne santé. Donc ces personnes de la deuxième catégorie doivent prendre l’avis de leurs médecins avant d’observer le jeûne du Ramadan pour voir si les modifications de posologie des médicaments ou l’adaptation de dose des médicaments peuvent être des contraintes à une bonne observation du jeûne.
Pour la troisième catégorie, il s’agit vraiment de personnes très âgées ou des personnes qui ne sont pas autonomes (qui sont sous plusieurs médicaments). Dans ce cas, le jeûne n’est pas conseillé. Mais quelque soit l’instruction du médecin, certaines personnes n’en feront qu’à leurs têtes et vont continuer à observer le jeûne.
Dr. Niantao précise qu’en dehors de tous ces problèmes de santé, il faut tenir compte aussi de deux facteurs pour un très bon jeûne de ramadan, notamment les facteurs environnementaux, voire climatiques avec cette grosse période de canicule, mais aussi l’alimentation. Qui joue un rôle capital dans le jeûne de ramadan. Il faut juste comprendre que le principe du jeûne de Ramadan consiste à sauter sur le principal repas qui est le repas de midi, bien sûr à s’abstenir de boire de l’eau. Donc il faut se protéger contre la chaleur en sachant que le fait de ne pas boire peut compenser de perte hydrique liée à la transpiration. Il peut également constituer un problème supplémentaire, un risque de déshydratation majeur.
Il est conseillé d’éviter des activités non obligatoires sous le soleil et le maximum possible de rester à l’ombre. Il faut de temps en temps si besoin de passer un peu d’eau sur le corps pour hydrater la peau.
Aussi, pour Dr. Ibrahim Niantao, le moment de la rupture du jeûne doit être assez important pour boire suffisamment d’eau. On peut obtenir déjà cette eau à travers les tisanes qu’il faut boire progressivement sans trop remplir le ventre. On peut avoir un peu d’eau aussi dans les bouillies qu’on prenne. Il note qu’après une journée de jeûne il y a des déficits en sucre, normalement le foie fabrique du sucre et libère dans le sang à partir des sucres qu’on avait mis en réserve.
Après la rupture du jeûne, notre spécialiste rappelle qu’il il faut éviter de manger les aliments très lourds pour ne pas malheureusement créer des troubles digestifs ; Des aliments très riches en gras peuvent être difficiles à digérer et peuvent entraîner un inconfort digestif et même rendre difficile l’accomplissement des prières du soir.
Il nous conseille qu’en prenant les fruits et les légumes, surtout beaucoup de légumes (salades, concombre, tomates haricots verts etc.) apportent beaucoup de vitamines, car pendant le ramadan notre corps a besoin de vitamines, de sels minéraux pour tenir bien. Ces vitamines peuvent aider à lutter contre le stress. Donc ces aliments qui sont des crudités peuvent compenser cette perte en vitamines en sachant que la plupart de nos repas restent très chauffés et perdent une bonne partie de leurs nutritives.
Bintou Diawara
Source : Nordsud Journal