Après son sit-in du 3 août dernier devant l’ambassade de France au Mali pour dénoncer le comportement ambigu de ce pays dans la résolution de la crise de notre pays, le Mouvement ‘’On a tout compris’’ ‘’Waati Sera’’ a animé une conférence de presse pour informer sur ses objectifs et dévoiler ses actions futures.
C’était, hier mercredi 9 août, à la Bourse du travail, en présence de plusieurs jeunes membres dudit mouvement.
Le mouvement a annoncé la tenue d’un grand sit-in devant l’ambassade de France, le vendredi 18 août prochain.
Le mouvement on a tout compris ‘’Waati Sera’’ se veut un mouvement regroupant des jeunes maliens de toutes les régions et ethnies ayant pris conscience de la gravité des événements que connait notre pays. Il se donne comme mission de dénoncer toutes les actions partisanes de la France et de la MINUSMA, tout en soutenant les Forces armées maliennes (FAMA) dans leur combat sur toute l’étendue du territoire national.
Au cours de cette conférence de presse, le Mouvement On a tout compris a lu une déclaration dans laquelle il a brossé ce qu’il reproche à l’ancienne métropole, la France ; ce qu’il attend d’elle et ce qu’il pense du communiqué de la France après leur premier sit-in. Elle a été lue par Moussa COULIBALY.
Ce que le mouvement reproche à la France
Le Mouvement ‘’On a tout compris’ en veut à la France pour avoir empêché aux troupes maliennes d’accompagner la force Serval lors de la libération de Kidal. Depuis ce jeu trouble, se rappellent encore les jeunes du mouvement, Kidal est devenue une zone de non-droit interdite à l’administration malienne et à tous ceux qui ne soufflent pas dans la même trompète que la CMA.
« À Kidal, devant la France et la MINUSMA, un groupe d’indépendantiste fait flotter un drapeau différent de celui du Mali alors qu’il est, depuis 2 ans, signataire de l’accord pour la paix qui reconnait l’intégrité territoriale du Mali. Ce groupe y célèbre des anniversaires d’indépendance, pendant lesquels le drapeau malien est brulé et piétiné au su et au vu des forces internationales supposées aider le Mali à recouvrir son intégrité territoriale », s’insurgent les jeunes du mouvement dans leur déclaration.
Le Mouvement ‘’On a tout compris’’ s’interrogent pourquoi avec tous les moyens logistiques dont disposent l’opération Barkhane et la MINUSMA, les soldats maliens et les populations sont victimes des mines posées par les terroristes tous les jours ? Ce, pendant que la protection des personnes et de leurs biens est clairement définie dans le mandat de la MINUSMA.
Ce que le mouvement attend de la France
Le mouvement ‘’On a tout compris’’ exige à ce que la France reste strictement dans sa mission initiale de soutien à l’État malien et de lutte contre le terrorisme pour le rétablissement de la souveraineté nationale de notre pays menacée par les groupes rebelles en connivence avec des groupes terroristes. Il appelle la France à arrêter de favoriser et de protéger un groupe armé au détriment des autres. De même, d’arrêter de désarmer certains groupes armés en dehors du processus du DDR. Aussi, le mouvement ‘’Waati Sera’’ appelle-t-il la France d’arrêter immédiatement le système de cantonnement de l’armée malienne sur son propre territoire et à faciliter la libération immédiate des prisonniers civils et militaires. Enfin, il demande à la France de clarifier son agenda au Mali et d’arrêter de mettre le gouvernement au même niveau que les groupes armés.
Mise au point après le premier sit-in
À propos du communiqué de l’Ambassade de France après le premier sit-in du mouvement ‘’On a tout compris’’, ses responsables précisent que leur sit-in s’est bien passé en face de l’Ambassade de France et non au Square Patrice Lumumba, comme indiqué dans le communiqué de l’ambassade. Pour eux, le communiqué de l’Ambassade de France ne répond pas aux questions que se posent les Maliens concernant son attitude ambigüe depuis son intervention au Mali. C’est pourquoi le mouvement demande à la France d’être plus clair quant à son agenda, dans notre pays. Aussi, exige-t-il à la France d’expliquer l’expression Nord Mali utilisée dans son communiqué.
Mettre à nu les pratiques douteuses de la France
Pour le conférencier Bakary DOUMBIA, le mouvement ‘’Waati Sera’’ est né au bon moment, s’il n’existait pas, il fallait le créer pour dénoncer les actes dramatiques au nord de notre pays, sous la coupole de la MINUSMA et de l’opération Barkhane. Selon lui, leur mouvement ne se fatiguera jamais de mettre à nu les pratiques douteuses de la France en informant l’opinion nationale et internationale.
Pour sa part, Adama Ben DIARRA a soutenu que notre pays souffre depuis longtemps du jeu trouble de certains de ses partenaires. Il a déclaré que leur mouvement doute particulièrement de la sincérité de la France avant d’ajouter que la mobilisation des citoyens engagés au sein du mouvement ne fera plus défaut.
Mohamed MAIGA, quant à lui, dira que notre pays fait face à un défi obligatoire à relever dont la solution n’appartient qu’au peuple malien. À son avis, le moment est venu pour faire la lumière sur les zones d’ombres qui ont toujours entouré la recherche de solution à la crise que traverse notre pays.
M. Moussa COULIBALY dira que leur mouvement a compris la faiblesse de l’État du Mali face à cette situation, d’où l’appel au peuple à prendre son destin en main. Il a déclaré que l’Etat du Mali a sur son dos trop de pression avant de lancer : « la communauté internationale peut ligoter le président de la République et le gouvernement, mais pas le peuple ».
Pour Sidy Ag ALBACHAR, leur mouvement, dans son combat, soulage l’État du Mali qui n’a jamais empêché les FAMA de rentrer à Kidal, et jamais empêcher la lutte contre les terroristes qui sont au cœur de Kidal et non à Tinzawatin.
Enfin, les conférenciers ont reconnu que la France est venue sauver notre pays à un moment critique de son histoire. Tout en rappelant que cet appui de la France n’était que l’acquittement d’une dette après les efforts de nos ancêtres en France pendant la première et la Deuxième Guerre mondiale. Ils ont appelé le peuple du Mali, de tout bord, à laisser de côté les conflits d’intérêts pour faire face à l’essentiel qui est de sauver la Mère Patrie en exigeant à ce que l’armée malienne relève le défi sans l’interférence de la France.
Après le 18 août, si ses revendications du mouvement ne sont pas prises en compte, il se donne le droit d’organiser « un sit-in illimité » devant la représentation diplomatique française, ont précisé les conférenciers.
PAR MODIBO KONE