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« Je suffoquais à l’intérieur de ma case…» : après le gigantesque incendie à Faladiè, des rescapés témoignent

L’incendie du camp des déplacés du Centre, sis à Faladié dans la capitale malienne, est une grande perte et met a nu notre système de solidarité. Les animaux ont payé le plus lourd tribut. Des rescapés témoignent.

 

Ce mardi 28 avril 2020, le camp des déplacés à Faladié, un quartier de Bamako, contigu au marché de bétail plus connu sous le nom de «Faladié Garbal», a pris feu aux environs de 11h dans la matinée. Selon des témoignages recueillis sur les lieux,  l’origine de l’incendie est inconnue pour le moment. Mais tout porte à croire que les premiers épais de fumée provenaient des tas d’ordures sur lesquels vivent des colonies de familles, déplacées des régions du centre du Mali, au vu et au su de tout le monde depuis plusieurs mois.

Ce gigantesque incendie, propagé à une vitesse stratosphérique et sous l’effet du vent, a tout ravagé : les cases en plastiques ou en paille et les montagnes de haillons entassés sur les tas d’immondices. Et il fallait être sur les lieux de la tragédie pour voir l’ampleur des dégâts considérables causés.

Un feu qui nous interpelle tous

Malado Cissé, mère de  3 enfants, originaire d’Ogossagou (un village du cercle de Bankass tristement célèbre à cause des massacres qui y ont eu lieu en mars 2019 et février 2020) et  vivant sur ces décharges depuis plus de six mois, est abasourdie par ce feu ravageur. «Je faisais une petite sieste pour échapper à la chaleur. Et comme c’est le mois de ramadan, je n’avais pas aussi trop à faire avant l’après-midi. Soudain, j’ai commencé à suffoquer à l’intérieur de ma case en plastique et avec les cris d’alerte de mes voisins du camp, j’ai réussi à me sauver avec mes enfants et le peu d’objets que j’avais sur une vieille brouette abandonnée. Dieu faisant bien les choses, j’avais une longueur d’avance sur la progression exponentielle des flammes. Quant aux animaux domestiques dans le petit enclos de mon mari, ils ont détalé à la sauvette pour se mettre à l’abri aux abords de la route principale et d’autres dans les familles voisines», confie-t-elle.

L’incendie, qui a duré plus de 3 heures d’horloge et sans enregistrer de perte en vies humaines, a malheureusement fait des dégâts matériels considérables en poursuivant sa  course effrénée dans le marché de bétail voisin.

Des parcs d’animaux partis en fumée

Des carcasses d’animaux domestiques calcinés jonchaient le sol et on pouvait lire le désarroi sur le visage de certains commerçants, qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer et d’autres, moins résignés, cherchaient une lueur d’espoir parmi les amas de décombres.

Oumarou Tapily, éleveur au marché de bétail, n’a pas eu la même « baraka » que la dame d’Ogossagou. Il a impuissamment assisté à la décimation de son troupeau de bœufs et de moutons que les  flammes n’ont pas épargné. À ses dires, il craignait bien avant ce jour des risques liés à la proximité du marché avec le dépotoir d’ordures et le camp des déplacés dans les parages. Selon lui, la plupart des déplacés vivent quotidiennement des tas d’ordures déversés par les équipes d’assainissement qui se relayent. Et, d’habitude, les fumées et les odeurs nauséabondes se font voir et sentir de très loin, et les premières flammes étaient donc anodines à ses yeux.

Laissés-pour-compte

«Malgré les dons de certains philanthropes et de certaines ONG, ces déplacés, des laissés-pour-compte pour la plupart, vivent des plastiques, fils de fers et autres détritus qu’ils ramassent dans les décharges. Les autorités compétentes doivent trouver un abri pour ces déplacés sinon je ne pense pas que même avec cette tragédie qu’ils accepteront facilement de quitter les lieux. Ils sont exposés à toutes sortes de dangers et cet incendie en est une preuve palpable», lance M. Tapily.

L’intervention des équipes de la protection civile a été salutaire et a permis de limiter l’avancée fulgurante des flammes violentes pour ceux qui connaissent l’emplacement et la forte affluence des lieux du sinistre en pleine journée. Diakaridja Kassé, pompiste dans une station d’essence à côté des lieux du drame, est de cet avis. Il pense qu’il y a eu plus de peur que de mal et que les dégâts pouvaient être encore plus énormes. «Je salue la prouesse de nos sapeurs-pompiers, car n’eurent été leur courage et leur sens du professionnalisme, tout le quartier et ses alentours allaient s’embraser par cet incendie. Si le feu avait réussi à atteindre les fûts de carburant d’une des nombreuses stations d’essence du coin, le bilan allait forcément s’alourdir», nous confie-t-il avec un ouf de soulagement.

Source : Benbere

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