Lettre de Johannesburg. Jacob Zuma est passé maître dans l’art de prendre son temps. Face aux scandales, chaque mois, chaque année grignotée apparaît comme une victoire pour le président sud-africain, en poste jusqu’en 2019. Il mise sur l’épuisement de ses adversaires, le pourrissement des dossiers, et enfin leur enterrement.
L’affaire de Nkandla est un cas qui mériterait d’être étudié à l’école de l’habileté – ou du cynisme politique, c’est selon. C’est en décembre 2009, quelques mois seulement après l’élection de Jacob Zuma à la tête du pays, que la presse d’investigation locale lève le lièvre.
Sous le couvert de raisons de sécurité, le chef d’Etat ferait luxueusement agrandir, aux frais des contribuables, sa résidence personnelle dans son village natal zoulou de Nkandla. Face aux premiers éléments de preuve de l’hebdomadaire Mail & Guardian, la présidence préfère d’abord nier : « Il n’y a pas de travaux en cours (…). Vous ne cherchez qu’à mettre dans l’embarras le président. »
Il s’ensuit un ping-pong verbal de plus de quatre années entre les accusations nourries de révélations de la presse secondée par l’opposition, et les démentis du camp du chef d’Etat. Les dirigeants du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), ont été mobilisés dans cette campagne. Le chantier, lui, se poursuit. Son coût est presque multiplié par quatre.
Source: lemonde.fr