La commission d’enquête Zondo continue ses auditions, révélant les multiples systèmes de pots-de-vin pratiqués sous l’ère de l’ex-président, poussé à la démission en 2018.
L’ex-président sud-africain Jacob Zuma, qui a été contraint de démissionner de son poste en 2018 emporté par des scandales de corruption, a été accusé, lundi 28 janvier, d’avoir accepté des pots-de-vin de la part d’une entreprise de sécurité, à l’occasion d’un témoignage accablant devant une commission d’enquête.
Devant la commission Zondo qui se penche depuis août sur les scandales de l’ère Zuma (2009-2018), l’ex-numéro 2 de la société de sécurité Bosasa a affirmé que son entreprise avait versé mensuellement 300 000 rands (1 900 euros) à la fondation Jacob Zuma, pour se protéger de poursuites judiciaires.
L’argent, caché dans un sac de grande marque, transitait par l’intermédiaire de Dudu Myeni, présidente de la fondation, a affirmé Angelo Agrizzi, qui témoigne depuis une dizaine de jours devant la commission.
A une occasion, le PDG de Bosasa de l’époque, Gavin Watson, s’est rendu à la résidence privée du président Zuma à Nkandla (nord-est) et lui « a personnellement apporté » l’argent, a-t-il ajouté, précisant : « Il a posé le sac à côté de lui et a demandé : “Est-ce que Dudu vous donne l’argent tous les mois ?” Et la réponse fut “Oui”. »
En échange de ces paiements, la compagnie Bosasa, rebaptisée African Global Operations, cherchait notamment, selon Angelo Agrizzi, à obtenir l’interruption d’une enquête de la police judiciaire visant sa société, soupçonnée de recourir à des méthodes illicites pour décrocher des contrats publics.
Rocambolesque affaire de vente d’armes
La commission Zondo qui entend ministres, députés, fonctionnaires, chefs d’entreprises ou encore banquiers, enregistre un grand déballage qui éclabousse le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), à quatre mois des élections générales.
Depuis le début de son témoignage il y a une dizaine de jours, Angelo Agrizzi raconte par le menu comment Bosasa s’est frauduleusement acheté de juteux contrats publics et la protection du pouvoir.
La semaine dernière, il avait affirmé avoir fait remettre pendant quatorze ans 50 000 rands en liquide à l’actuelle ministre de l’environnement, Nomvula Mokonyane.
Les personnes mises en cause auront l’occasion d’apporter leur version devant la commission.
Le président Zuma a été contraint, sous la pression de son parti, l’ANC, de démissionner en février 2018 en raison des scandales de corruption dans lesquels il est empêtré.
Il est actuellement poursuivi pour corruption dans une rocambolesque affaire de ventes d’armes vieille de vingt ans. Il est accusé d’avoir touché pour 4 millions de rands de pots-de-vin de la part de l’entreprise française Thales lors d’un contrat d’armement de près de 4 milliards d’euros attribué en 1999.
Le successeur de Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa, a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.
Source: lemonde.fr