Le président Bah N’Daw a assisté à la cérémonie en compagnie d’une dizaine de chefs d’état du continent. De nombreuses autres personnalités étaient présentes dans la capitale nigérienne
Le président de la Transition, Bah N’Daw, accompagné du ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyène, a pris part vendredi dernier à Niamey, à la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République du Niger, Mohamed Bazoum. À sa descente d’avion, le président N’Daw a été accueilli à l’Aéroport international Diori Hamani, par le Premier ministre nigérien, Brigi Rafini, en présence de la chargée d’affaires de l’ambassade du Mali au Niger, Mme Cissé Hawa Dicko et d’une forte colonie malienne aux sons de tam-tam et de tambours.
Le chef de l’état, après un bref passage à la Maison des hôtes au quartier administratif, s’est rendu au Centre international de conférences, Mahamat Gandhi où une dizaine de ses homologues du continent étaient présents pour la même circonstance. Dans la grande salle décorée aux couleurs nationales du Niger, aux effigies d’Issoufou Mahamadou et de Mohamed Bazoum, on notait la présence des présidents tchadien, Idriss Déby Itno, sénégalais, Macky Sall, burkinabé, Rock Marc Christian Kaboré, togolais, Faure Gnassingbé Eyadéma et libérien, Georges Weah.
Il y avait également les présidents bissau-guinéen, Umaru Cissoko Emballo, mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani, comorien Azali Assoumani, ghanéen, Nana Akufo Ado. étaient présents aussi le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et plusieurs autres personnalités de marque, venues du monde entier.
Le président élu, Mohamed Bazoum, est arrivé dans les environs de 10 heures 30 dans la grande salle du Centre de conférence, quelques minutes avant son prédécesseur, sous les applaudissements du public et les you-yous des artistes.
La commission d’organisation n’a pas lésiné sur les moyens perceptibles aussi bien sur les boulevards de la ville de Niamey que dans la salle. Des portraits géants du nouveau président et de son prédécesseur, des hôtesses habillées à l’effigie de Mohamed Bazoum, les éléments de la fanfare et des forces de l’ordre tirés à quatre épingles. La ville de Niamey était sous haute surveillance. La présence des militaires lourdement armés était visible aux carrefours. L’investiture s’est déroulée dans un contexte de tension car, la veille de l’événement, le gouvernement a dénoncé une tentative de coup d’état, après une fusillade en plein milieu de la nuit dans le quartier du palais présidentiel.
Premiers actes de l’investiture, conformément aux textes nigériens, le président sortant a décoré son successeur, avant de lui remettre une copie de la Constitution ainsi que la Grand ’Croix.
Ensuite, le grand chancelier des Ordres nationaux du Niger a remis au nom de la nation, un sabre dont la manche est en or, au président Issoufou pour service rendu.
L’audience solennelle de la Cour constitutionnelle ouverte, le président de la haute juridiction, Bouba Mahamane, a donné lecture de l’arrêt de son institution sur les résultats définitifs de l’élection présidentielle, proclamés le 23 mars dernier, donnant Mohamed Bazoum vainqueur avec 55,66%. Son adversaire, Mahamane Ousmane, a recueilli 44,34% des suffrages. Le président de la Cour constitutionnelle a invité ensuite le nouveau président au pupitre pour la prestation de serment.
MULTIPLES DÉFIS- Drapé dans un boubou blanc, bonnet rouge et souliers noirs, le président Mohamed Bazoum a prononcé la formule du serment, la main droite posée sur le Coran déposé sur le pupitre par deux représentants des autorités traditionnelles.
Après ce rituel, le président de la Cour constitutionnelle a renvoyé le nouveau président de la République à l’exercice de ses fonctions, non sans lui rappeler au préalable le respect des principes de l’état de droit et de la démocratie. Il a invité Mohamed Bazoum à être un serviteur loyal de l’État, à avoir constamment à l’esprit la formule du serment. Le président de la Cour constitutionnelle a enfin insisté sur la nécessité de promouvoir la réconciliation, le renforcement de l’unité nationale et de la cohésion sociale.
Dans son discours d’investiture, le président Mohamed Bazoum a tenu à remercier les invités de marque et tous les Nigériens venus assister à cette cérémonie d’investiture. Soulignant la symbolique de la première alternance démocratique dans son pays, le nouveau chef de l’état nigérien a loué les qualités d’homme d’état de son prédécesseur et rappelé leur amitié de trente ans, nouée dans la clandestinité du combat politique.
La cérémonie s’est déroulée au Centre international de Conférences de Niamey
La gestion politique de l’état dans le cadre de la formation politique qu’ils ont créée ensemble n’a pas altéré ce compagnonnage. «Issoufou Mahamadou est un dirigeant exceptionnel, un homme droit, un homme de rigueur et un patriote. Aussi bien à l’opposition et au pouvoir, il est resté le même Issoufou digne de tous les hommages», a dit Mohamed Bazoum à propos de son prédécesseur.
Le nouveau président nigérien a ensuite rappelé les multiples défis qui l’attendent tout en s’engageant à les résoudre pour le bien-être de ses compatriotes. Il s’agit, entre autres, des questions de relèvement du taux de scolarisation surtout des filles, de la construction et de la modernisation des infrastructures sociales de base. S’agissant des infrastructures scolaires, Mohamed Bazoum a promis de construire des internats pour les jeunes filles dans les collèges et les rendre opérationnels dès la rentrée prochaine. L’encadrement des jeunes filles pourrait, de son avis, être une solution au problème démographique et au mariage précoce favorisé par la pauvreté.
Le nouveau président s’est engagé aussi à professionnaliser le corps professoral, promouvoir l’entreprenariat jeunes, stabiliser le cadre macro-économique, améliorer le tissu économique et accélérer l’assainissement des finances, lutter contre la corruption et la délinquance financière.
Le président Mohamed Bazoum a condamné fermement les attaques terroristes qui, pour lui, dépassent toutes les bornes et dont les conséquences en termes de victimes et de biens sont incalculables non seulement au Niger mais aussi dans les autres états du Sahel. Il a promis d’engager des discussions avec les dirigeants du Nigeria pour le retour de ses concitoyens réfugiés tout en assurant leur sécurité dans leurs localités d’origine. Le nouvel homme fort de Niamey a assuré aussi qu’il mettra à la disposition des forces armées et de sécurité tous les moyens pour la lutte contre le terrorisme.
Parlant du Mali, le nouveau président a promis qu’il mettra tout en œuvre pour aider notre pays à faire face à l’insécurité. Il a invité les Maliens à s’unir pour une application effective de l’Accord pour la paix et la réconciliation. La cérémonie d’investiture du nouveau chef d’état nigérien a pris fin par un déjeuner à l’hôtel Radisson où le président Bah N’Daw a eu un entretien avec son homologue des Comores.
Envoyé spécial
Kader MAIGA
Source: L’Essor