Dans l’interview qu’il a accordé à notre confrère d’OM, le très respecté guide disait ceci : « Vu l’évolution de la situation sociopolitique, nous pouvions régler cette crise depuis longtemps sans l’intervention d’autres personnes. Il est temps que le gouvernement change sa façon de gérer les choses, sinon comment est-il possible qu’après la tenue du dialogue national inclusif, on ne soit pas en mesure de sortir le pays du trou. Aujourd’hui le problème du Mali a atteint une certaine proportion qui inquiète. Il faut une feuille de route qui permettra d’évaluer ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Le 19 juin dernier, personnellement, je n’etais pas du même avis que les autres qui estimaient qu’il faut aller remettre la lettre de démission au président, car celui qui veut bâtir un pays ne doit pas le détruire et Dieu merci, j’ai été compris et écouté ».
Concernant les évènements du 10 juillet, il dira que les forces de l’ordre sontallés tirer jusque dans sa mosquée, tuant et blessant des enfants non armés, permettant ainsi la radicalisation des jeunes manifestants.
On peut être d’accord avec la CEDEAO s’agissant de ne pas chasser un président démocratiquement élu, mais un Premier ministre nommé par décret présidentiel ne peut ne pas être renvoyé pour apaiser les coeurs des familles endeuillées. Pour Dicko, si on arrive à écarter ce dernier, les choses pourront rentrer dans l’ordre. S’agissant de la démission du Président de la République, l’imam dira que le président pourra rester à sa place car dit-il : « sincèrement qu’il reste à sa place de président, car sa démission n’est pas la solution à nos problèmes. Si on veut s’en sortir de cette crise, il serait mieux de le laisser à sa place. » Poursuivant, l’imam dira qu’il faut songer à mettre le plus rapidement possible un nouveau gouvernement d’union nationale et envisager des solutions qui pourront mettre fin au mandat des 31 députés sujets de la contestation à l’Assemblée Nationale, soit par dissolution ou par élection partielle dans les zones où il y a eu des contestations. Pour lui, « il est inadmissible que le président fasse seulement qu’à sa tête en écoutant personne. Ce sont les préoccupations du peuple qu’il faut prendre en compte plutôt que ses propres interêts. » A l’en croire le président est tenu de respecter les lois au même titre que le peuple.
« Je n’arrive pas à comprendre que Boubou Cissé, celui qui est à l’origine du massacre des jeunes manifestants aux mains nues, soit encore maintenu pour diriger le futur gouvernement d’union nationale. Dans les démocraties en occident, notamment en France, un ministre démissionne dès qu’il y a un scandale autour d’une gestion sans qu’on ne lui demande. Je n’arrive pas à comprendre, si le chef de l’Etat souhaite l’apaisement avec le maintien de ce dernier, contesté par tout le monde. »
S’agissant de la mission des chefs d’Etats de la CEDEAO, Dicko a laissé entendre que le Mali est loin d’être un peuple soumis. « Dans l’histoire, plusieurs pays se sont résignés de laisser faire les blancs ce qu’ils veulent de leurs terres contrairement au peuple malien. Nous nous sommes battus jusqu’à l’indépendance sans être soumis. Nous sommes un peuple résistant et non soumis ». A rappelé l’imam, le très respecté Mahmoud Dicko.
Avant de concluire, il dira que ce moment de mésentente entre maliens permettra à chacun de mettre le Mali au dessus de tout.
BEN CHERIF
Source : l’enquêteur