« Au lieu de donner un poisson à quelqu’un chaque matin, apprenez lui plutôt à pêcher ». L’Association des coiffeurs de Bamako (ACB) met en pratique ce proverbe chinois en initiant une formation de 6 mois en coiffure homme, soins corporels, hygiène et esthétique à l’intention de 80 jeunes sourds-muets de Bamako. Les bénéficiaires de ce projet sont les élèves de l’Ecole pour déficients auditifs (EDA), les enfants du Centre de rééducation et de réinsertion pour mineurs de Bollé et du Village SOS de Sanankoroba.
C’est dans ce cadre qu’une quarantaine d’apprentis coiffeurs, en session de formation à l’Ecole pour déficients auditif (EDA) de l’Hippodrome, ont reçu vendredi, la visite d’une délégation du ministère de l’Education nationale conduite par Mme Oumou Traoré, le chef de la division éducation intégratrice de la direction nationale de l’éducation préscolaire et spéciale.
Les apprenants sont formés aux subtilités de la coiffure, un métier qui, selon le formateur en chef, le président de l’ACB Abdoulaye Cissé, est très sensible au fait qu’il met en exergue l’image même de la personne humaine. C’est pourquoi, l’apprentissage se fait à 90% sous forme pratique compte tenu aussi du handicap des initiés. « Nous insistons beaucoup sur l’hygiène et les risques de transmission de certaines maladies comme le VHI/Sida », a assuré le formateur.
Pour Abdoulaye Cissé, le projet vise non seulement à valoriser le métier de coiffeur qui est en quête de formalisation et de professionnalisation, mais aussi à donner la possibilité aux handicapés de se prendre en charge en toute dignité après leur séjour dans les centres d’accueil. Il déplore le fait qu’après le DEF, les sourds-muets n’ont aucune possibilité de poursuivre des études.
Le président de l’Association des coiffeurs de Bamako, impressionné par la capacité de compréhension des apprentis, a salué les engagements de partenaires comme le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA), l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ) qui ont promis d’aider à l’équipement et à l’installation des bénéficiaires dans des ateliers de coiffure.
« Ce que je viens de voir est à la fois impressionnant et salutaire », a commenté Mme Oumou Traoré à l’issue de la visite de l’atelier de formation. Cette initiative, estime-t-elle, mérite d’être encouragée car elle aide non seulement les parents des enfants mais aussi l’Etat et la société en général surtout lorsqu’on se rend compte que ces enfants sont généralement des laissés pour compte qui deviennent des charges pour tout le monde. Elle a promis d’en faire rapport à sa hiérarchie afin d’étudier la possibilité de vulgariser cette initiative.
Lougaye ALMOULOUD
source : L Essor