A Bamako, l’insécurité routière est une triste réalité et face à de nombreux cas d’accidents, l’on s’interroge sur les causes. A titre illustratif, pour la seule année 2018, on dénombre 10 406 cas d’accident de la circulation routière dans le district de Bamako. Nous avons tenté d’en savoir plus.
Dans la capitale, les accidents causent beaucoup de morts. Premier constat : le code de la route n’est plus respecté par les usagers, en particulier les jeunes. “Personne ne prend soin d’étudier ou de lire le code de la route. Pourtant, c’est très important parce qu’il nous permet de tout savoir sur la circulation routière”, souligne le sociologue Issa Kéita.
Par exemple, explique notre interlocuteur, “les panneaux qui facilitent une orientation plus aisée sur la circulation routière, le port du casque ce qui n’est pratiquement pas fait par la jeunesse, nous évite des graves accidents et des traumatismes aigus. Les feux de signalisation ne sont pas respectés, etc “.
La part des usagers
Taximan de son état, Baba Camara, un vieillard, tente d’expliquer les causes de ce phénomène : “L’insécurité routière à Bamako, la plupart du temps est due aux jeunes. Aujourd’hui, nombre d’entre eux s’adonnent à la consommation de stupéfiant et de l’alcool qui leur causent des nuisances”.
Notre taximan estime qu’il faut que les jeunes comprennent qu’on peut vivre sa jeunesse sans en abuser. “Si nous constatons le nombre d’accidents à Bamako, les jeunes sont les acteurs principaux. Imaginons un jeune qui se croit fils de riche qui se procure d’une voiture ou d’une moto la conduisant et se permettant de faire n’importe quoi”. Pour lui, c’est aux jeunes de prendre conscience et d’arrêter de se comporter comme s’ils ne franchiront jamais l’étape de la jeunesse.
Un jeune motocycliste, Issiaka Tolo, donne son avis sur le sujet. “Le nombre et les cas d’accidents à Bamako sont tragiques ! Pour moi, les jeunes sont les plus affectés. Les causes des accidents sont nombreuses mais je vais souligner un point qui nous cause plus de tort à nous les jeunes : il s’agit des gros camions autrement dit gros porteurs dans la circulation routière. Ces gros porteurs qui sont conduits à n’importe quelle heure de la journée ne font que provoquer des accidents à longueur de la journée. Cette situation est décevante. Il faut que le gouvernement prenne des dispositions pour ce problème en interdisant la circulation de ces gros porteurs pendant la journée”, plaide-t-il puisqu’estimant qu’ils sont en partie une des causes de l’insécurité routière dans la capitale.
Auto-école et gros porteurs à l’index ?
Les syndicats de transporteurs rejettent certaines accusations. “Nos membres ont toujours respecté les directives de la mairie du district qui consistent à limiter la circulation des gros porteurs. Mais, nous constatons que même durant cette période nous faisions face à des conducteurs qui ne respectent rien ou ne connaissent pas le code de la route”, rétorque Allaye Sidibé, syndicat des transports.
Au regard de la fréquence des accidents, certains reprochent la manière dont le permis de conduire est délivré et accusent les promoteurs d’auto-école. “Nous sommes en phase avec les autorités du ministère en charge des Transports. Et tout au long du processus de passage du permis, des formations et apprentissage sont organisés”, témoigne Idrissa Sangaré, moniteur dans une auto-école de la place.
Les causes selon la Protection civile
Le directeur régional de la protection civile du district de Bamako, le lieutenant-colonel Bakary Dao, explique l’insécurité routière par le comportement des usagers de la route. “Il y a une multitude d’usagers sur la voie publique comme les piétons, les motocyclistes, les véhicules, etc. Cette insécurité se diversifie lorsque chacun veut l’utiliser à sa façon sans tenir compte du commun qui est la règlementation en matière de sécurité routière”, dit-il.
Selon le lieutenant-colonel Dao, il y a un nombre de textes importants qu’on appelle code de la circulation routière qui déterminent certaines règles de la circulation et que chacun de nous doit obéir et respecter. Mais, reconnait-il, cela a fait défaut. “Non seulement, le code n’est pas bien connu mais aussi il n’est pas appliqué sur la route. Le code est essentiel, il guide le pas de tout un chacun”, laisse-t-il entendre.
Et au colonel de poursuivre: “Quand on prend le cas des accidents de la circulation, la majorité des cas c’est la tranche d’âge jeune. Ce sont les jeunes qui sont les plus victimes. Et la plupart de la jeunesse est sujette de non-respect de code de la route. Le port du casque et le respect des feux de signalisation sont absent chez les jeunes. Ils doivent respecter certaines règles fondamentales sur la voie telle que circuler en 60 km/heure et qu’on soit en moto ou en véhicule, avoir un permis de conduire que ça soit la moto ou la voiture”, recommande l’officier supérieur.
“Nous de la protection civile, nous avons divisé les causes des accidents de la route en trois : la cause technique, qui est liée à l’engin, il y a celle d’humaine, c’est l’homme qui est à la base et il y a une dernière comme la panne technique, ça peut ne pas dépendre de l’individu mais de l’engin. Mais dans tous les cas, la cause humaine est primordiale”, précise le DRPC du district de Bamako.
Pour éviter les accidents de la circulation, le lieutenant-colonel prône le respect du code de la route. “Mon conseil c’est que chacun de nous doit faire du code de la route notre coran et notre bible. On doit connaitre le code de la route et demander à l’appliquer. Il faut que la jeunesse sache que le monde est derrière le vieux mais devant les jeunes”, déclare-t-il.
Autre constat : malgré les campagnes de sensibilisation menées par l’Agence nationale de la circulation routière (Anaser), l’insécurité routière reste persistante. Les statistiques de la police en 2018 sont effrayantes : il y a eu 10 406 cas d’accident de la circulation routière dans le district de Bamako.
Ces accidents ont causé 7588 cas de blessures dans le district contre 3186 dans les régions, soit 10 774 blessés. Les dégâts matériels sont estimés à 8873 pour Bamako. Ces accidents de la circulation routière ont provoqué la mort de 322 personnes dans la capitale.
Danioko Fanta Founè Diakhaby, stagiaire
Source: indicateur du renouveau