Conséquence de la levée de boucliers de la part des jeunes des régions de Kayes et Koulikoro, la ministre de l’Equipement et son directeur des routes ont fait faux bond à tout le pays. Pour fuir la colère des jeunes qui exigent la construction de nouvelles routes et l’entretien des anciennes, ils ont trouvé une brèche dans les textes qui réorganisent la gouvernance. Ainsi, la ministre et ses collaborateurs ont annoncé que les routes régionales et communales n’engagent pas le gouvernement.
Ce désengagement du gouvernement trouve son justificatif dans la décentralisation qui transfert certaines compétences aux collectivités territoriales. Mais Seïnabou Diop semble danser plus vite que la musique. Les collectivités territoriales ne bénéficient pas en effet des fonds nécessaires à la réalisation de ces routes qui relèvent maintenant des maires, des conseils de cercles et des assemblées régionales.
La ministre de l’Equipement avait été secouée au cours de l’année 2019 par des manifestations de jeunes à travers tout le pays pour réclamer des routes. Ces manifestations parties des régions de Kayes et Koulikoro se sont répandues au nord du pays avec l’entrée dans la danse des jeunes de Tombouctou. Plus au sud, des jeunes s’étaient également mobilisés dans plusieurs cercles et communes de la région de Sikasso.
Tout ce que la population comprend, c’est qu’il existe un ministère en charge des routes au Mali et il doit s’occuper de cette demande. La sortie des collaborateurs de la ministre qui ont répété plusieurs fois que le gouvernement ne s’occupe pas des routes régionales et communales est considérée comme une fuite en avant par beaucoup de jeunes. Ce qui est sûr, aucune de ces routes ne fait l’objet de travaux sans l’implication du ministère tutelle.
Seïnabou Diop ferait mieux de trouver les moyens d’aider les communes et les régions à mobiliser des fonds pour financer la construction des routes en question. Si les jeunes se sont calmés, c’est certainement pour donner un temps de réflexion et de concentration aux autorités. Pendant cette période, la ministre et ses collaborateurs doivent sortir de leurs bureaux afin d’expliquer le bien fondé du désengagement de l’Etat des routes non nationales.
Apparemment, l’un des défauts de Seïnabou Diop est de ne pas anticiper les évènements qu’elle sait pourtant inévitables. Rien ne lui coute de rencontrer les organisations de jeunes et les autorités communales et régionales pour expliquer la réalité à la population. Au-delà, elle doit suggérer des pistes de solution si elle en a afin d’orienter les autorités locales vers des financements possibles de leurs projets routiers.
Nous y reviendrons !
Dougoufana Kéita
La Sirène