C’est la principale information de l’échange que l’Avocat en charge du dossier de l’affaire des bérets rouges, Me Harouna Toureh, a eu avec la presse dans son bureau à l’ACI 2000. Sans doute, elle va continuer à faire grand bruit dans notre pays.
Elle s’apprête à faire une autre explosion, suite à l’inculpation du Général Sidi Touré, ancien Directeur général de la Sécurité d’Etat (SE), de cet autre Général, Yamoussa Camara, ancien ministre de la Défense pendant la transition et non moins Chef d’Etat-major particulier du Président de la République, de l’ancien N°2 de l’ex-junte militaire, le Capitaine Amadou Konaré et de l’ancien garde du corps du plus haut gradé en activité de l’armée malienne, le Lieutenant Tahirou Mariko.
Ils sont tous inculpés et mis sous mandat de dépôt pour complicité. En effet, l’Avocat en charge de ce dossier, Me Harouna Toureh, a décidé de citer dans cette affaire, comme témoins à décharge, l’ancien Président de la transition, Pr Dioncounda Traoré et son Premier ministre, le navigateur interplanétaire Cheick Modibo Diarra. De quoi s’agit-il ?
Il ressort de l’entretien avec l’Avocat la défense que le Général Sidi Touré est inculpé «pour tentative de suppression d’éléments de preuves de l’action, en faisant initier un projet de loi sur l’amnistie». Pour Me Toureh, les projets sont initiés par le Gouvernement. «Sidi Touré n’était ni ministre, ni Premier ministre, ni Président de l’Assemblée nationale. Comment peut-il être poursuivi pour complicité d’assassinat pour avoir initié un projet de loi?», s’est-il interrogé. Selon l’Avocat, il est reproché à son client le seul fait d’avoir initié un projet de loi pour amnistier des crimes. Ce qui lui vaut une citation pour complicité d’assassinat.
Selon Me Toureh, si tel était le cas, le juge devrait inculper le Gouvernement et ceux qui ont voté ce projet de loi. Ce qui lui fera dire que l’inculpation du magistrat instructeur ne saurait prospérer. C’est pourquoi, dans cette affaire, et durant le procès s’il a lieu, il a décidé de faire entendre comme témoins à décharge l’ancien Président de la transition, Pr Dioncounda Traoré et son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui étaient au pouvoir au moment des faits.
Concernant le Chef d’Etat-major particulier du Président de la République, le Général Yamoussa Camara, Me Toureh a révélé qu’il avait été mis sous mandat de dépôt au motif que le juge estime qu’il aurait reçu un courrier lui demandant des éclaircissements sur des personnes enlevées ou affectées sur le théâtre des opérations ou à des services militaires.
Par rapport à ce courrier, l’Avocat a affirmé que son client avait déclaré n’avoir pas reçu ce document. Et que, s’il l’avait reçu, il aurait répondu. «Il a déclaré qu’il répondait aux organisations des droits de l’homme qui lui demandaient des renseignements, à fortiori aux services judiciaires de son pays», a-t-il indiqué. Avant de s’interroger: «le seul fait d’avoir reçu ou non un courrier peut-il rendre quelqu’un complice d’un assassinat?»
Quant au Capitaine Amadou Konaré et au Lieutenant Tahirou Mariko, ils sont poursuivis «pour avoir nié des faits réels d’enlèvement et de meurtre». Pour Me Toureh, le juge les a inculpés pour n’avoir pas dénoncé des faits, qualifiés de commune rumeur, desquels ils avaient pris connaissance. «S’ils sont inculpés, cela veut dire que tout le monde, vous et moi, peut être poursuivi pour complicité. Car tout le monde était au courant de ces faits au Mali», a déclaré Me Toureh.
Vu toutes les incohérences dans ce tristement célèbre dossier Général Sanogo, selon lui, l’Avocat de la défense a déclaré que cette affaire n’était plus du domaine judiciaire. «Elle n’est plus du domaine politico-judiciaire. Il est du domaine de l’acharnement gratuit et de l’aveuglement, et peut-être même de la vengeance pure, à l’état sauvage. C’est de la barbarie judiciaire. Si l’on n’y prend garde, en partant de l’hypothèse que tous ceux qui ont pris connaissance de ces faits doivent aller en prison, tout le monde risque de se trouver enfermé», a martelé l’Avocat de la défense.
Cette affaire est donc loin de son épilogue. A qui le tour maintenant? Les jours à venir nous édifieront.
Youssouf Diallo