Au Burkina Faso, le président est intervenu en personne en faveur du film d’Abderrahmane Sissako. Michel Kanfando en appelle aux dirigeants du Fespaco, le festival du film africain qui s’ouvre ce samedi à Ouagadougou, pour qu’ils n’hésitent pas à diffuser Timbuktu, une fiction sur l’occupation du nord du Mali par les jihadistes. Le film, qui vient de remporter sept César, devait être en compétition lors de ce festival, mais depuis quelques jours, les rumeurs grandissent et il pourrait être retiré de la sélection.
Rumeurs, silence radio et affaire d’Etat, c’est un peu l’ambiance qui règne autour de ce dossier à Ouagadougou. Rumeurs, car rien n’est confirmé sur un possible retrait du film. Officiellement, Timbuktu est donc toujours en compétition. Du côté de l’organisation du festival et du ministère de la Culture, c’est le silence radio.
L’affaire provoque remous et réactions jusqu’au sommet de l’Etat burkinabè. Le président de la transition du Faso, Michel Kafando, s’est adressé aux responsables du Fespaco ce jeudi : « Si vous me promettez que vous allez diffuser le film Timbuktu, alors, très certainement, je serai avec vous. »
Pour expliquer ce possible retrait, la presse locale évoque des menaces sécuritaires. Le thème du film, l’occupation jihadiste de Tombouctou, et la situation dans la sous-région au Mali et au Nigeria, ont poussé les autorités à accentuer le dispositif sécuritaire du festival. Craintes de débordements lors d’une projection ou menaces sur le réalisateur ? Difficile de savoir ce qui pose vraiment problème.
Signe qu’un débat est toujours en cours, le programme de projection des films n’est toujours pas disponible à 24 heures de l’ouverture du Fespaco. Une nouvelle hypothèse se dessine : le film resterait en compétition, mais ne serait pas diffusé au public. Quand au principal intéressé, le réalisateur mauritanien de Timbuktu Abderrahmane Sissako, il a déclaré sur notre antenne : « Le peuple burkinabè vient de gagner un combat pour la liberté. Priver les Burkinabè de voir Timbuktu serait à mon avis un vrai préjudice. »
Source: RFI