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Incendie du marché à bétail de Faladié : Après le feu, le constat du sinistre

Un incendie d’une rare violence a dévasté, ce 28 avril 2020, le marché à bétail de la zone aéroportuaire de Faladié. Dans cet espace abritant des enclos d’animaux en vente et un important camp de déplacés depuis peu, la situation est à la désolation. Les dégâts sont énormes. Alors que l’insécurité était à leurs trousses, les déplacés du Centre qui ont trouvé refuge dans ce terrain vague situé juste derrière l’un des plus grands marchés de bétail, en zone aéroportuaire. Ils pourraient bien se passer de cet incendie mais le malheur ne vient jamais seul.
Il est très 13 heures. Nous sommes sur les lieux du désastre. Le quartier est encore sous le choc. Toutes les personnes déambulant sur le site ont des mines d’enterrement. Sous un soleil ardent, la vue du marché à bétail dresse un tableau noir, voire apocalyptique. On dirait un quartier abandonné après un bombardement de l’aviation d’une armée. Environ 24 heures après le passage des flammes déchainées qui ont ravagé les lieux, la fumée s’échappent encore des décombres. Plusieurs carcasses d’animaux éventrées et brulées sont encore éparpillées çà et là. L’odeur… Même le plus sanguinaire des carnivores ne s’y plairait pas.
En plus de ce décor macabre, digne d’un film d’horreur, une chaleur suffocante se dégage des détritus pris d’assaut par une armée de mouches. Au milieu des cendres, plusieurs personnes s’affairent à récupérer leurs affaires. Ou ce qui en reste. Des groupes de jeunes s’affairent à récupérer des morceaux de taules qui protégeaient les animaux des rayons solaires. L’étendue des dégâts donne une idée de la violence des flammes qui se sont abattues sur les lieux.
Un groupe d’hommes est installé sous l’un des quelques hangars encore presqu’intacts. Ces installations sommaires doivent leur survie aux barres de fer qui les soutiennent. « Le feu est venu du dépôt d’ordures à proximité du parc d’animaux. C’est vers 11 heures que les flammes ont commencé à se propager au niveau du dépôt. Vers midi, emportées par le vent, elles ont embrasé tout le parc », explique Lamine Diakité, éleveur et vendeur d’animaux au marché à bétail. Il estime qu’à l’arrivée des pompiers vers 13 heures, le feu avait déjà embrasé tout le parc. L’homme transpire à grosses gouttes. Les yeux rouges. L’éleveur vient de subir une énorme perte et son fonds de commerce parti en fumée.
De l’enclos de Lamine Diakité, il ne reste plus qu’un tas de cendres. Certains de ses animaux étaient partis en pâturage au moment de l’incendie, ce qui les a sauvés. Malgré ce coup de chance, il s’en est pas sorti sans pertes. « Je déplore personnellement, une perte d’environ 2 millions de Fcfa. J’ai perdu sept bœufs et j’en ai retrouvé sept autres », confie-t-il, le regard perdu dans le vide que le feu dévastateur a créé après son passage.
Les réfugiés ont tout perdu, une deuxième fois
Les vendeurs de bétail ne sont pas les seules victimes de ce désastre. Un millier de déplacés qui ont fui les violences dans la région de Mopti, avaient installé un camp à quelques encablures du marché à bétail. Leurs cases en paille et en bois ont subi de plein fouet les salves des flammes. Pour une fois encore, ils viennent de tout perdre. Seydou Barry, déplacé de Ouenkoro, dans la région de Mopti, est à deux doigts de penser que le destin s’acharne sur lui. A la recherche d’un havre de paix, quittant son terroir dans les pires conditions, il s’est installé dans ce camp depuis septembre dernier avec dix autres personnes de sa famille. De leurs affaires, il ne reste plus que des décombres.
Les cases complètement brûlées, ils ont dû passer la nuit dernière à la belle étoile. « J’ai perdu deux chèvres et tous mes habits. Il ne me reste plus que le pantalon et le boubou que je porte actuellement», se dit-il, montrant du doigt le tas de grains brûlés. « C’est ce qui reste de mon grenier » ajoute Seydou, résilient.
La même désolation est décrit par Kamso Dembélé. Cette femme a quitté Bamkass, région de Mopti, l’an passé pour venir au camp. « Ma case est complément brulée. J’ai tout perdu : mes habits, mes ustensiles de cuisine, mes économies … », confie d’une voix basse la sexagénaire et mère de quatre enfants. Les déplacés disent avoir perdu quatre des leurs, brûlés vifs. Le deuil leur est imposé.
Les responsables du marché, de leur côté, viennent de terminer une réunion de crise. Ils s’organisent pour une rencontre avec des émissaires du gouvernement. Soundjiba Coumaré est le président du marché à bétail. A ce stade, la réunion n’a pas établi un bilan complet des dégâts de l’incendie. Mais il sait que les pertes sont immenses.
« Pour le moment, nous avons relevé 200 bœufs, 450 moutons et chèvres brulés, 400 bœufs sont égarés. Les pertes ont touché aussi l’aliment bétail avec près de 1800 sacs brûlés », énumère le président du marché. L’air dépité, il rappelle que l’incendie d’hier est celui qui a le plus secoué ». Le dernier incendie du même marché remonte à 2012.
Mohamed TOURÉ
Source : L’ESSOR
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