Inculpé pour faux, corruption, favoritisme, abus de confiance et trafic d’influence, l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a été placé sous mandat de dépôt le 25 août 2021. Son incarcération est intervenue après son passage devant la section judiciaire de la Cour suprême, dans le cadre de deux affaires remontant à 2014 : celle de l’achat de l’avion présidentiel et celle des contrats d’équipements militaires, représentant à eux deux plus de plusieurs dizaines de milliards de Francs CFA, selon les rapports de la Cour des comptes, du vérificateur général et du FMI.
Après un classement sans suite en 2018 et une brève réouverture en 2020, la relance des deux dossiers s’inscrit, dit-on, dans le cadre d’une nouvelle dynamique insufflée à lutte contre la corruption par les nouveaux hommes forts du pays. Saluée par les acteurs de la lutte anti-corruption, l’arrestation de SBM, selon la jeunesse de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP), est un dossier purement politique. A leurs yeux, en effet, les autorités de Transition cherchent à faire taire toutes les personnalités qui les gênent. C’est ce qu’ils ont soutenu à la faveur d’un point de presse tenu au siège du parti à N’Tomikorobougou, le 02 septembre 2021. Selon Abdine Karembé, Soumeylou B Maïga est en prison parce que ceux qui entendent se perpétuer au pouvoir pensent qu’il constitue un prétendant sérieux qu’il faut écarter et anéantir par tous les moyens. C’est par ces affirmations aux allures de dénonciations, entre autres, que Président des jeunes Asma a expliqué l’arrestation de l’ancien Premier ministre. Et de déplorer au passage la politisation du dossier que traduit la sortie médiatique du Procureur Général près la Cour qui, selon ses dires, a foulé aux pieds la séparation des pouvoirs et le principe de la présomption d’innocence. «Le dossier est politique parce que la Cour suprême ne peut pas s’auto-saisir d’un dossier concernant un ministre et le faire juger par une autre juridiction», a expliqué M. Karembé. Poursuivant dans ses explications sur la nature politique du dossier, le Président de la jeunesse Asma a rappelé en outre qu’aux termes de la Constitution de 1992, les ministres sont jugés par la Haute Cour de Justice. Quant à la Cour Suprême, elle n’intervient que pour instruire après sa saisine par l’Assemblée nationale qui vote d’abord la mise en accusation, point de départ des poursuites, a-t-il relevé. Parlant de son arrestation, il dira que celle-ci est injuste et illégale. Car, dit-t-il, Boubeye est en prison pour ses positions, notamment par rapport à la durée de la transition. La jeunesse Asma s’inquiète par conséquent d’une tentative de manipulation et d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques et lance un appel à la mobilisation afin de préserver la démocratie et l’Etat de droit.
Amidou Keita
Source : Le Témoin