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Impacts de la crise du nord sur les relations franco-maliennes : La France se rend à l’évidence et semble revenir à la raison

Face à la crise polico-sécuritaire que connaît le Mali dans sa partie septentrionale, les maliens dans leur écrasante majorité ont, en un moment donné, mis en doute la sincérité de la France à aider le Mali à se sortir de cette situation morbide. Pourtant, en début 2013, les populations maliennes ont vivement applaudi l’armée française lorsque, par le canal de l’opération Serval, elle est parvenue à stopper à Konna, près de Mopti, la progression des troupes djihadistes vers le sud du pays. A cette époque, le peuple malien, dans toutes ses composantes, a rendu un vibrant hommage à la France et à son président, M François Hollande, à travers des marches et autres manifestations organisées çà et là dans tout le pays. Devoir de reconnaissance pour service rendu, oblige.

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L’armée française ne s’est pas limitée seulement à stopper la progression des djihadistes, elle a entrepris aussi de les combattre et de les chasser de toutes les localités qu’ils avaient occupées dans le nord du Mali, Kidal y compris.

Après le départ des envahisseurs, quelle ne fut alors la surprise des maliens de constater le retour à Kidal du groupe séparatiste Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla). Ce groupe-là même qui, aux yeux des maliens, est à l’origine de tous les maux liés à l’occupation des régions du nord. En effet, le 17 janvier 2012, c’est le Mnla qui a attaqué le camp militaire de Aguel’hoc en tuant froidement un nombre important de soldats maliens. C’est ainsi que, profitant de la situation de détresse qui s’est emparée des localités du nord du pays, les djihadistes ont fait leur entrée en masse et ont investi facilement tout le septentrion malien. Puis, ils ont chassé des lieux les combattants du Mnla qui, pourtant étaient leurs alliés, même s’ils ne défendaient pas les mêmes idéaux qu’eux.

Un an plus tard, après l’éviction des djihadistes par l’armée française, les combattants du Mnla ont été acceptés à Kidal sous la protection de l’Opération Serval, au même moment l’armée loyaliste malienne était interdite d’accès dans cette ville.

Au plus fort des opérations de “libération” du nord, l’armée malienne s’est redéployée au fur et à mesure dans les localités qui étaient sous le joug des djihadistes. Il en fut ainsi dans les régions de Gao et Tombouctou. “Mais pourquoi pas dans la région de Kidal ?”, s’interroge le citoyen “lambda”. Les Maliens ne parviennent pas à expliquer objectivement cette politique de “deux poids deux mesures” soutenue par la France dans la gestion de la crise politico-sécuritaire du nord Mali.

De l’avis de nombre d’observateurs avertis, cette complaisance de la France à l’égard du Mnla serait principalement due au fait qu’en son temps, le Mnla avait réussi à persuader la France qu’il serait l’interlocuteur idéal des djihadistes pour obtenir la libération des otages français detenus par Al-Qaïda au Magrheb Islamique (Aqmi) dans le massif des ifoghas. Ce qui s’est avéré un simple canular, car le Mnla ne réussira même pas à négocier avec les preneurs d’otages, à plus forte raison obtenir la libération desdits otages.

D’autres observateurs pensent que le comportement indulgent que la France observe à l’égard du Mnla trouverait son fondement dans le fait que la puissance colonisatrice du Mali nourrit l’espoir d’une mainmise sur les richesses du sous sol de cette partie du territoire, dès que celle-ci “tombera” entre les mains du Mnla. Donc une histoire de géopolitique.

Signalons que tout le combat du Mnla et de ses alliés est axé sur l’indépendance ou l’autonomie de ce que ce mouvement appelle “Azawad”.

Eu égard aux récentes actions de la France en direction du Mali, on peut croire à présent qu’elle revient à la raison. En effet, ces derniers temps, la France a signé avec le Mali quatre (4) conventions de financement par l’entremise de l’Afd (Agence Française de Développement) pour un montant total de 72,3 milliards de francs Cfa dont 26 milliards pour l’aide budgétaire.

Un autre fait marquant qui augure de la dissipation des nuages entre le Mali et la France est la visite d’affaires rendue à Bamako, du 14 au 16 octobre dernier, par les représentants de 22 entreprises françaises regroupées au sein de Ubifrance, une agence française pour le développement international des entreprises.

La leçon qu’il faut retenir de cette visite des représentants d’entreprises au Mali est que l’establishement français semble se rendre à l’évidence qu’il faut absolument une paix viable dans le pays pour que les affaires puissent prospérer et que le meilleur et le seul interlocuteur soit le pouvoir central à Bamako.

Mamadou GABA

SOURCE: Soir de Bamako  du   21 nov 2014.
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