Ce serait un euphémisme de dire que Bamako est en chantier, tant dans la capitale les constructions sortent de terre. « Quand le bâtiment va tout va ! », la célèbre expression ne devrait néanmoins pas faire de l’ombre aux mesures de sécurité réglementaires qui doivent accompagner les différents chantiers. Mais cela ne semble pas être pour aujourd’hui.

Selon Cheick Sadibou Kanté, Président de l’Ordre des architectes du Mali, 70 à 80% des chantiers ne répondent pas aux normes. Constructions empiriques, matériaux non normalisés, non-respect des textes, les carences sont nombreuses et conduisent souvent à des sinistres. En septembre 2019, un bâtiment en construction s’est effondré à Banconi Salembougou, tuant 15 personnes.

Un drame qui a conduit les autorités à s’intéresser de près à la question et à faire une troublante découverte. Devant les tribunaux, aucune suite n’avait été donnée à près d’un millier de procès-verbaux (PV), selon Kanté. Rédigés par des brigades rattachées aux services techniques de l’Habitat, elles sont destinés à la justice, qui seule a le pouvoir de stopper les chantiers non conformes.

Les cas les plus fréquents sont ceux de constructions n’ayant pas fait appel à l’expertise d’un professionnel. « Avant toute délivrance d’un permis de construire, il faut au préalable qu’un architecte agréé réalise un plan de construction qui sera transmis par la suite au maire de la commune concernée par le chantier », explique Cheick Sadibou Kanté.

Un préalable qui n’est pas toujours respecté. Quand il l’est, c’est « simplement pour obtenir le permis de construire », déplore-t-il. Un chantier sans suivi par un professionnel est tout autant dangereux. Notre interlocuteur regrette également que le marché soit inondé de matériaux qui ne sont pas conformes. Pour des raisons de coûts, beaucoup préfèrent se les procurer au détriment de la qualité.

Boubacar Sidiki Haidara