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Imbroglio au sein de la mairie de Tombouctou : Des conseillers accusent, le maire se défend

Les conseillers municipaux de la mairie de la commune urbaine de Tombouctou ont porté plainte auprès du préfet du cercle le 29 mars 2019. Cette  plainte vise le compte administratif du Maire pour l’exercice 2018. Les conseillers disent constater des sommes volatilisées sans que le maire réussisse à donner des justifications.

Déséquilibre dans le budget de la mairie

« […] Le jeudi 28 mars 2019, le conseil communal de Tombouctou a donné quitus au Maire de sa gestion suite à un vote de 17 pour (complices de la violation de la loi), 4 contre, 2 abstentions relatives au compte administratif du Maire, exercice ». C’est en ces termes que les conseillers communaux abordent leur plainte au préfet. Aux dires de ces derniers, le budget de la commune avait été arrêté lors de la délibération n°04/CUT du 29juin 2018 à 1 389 816 535 FCFA. Un budget qui a été approuvé le 12 juillet 2018 suivant la décision n°036/PCT/2018. Ce que déplorent les conseillers Inalbaraka Ag Zeda, Alassane Fatahala et Bocar Mahalmadane , c’est qu’il y a un déséquilibre entre la somme que présente le maire, 1 593 073 765 FCFA, et le budget arrêté. « Le constat qui se dégage est la violation de la loi n°2017-051 du 2 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales en ses articles 214, 228, 230 et 268 », précisent alors les conseillers dans leur plainte avant de faire savoir également qu’il existe un déséquilibre entre les « réalisations du compte administratif 2018 du maire en comparaison avec le compte de gestion 2018 du trésorier payeur dans le volet Recettes d’investissement. »

Aucune trace de l’utilisation des sommes

Saisi par les conseillers, le maire Aboubacrine A. Cissé aurait manqué de cohérence, de sincérité dans ses écritures. Toute chose qui dénote aux yeux des trois conseillers une « dilapidation des deniers publics. »« La mauvaise gestion de la mairie de la commune urbaine de Tombouctou se caractérise par des décisions individualistes, unilatéralistes du maire se faisant dans la plupart des cas sans délibération du conseil communal »,précisent-ils. Comme preuve, ils s’appuient sur la prise en charge d’un chauffeur ainsi que du chargé à la communication du maire. Contacté par téléphone, Alassane Fatahala, nous explique que pour l’utilisation des sommes, le maire n’a aucune justification convaincante ni ne possède de pièce justificative.

La Cour suprême interpelée

Suite à ces « anomalies » constatées, les conseillers demandent qu’une vérification du compte de la mairie soit effectuée par la section des comptes de la Cour suprême. Car, disent-ils, 11 371 025 FCFA se promènent dans la nature puisque n’ayant aucune trace dans les écritures du maire ni du payeur. « Sur des recettes de fonctionnement de plus de 111 millions, nous vous informons que la commune n’a mobilisé que seulement 1 663 510 FCFA, dont 1 311 210 FCFA pour les loyers des magasins de la collectivité (chiffre en dessous de la réalité) », informent-ils le préfet.

Aboubacrine A. Cissé réplique

Cette situation ne peut que soulever des interrogations. Pourquoi ces conseillers ont décidé de sortir de leur silence maintenant pour faire ces révélations ? Serait-il parce que le maire n’a pas voulu les associer à un partage du gâteau ? Y’aurait-il un malentendu entre eux et le maire ? En tout cas, il y aurait anguille sous roche. Pour assouvir notre curiosité, nous sommes rentrés en contact avec le maire qui nous a briffé la situation en sa façon. Celui-ci trouve que ces conseillers seraient de mauvaise foi. À ses dires, ce que ses détracteurs ont dû oublier, c’est l’existence d’un budget additionnel. Ce qu’ils contestent, précise-t-il, c’est les « 1 593 073 765 FCFA qui découlent des recettes d’investissement et de fonctionnement ».

Quant à l’intrançabilité des fonds, le Maire, Aboubacrine A. Cissé, indique que toutes les dépenses sont mentionnées au niveau du trésorier payeur. « Comment se fait-il que nous nous dilapidions des fonds et que le trésorier payeur ne soit pas au courant » ? s’interrogeait-il.

En ce qui concerne l’engagement d’un chauffeur et d’un chargé de communication, le maire ne fait aucun cadeau à ses détracteurs ; il précise que « tous ceux-ci sont faux et archifaux ». « Je n’ai pas engagé de chauffeur. Il y a juste un chauffeur du conseil de cercle de Tombouctou transféré au sein de notre mairie. Celui-ci a émis le vœu d’être transféré au niveau de la commune. »À l’en croire, c’est Alassane Fatahala qui était d’ailleurs le deuxième vice-président du conseil de cercle de Tombouctou au moment des faits. Celui-ci est le signataire de la lettre de mutation de ce chauffeur.

Quant au chargé de la communication, « lors de notre première session, on en a parlé. Je l’ai alors engagé, mais il n’y avait même pas eu de salaire pour lui », se justifie-t-il. À la question de savoir d’où venait le salaire de ce chargé de la communication, le maire nous précise qu’au sein de la mairie de Tombouctou, il y avait deux agents de sécurité qui sont tous partis. Le commissaire a alors décidé de ne plus leur donner qu’un seul agent, a-t-il précisé pour ensuite notifier que c’est le salaire du second agent qui sert à payer le chargé de la communication. Les prochains jours nous en diront plus sur cette affaire.

Fousseni TOGOLA

 

Source: Le Pays

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