Décidément, les militants du PARENA (Parti africain pour la renaissance nationale) semblent être aux aguets pour toute activité gouvernementale qui,  à leur entendement ou à leur odorat ou à leurs yeux, possède un relent de magouille et autres scandales financiers. C’est une très bonne chose, mais attention, il ne faudrait pas que ce parti tombe dans la paranoïa et soit comme cet homme qui, lorsque tout le monde observait la nouvelle lune s’écria à juste raison : « voici la lune ! ». Effectivement, le croissant lunaire était bel et bien là, à l’endroit indiqué par le monsieur. Pendant que tout le monde se congratulait et se  souhaitait mutuellement le ‘’sambe’’, ‘’sambe’’,notre bonhomme cria de nouveau, en pointant à chaque fois son doigt vers différentes directions : « voici une autre lune, en voici une autre… ». On connaît la suite ; l’entourage comprit l’état mental de celui qui venait de leur montrer le croissant lunaire.

Nous n’allons pas épiloguer sur « un nouveau scandale financier portant sur plus de 13 milliards de FCFA » ou  « les 1000 tracteurs : un nouveau scandale de l’ère IBK », qui ont figuré à la une de certains organes de presse, non pas parce que le sujet n’est pas digne d’intérêt, mais parce qu’à l’heure où nous mettons sous presse ce numéro, nous n’avons aucune source d’information sûre confirmant ou infirmant les accusations portées par ce parti mais aussi et surtout que la priorité nationale est en ce moment, ailleurs.

Les déficiences du discours du Docteur Bokary Tréta.

En ce qui concerne la cérémonie de remise des 1000 tracteurs, notre intérêt se porte plutôt, dans le contenu du discours du ministre du Développement rural qui, après lecture nous a amené à relever au moins trois déficiences :

Premièrement, dans un laïus de ce genre, on s’attend à voir figurer dans la partie réservée aux remerciements tous ceux qui ont contribué à la réussite de la cérémonie ; dans le cas espèce,  les deux entreprises partenaires : Mali Tracteurs et Toguna Motors. Il est vrai que le ministre a essayé de se rattraper verbalement ; mais comme on dit : « les paroles s’envolent et les écrits restent ». Nous pensons que ces deux opérateurs méritent bien un remerciement écrit et public du ministre. Ce programme entre à notre avis dans le cadre du PPP (Partenariat public privé) terme bien à la mode aujourd’hui et dont on ne cesse de faire l’apologie;

Deuxièmement, à écouter et à lire le ministre, on dirait que son collègue de l’Economie et des Finances et dans une moindre mesure le PDG de la BMS ont été les initiateurs et porteurs du projet, bien qu’il ait souligné que ce programme des 1000 tracteurs fait partie d’une de ses trois priorités. Puisque c’est déjà la campagne pour le deuxième mandat, le slogan du genre « un village, un tracteur », plagiant ainsi l’autre, ne serait-il pas plus percutant ?

Troisièmement, à lire le discours ou à écouter le ministre, le Docteur Bokary Tréta, on ne voit nulle trace du montage financier ni des caractéristiques des engins exposés. Ne seraient-ils pas aussi ῎frelatés῎ ? Peut-on espérer que dans un proche avenir, Mali-Tracteurs et Toguna Motors ne soient plus que des chaînes de montage ? En d’autres termes peut-on espérer  un transfert de technologies ?

Mourir au pèlerinage ventres pleins, plutôt que de mourir de faim ou de maladie à virus Ebola en Afrique

Nonobstant ces observations, nous pensons pour notre part, que ce programme tracteur devrait être bénéfique pour le Mali surtout que les partenaires des deux entreprises proviennent des deux pays les plus peuplés de la planète et que leurs expériences de lutte contre la faim et l’autosuffisance alimentaire devraient pouvoir nous inspirer. Avec ce programme, on ne devrait plus entendre de la part de certains de nos « amis » et coreligionnaires des réflexions du genre « pour les africains noirs, il est mieux pour eux de mourir au pèlerinage ventres pleins, plutôt que de mourir de faim ou de maladie à virus Ebola dans leur pays! »

…sans rancune

Wamseru A. Asama

Source: Delta News