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IJA: à l’école des aveugles, les difficultés sont reines

Manque de matériel didactique spécialisé, de formation continue pour les enseignants, de moyens financiers pour la prise en charge de l’internat, d’insertion des élèves dans le Supérieur, l’Institut des jeunes aveugles (IJA) souffle cette année une 48ème bougie peu resplendissante.

Soulagement. C’est ce qu’on ressenti les travailleurs de l’Union malienne des aveugles (UMAV) lorsqu’en décembre 2020, leur Président, Hadji Barry, fut nommé membre du Conseil national de transition (CNT). « On pensait que c’était la fin de tous nos problèmes », se rappelle le co Directeur de l’IJA, Chaka Diabaté. Mais depuis rien n’a changé. « Le fait qu’on ait pensé à intégrer les non-voyants au CNT est une bonne chose », reconnaît-il. Mais cela n’a toujours pas eu les résultats escomptés », regrette M. Barry, qui continue de lutter au CNT. Dans cette optique, il y a quelques mois la Commission financière de l’organe législatif de la transition a effectué une visite dans l’établissement scolaire. « On ne les a plus revus et rien de garanti n’est ressorti de la visite », regrette M. Diabaté. L’IJA, affilié à l’UMAV, qui regroupe l’association des aveugles et l’école, a été créé en 1973. Chaque année, l’État malien octroie à l’établissement une subvention de 11 millions de francs CFA : 6 pour l’association et 5 pour l’école. Selon le président, cette somme, épuisée au bout de 4 à 5 mois, est insuffisante « pour les besoins de l’association, pour acheter les matériels adéquats pour l’école, pour gérer l’internat et toutes les autres charges… Rien que ce mois-ci notre facture d’électricité était de 450 000 francs CFA ». Pis, « depuis deux ans, à ce que je sache, la subvention n’arrive pas, bloquée à la banque à cause de problèmes politiques. Notre survie ne dépend que de nos bienfaiteurs », souffle le co Directeur Diabaté.

À l’école, au plan pédagogique, les difficultés sont, entre autres, le manque de matériels didactiques spécialisés (tablettes pour aveugles, poinçons, feuilles en braille, cuba rythme et chiffres, ordinateurs munis de logiciels pour handicapés visuels), les imprimantes braille, importantes pour la reprographie, la formation continue des enseignants, et le manque de livres et de moyens de déplacements pour les élèves. À cela s’ajoutent les problèmes financiers, qui se caractérisent par la difficulté dans la prise en charge des aveugles et du personnel : cuisinières, gardiens et femmes de ménage. Pour y faire face, l’école a adopté depuis près de 20 ans, tant bien que mal, une stratégie conseillée par l’ancien ministre de l’Éducation Mohamed Lamine Traoré; faire venir des enfants voyants à l’école et faire payer des frais de scolarité à ces derniers. C’est ainsi que l’IJA compte dans son effectif des voyants depuis 2003. Les frais de scolarité sont pour eux de 60 000 francs CFA par an, soit le double de ce que payent les non-voyants. « Cet argent n’est pas facile à recouvrer auprès des parents d’élèves. Souvent, on leur suggère de le payer en céréales pour l’obtenir », avance le co Directeur, selon lequel les problèmes de l’IJA se sont intensifiés à partir de 2012, après le départ du Président Amadou Toumani Touré (ATT).« Il s’est intéressé à l’école dès 1991, alors qu’il était le Président de la transition. Quand il est revenu au pouvoir, dès qu’on avait des difficultés, il suffisait d’appeler sa femme, Mme Touré Lobbo Traoré, et cela se réglait. Elle nous envoyait du lait, du riz, du mil et beaucoup d’autres choses », tient à rappeler M. Diabaté. En 2018, les autorités ont toutefois inauguré un Centre d’accès universel aux télécommunications et aux TIC au profit de l’UMAV.

Sur les murs de l’IJA, école où a été formé le célèbre couple de musiciens Amadou et Mariam, il est écrit : « Oui, je ne vois pas. Saches que j’ai les mêmes droits, soumis aux mêmes obligations, que toi, qui me regardes avec méfiance ». Comme pour dire, en croire le co Directeur de l’établissement, que son établissement mérite autant d’attention que n’importe quelle autre école.

Aly Asmane Ascofaré

Source : Journal du Mali

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