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An III du régime IBK : FARE, SADI, CNID et auditeurs se prononcent

Trois ans, c’est long et court à la fois, et il s’y passe beaucoup de choses. En bien ou en mal, c’est selon… Invités sur les antennes de Kledu (Débat politique de Radio Kledu) le 1er septembre dernier, les representants des partis FARE (de l’ex-Premier ministre, Modibo Sidibé), SADI (du Dr. Oumar Mariko) et CNID (de Me Mountaga Tall) ont donné leurs avis sur les trois ans de gouvernance d’IBK. À eux, se sont ajoutés une poignée d’auditeurs.

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Sadi : ‘’un ami’’ très critique
Le parti SADI était représenté au débat par le Dr Allaye Bocoum à la fougue parfois débordante.
Nord : «Si les Maliens nous avaient écoutés, on n’en serait pas là», dixit Allaye Bocoum. Le Dr. Bocoum fait allusion aux concertations nationales que son parti avait appelées de tous ses vœux, et qu’il importait d’organiser, de son point de vue, avant toute chose. Mais, un auditeur lui rétorque que l’objectif visé par SADI dans l’organisation de ces concertations n’était autre chose que le maintien d’Amadou Aya Sanogo au pouvoir. À quoi, il réplique en révélant que son dessein ‘’personnel’’ était de faire ‘’élire’’ le cinéaste et ancien ministre d’ATT, Cheick Oumar Sissoko (du parti SADI) ou feu Dialla Konaté à la tête du pays. Précisément, par rapport au Nord, Dr. Bocoum pense qu’il n’y a pas de problème nord, il y a un problème de la France, avec ses sous-traitants que sont les USA, le Qatar…». Concernant la tension récente entre certaines tribus touarègues, Dr. Bocoum, contrairement à son président, Dr. Mariko, ne prend pas partie, se contentant de rappeler que sa formation politique a déjà effectué plusieurs missions de bons offices dans ce sens. Avant lui, Dr. Oumar Mariko ne s’était pas embarrassé de formalités pour accuser nommément Gatia et Gamou qui sont, de son point de vue, en train d’alimenter un conflit tribal. Curieuse façon pour un patriote de son rang de s’en prendre au seul mouvement touareg qui ne revendique que le Mali.
Economie : Le prix du carburant aurait dû chuter sensiblement
Du point de vue du Dr. Bocoum, la baisse jusque-là observée sur le prix du carburant est insignifiante au regard du tarif mondial du pétrole. Une baisse significative impacterait fondamentalement et positivement l’économie nationale. Malheureusement, regrette-t-il, seuls quelques privilégiés bénéficient de la baisse exceptionnelle et continue des cours de l’or noir. Au même moment ajoute-t-il, le problème d’eau – électricité persiste.
Gouvernement : la pléthore
Un gouvernement de 32 personnes, et avec les mêmes têtes, cela s’appelle ‘’un échec cuisant’’ d’après Allaye Bocoum, nostalgique d’une certaine époque récente où le gouvernement se limitait à 19, 22 voire 16 membres. Il faut partager le gâteau non !
Appartenance à la majorité
Allaye Bocoum précise, SADI n’a jamais signé la CMP, mais reste loyal au chef de l’Etat. Ce a quoi lui répond un auditeur. «On ne doit pas être loyal à un président, mais au peuple». Remarque acceptée par le Dr, qui explique que l’appartenance du parti à la majorité présidentielle a été dictée, non pas par les premiers responsables, mais par la coordination, c’est-à-dire la base. On se souvient cependant des propos du Dr Mariko qui, pour se justifier, s’exprimait en substance en ces termes «Si vous pensez que c’est facile d’être à l’opposition…Vous aussi, allez y goûter…». Une autre explication, si l’on s’en tient à certains passages de l’intervention du Dr. Bocoum, serait liée à l’image ‘’boudeuse’’ du SADI, toujours hostile au pouvoir, et donc à la nécessité de sortir de cette ‘’camisole de force volontaire’’. Mais, cette appartenance à la majorité n’a pas toujours facilité les choses, comme rencontrer le chef de l’Etat qui aura nécessité quelque ‘’18 mois et seulement après avoir rencontré Alpha Oumar Konaré’’, précédemment ennemi juré de l’actuel locataire de Koulouba. Pardon de Sébénincoro !
Opération Ami Kane : ‘’On n’est pas d’accord avec Ami Kane’’, dixit Dr Bocoum.
Qui se demande ce qui se cache derrière cette opération, à partir du moment où, dans certains cas, ‘’on voit de nouvelles installations sur les mêmes sites’’. Pour marquer son désaccord et être plus proche et solidaire des victimes, Dr. Bocoum dit avoir créé spécialement un site internet pour tous les déguerpis.
ADEMA, URD, RPM : tous pareils
C’est le point de vue du responsable SADI pour qui, tous ces ‘’partis vont tantôt à gauche, tantôt à droite. Ils parlent de social-démocrate (Adema, RPM), il n’y a pas eu de socialisme au Mali depuis Modibo Keïta’’.
Crise du Nord : d’accord pour scruter d’autres horizons
Personne ne se satisfait finalement de l’intervention française. Et encore moins SADI qui est convaincu que tous ces chargements acheminés régulièrement au Nord sont loin d’être de l’armement. Aussi, face à la déception, Dr. Bocoum se dit être pour que le gouvernement se donne les moyens (peut-être la volonté ?) de se trouver d’autres partenaires. Comme la Russie peut-être que de nombreux Maliens réclament ardemment et dont l’ambassadeur dans notre pays, selon Kassim Traoré de Kledu, devrait rencontrer des responsables de la pétition en faveur d’une intervention russe.
FARE AN KA WILI : égal à lui-même
Le discours du parti FARE durant ces 3 ans a peu varié. Aussi, son représentant au débat, Me Fousseyni Kanté, ne prend-t-il pas de gants pour fustiger ce parcours à ‘’mi-mandat’’.
‘’Rien n’a marché pour nous’’
La première conférence de presse du président IBK à l’allure d’un plébiscite, le discours d’investiture et les engagements pris par rapports aux inondations (commune I notamment), la corruption (achat de l’avion présidentiel dont personne ne connait à ce jour le prix réel, l’équipement de l’armée, un bilan émaillé de scandales), l’immixtion du politique dans le religieux, l’armée, la chasse aux sorcières au sein de l’administration (le mérite, la compétence n’étant plus de mise), etc. Autant de raisons qui font dire à Me Kanté : «Je ne vois pas de secteur où je peux constater des améliorations». Y compris aux niveaux économique et médiatique. Pour Me Kanté, «ce débat (de Kledu) aurait dû se tenir sur les médias d’Etat». Mais, ce dernier discours va à l’encontre de celui du Dr. Bocoum de SADI, qui loue la liberté d’expression sous IBK, oubliant que cela était déjà un acquis de longue date.
Accord pour la paix et la réconciliation nationale : «Nous ne prenons pas acte, nous rejetons l’accord en bloc», martèle Me Kanté. Comme Dr. Bocoum de SADI, Me Kanté préconise des ‘’concertations nationales’’. «On aurait dû se mettre d’accord entre Maliens d’abord, au lieu d’effectuer des va-et-vient entre Bamako et Alger. Un accord qui viole la Constitution, on est passé à côté. Ceux qui soutiennent que c’est un bon accord, qu’ils nous expliquent pourquoi on n’arrive pas à l’appliquer. Il faut des concertations nationales…», dit-il en substance.
Projet de loi électorale : une loi d’exclusion
Pour le FARE, il est ‘’impensable qu’on puisse adopter une telle loi chez nous’’.
Perspectives : Pas de programme
Faut-il attendre encore quelque chose de ce régime ? Pas évident, analyse Me Kanté, pour qui, «on est élu sur un programme, ce qu’on n’a pas vu à présent ; même de la future présidentielle, on ne sait rien encore…».
CNID : La langue de bois
Le CNID , membre de la majorité présidentielle, était représenté à ce débat de Kledu par le nommé Boula. De son discours sur les différents thèmes abordés, difficile d’en tirer quelque chose de potable. Il évitera dans un premier temps de se lancer dans une quelconque appréciation du bilan d’IBK, préférant laisser les principaux concernés ouvrir les débats, mais il finira par s’y glisser petit à petit en saluant notamment les augmentations de salaires, une meilleure distribution de l’eau potable (contestée par un auditeur qui pense le contraire, eu égard au tarif pratiqué, le double, selon lui). Pour lui, subventionner l’électricité est une forme d’«injustice » sociale dans la mesure où cela ne profite qu’à une minorité (de citadins surtout), alors que l’argent du contribuable villageois, qui n’en profite pas, aurait pu servir à autre chose, explique-t-il grosso modo. C’est là un manque de maîtrise impardonnable du mécanisme de la solidarité nationale venant d’u homme politique. M. Boula s’est-il seulement demandé d’où vient l’argent servant à réaliser des infrastructures (d’eau potable notamment) dans ces villages, dans les zones économiquement non viables ? Heureusement que son discours a été recadré par l’animateur du débat. En somme, Boula aura manqué de pertinence tout au long du débat. À part, peut-être son ralliement aux autres sur la nécessité des ‘’concertations nationales’’.
Que pensent les auditeurs des 3 ans d’IBK ?
«Le bilan est très très catastrophique. On ne s’est pas intéressé aux priorités. La corruption est la plus importante de tous les temps. IBK a déçu les Maliens…». «Les 3 ans du président, c’est la pire déception…». «Si IBK a été élu, c’est en grande à cause de Kidal, la corruption. Il fait de son mieux, mais Kidal est-elle pour les Maliens ou pour la France. Chaque jour, il dit qu’il a été trahi, pourtant il ne va qu’en France, qu’il aille voir ailleurs pour montrer à la France qu’il y a d’autres alternatives ; cela pourrait faire revenir la France à de meilleurs sentiments. Il veut faire le changement avec des gens décriés…». « Le seul problème, c’est le ‘’hakè’’», autrement dit, les conséquences de l’injustice subie par les gens. «J’ai tout compris chez le parti SADI, sauf son ralliement à IBK. Chaque fois la France, les Etats-Unis…ce ne sont pas eux qu’on a élus. Je n’ai jamais vu un président comme IBK dans le monde entier : aucune vision. On ne sait même pas ce qu’on veut, où l’on va. Il n’est pas le seul responsable, il l’est avec tous les partis politiques qui sont avec lui. Quand on n’est pas d’accord avec lui, on doit le quitter. Aujourd’hui, je ne reconnais plu le parti SADI…». «J’ai voté IBK ; on m’appelait et certains m’appellent encore IBK. Mais aujourd’hui, je demande pardon à ces gens. Il m’a déçu. Par rapport au Nord, il n’y a rien, aucun changement. On va dans le trou, on ne sait pas où l’on va. Son bilan est inqualifiable. On ne peut honnêtement défendre le bilan d’IBK…». «Détruire les emplois des pauvres…Dieu ne peut pas avoir pitié d’un tel pays…Voyez les prix du kilogramme de sucre, de riz, de l’oignon, du mouton…On ne peut pas payer…». « Il faut organiser une conférence nationale suivie de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale… ». «Une sorte de ‘’remake ATT’’, sauf que cela n’avait pas porté chance non plus».

Pour conclure, rares sont les Maliens (il ne s’agit pas seulement de ces quelques auditeurs) qui se disent satisfaits un tant soit peu des trois ans d’IBK à la tête du Mali. L’autre constat est que nombreux sont ceux qui en appellent à l’organisation de concertations nationales. D’où question : Si tout le monde les souhaite, qu’est-ce qui bloque donc ?

Sory Haidara

 

Source: Le Point

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