Dans la carrière de tout footballeur il y a un match particulier où le joueur se distingue de façon particulière. De ce match il sort auréolé. Idrissa Touré «Nani» a eu son jour, lors d’un match sous haute tension au Kumassi Stadium contre le Sénégal. La particularité de cette rencontre provenait du fait que l’Equipe nationale (EN) affrontait en cette année 1963 un pays avec lequel le Mali s’était brouillé avec l’éclatement de la Fédération du même nom. L’esprit soudanais a fait dire aux dirigeants de notre football que les joueurs devaient gagner cette rencontre ou mourir. Pour preuve «certains d’entre eux sont restés dans les vestiaires jusqu’à la fin de la rencontre», nous a confié feu Cheick Kouyaté.
Dès l’entame du match, «Nani» de son poste d’ailier droit attaqua, bille en tête le latéral sénégalais, le mis dans le vent et centra. L’occasion déboucha sur un cafouillage d’où l’adversaire se tira in-extrémiste. L’Equipe nationale prit, ainsi, un ascendant psychologique sur les poulains de Raoul N’Diaye, celui là même qui a été l’entraîneur de l’équipe fédérale du Mali. Au quart d’heure de jeu, «Nani» revint et cette fois son centre fut détourné dans le but sénégalais par le même latéral, Mamadou Diop.
Un troisième centre amena le second but malien. Le score sera clôt avec un troisième but après la réduction du score par le Sénégal. Ce succès de 3-1, l’EN le devait à son ailier de poche «Nani» qui réalisa ce jour là le meilleur match de sa carrière en Equipe nationale. Au retour de l’équipe malgré la défaite (0-4) contre le Ghana en finale, le président de la République, en la personne de Modibo Keïta se leva lors d’une rencontre pour applaudir Idrissa Touré lequel a porté pour la première fois le maillot de l’EN le 5 mars 1961, face au Ghana.
Il l’a étrenné à 35 reprises, la dernière contre la Haute Volta (actuel Burkina Faso) le 2 mars 1967. Cela a fait de lui un élément essentiel de la sélection. L’exploit de «Nani» en 1963 lui a permis d’avoir une bourse de formation à Leipzig (ville jumelle de Bamako) pour une formation de jeunes. C’est de là qu’est parti véritablement la seconde vie de «Nani», une carrière d’entraîneur. Celui qui a gagné, en tant que joueur, 6 coupes du Mali, reprit le service auprès de son ami et coéquipier Ousmane Traoré Ousmane Bléni la Direction technique de l’équipe du Réal de Bamako, son club de toujours, avec lequel il gagnera 3 titres de champion et une coupe du Mali (1980). «Nani» a pris du galon en devenant l’entraîneur adjoint de l’Equipe nationale sous la direction de l’Allemand Manfred Steeves. Episode douloureux pendant lequel le duo réussit l’exploit d’aligner contre le Maroc en 1984 une Equipe nationale «sans attaquant».
Idrissa Touré, après cet épisode peu glorieux, héritera de la sélection junior en 1987. Grâce à une vague de talents précoce amené par Amadou Bass l’équipe devint vice-championne d’Afrique contre le Nigeria et obtint son ticket pour le Mondial de la catégorie, en 1989 en Arabie Saoudite. Ce parcours glorieux contribua à atténuer l’image d’homme colérique et surtout accrocheur de Nani. C’est que après avoir eu un enfant (Sory Ibrahim Touré «Binkè») dans EN junior et senior, puis un second, en l’occurrence Bassala Touré, «Nani» a fini par décrocher des activités du football. Le père de famille s’était substitué à l’entraîneur. A 80 ans, il a tiré sa révérence le jeudi 25 octotre. Dors en paix NANI !
M. DIARRA
L’Essor