En dépit des nombreux travaux réalisés ou en cours sur le développement du secteur semencier au Mali, le niveau de performance dudit secteur reste préoccupant. Et pour cause, la qualité des semences utilisées par les producteurs maliens estimée à 30% est peu signifiante pour les objectifs et attentes en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle et de transformation des produits agricoles.
C’est en vue de mieux appréhender les facteurs défavorables à la bonne marche du secteur des semences – et les transformer éventuellement en atouts – qu’un atelier de deux jours a réuni les acteurs du domaine sous l’égide du ministre de l’agriculture Dr Nango Dembélé. C’était le jeudi 31 mai dernier, à la Direction des finances et du matériel de son département. En présence du directeur national de l’agriculture, Oumar Maiga et directeur exécutif d’AfricaSeeds, Dr Kouamé Miezan, l’atelier a été l’occasion d’informer les participants sur la situation actuelle de la problématique des semences au Mali, d’identifier les domaines prioritaires d’intervention et d’élaborer un plan d’action pour accélérer l’accroissement de la production et la distribution de semences et plants de qualité.
La semence de qualité, constitue, selon Maiga, le Directeur national de l’agriculture, le premier élément de la chaine de valeur de toute politique de modernisation et d’intensification agricole, au regard du rôle essentiel qu’elle joue dans l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour rendre opérationnelle ces constats, a-t-il rappelé, le Mali a élaboré et adopté en 2009, une politique semencière nationale dont l’objectif était de mettre au service de l’agriculture malienne une filière semencière forte et durable, capable de satisfaire les ambitions du pays dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Quant au directeur exécutif d’AfricaSeeds, Dr Kouamé Miezan, il a indiqué pour sa part qu’un système semencier performant est une nécessité absolue pour une agriculture performante. Car, en plus de son rôle clé dans le développement d’une agriculture performante, il est un pourvoyeur potentiel important d’emplois et une source fiable et importante de revenus. Et d’ajouter toutefois que la contribution du secteur semencier au développement social et économique d’un pays passe par l’élaboration de programmes semenciers mieux intégrés et coordonnés, cohérents et qui prend en compte les besoins réels à moyen et long terme. Selon lui, la disponibilité de semences et plants et leur accessibilité aux producteurs sont les conditions préalables au développement agricole et à la réalisation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il en a profité pour souligner les caractéristiques du secteur semencier en Afrique notamment les diversités de cultures, de systèmes de productions, de types de productions, d’écologies et la diversité des interventions. Aux yeux de M. Kouamé, le secteur semencier en Afrique nécessite des ressources importantes qu’aucun pays ne peut mobiliser en agissant seul. Fort de ce constat, il est préférable, à ses yeux, de promouvoir le partenariat, la coordination des interventions et la subsidiarité qui permettent de développer des synergies entre les acteurs agissant de concert. A l’attention du ministre de l’Agriculture, il dira que le Mali a réalisé certes des progrès notables dans le développement de son secteur semencier, mais qu’une industrie semencière moderne, dynamique et performante reste encore à atteindre.
Cet atelier, selon le ministre, devrait permettre de mieux appréhender les facteurs qui freinent la bonne marche du secteur des semences et les transformer en atouts. De ce fait, il épouse parfaitement la vision du département ainsi que des autres autorités maliennes résolument engagés dans la sécurisation alimentaire du pays par l’intensification de la production, l’amélioration de la productivité et la transformation agricole. Il en a profité pour expliquer que la politique de développement agricole du Mali repose sur la modernisation de l’agriculture familiale. Le ministre Nango se dit également convaincu que la production et l’utilisation rationnelle des semences certifiées au niveau des exploitations agricoles, constituent des facteurs déterminants dans l’augmentation des rendements avec comme effet, l’émergence d’un secteur agricole, équilibré compétitif et intégré dans l’économie de la sous-région.
En effet, avec des hivernages de plus en plus inachevée, le Mali n’a d’autre option que de renforcer la qualité de ses semences et en l’adaptant aux réalités. On peut en déduire qu’une semence de qualité est condition sine qua non pour atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali
A signaler que le mandat d’AfricaSeeds, est de promouvoir le développement du secteur des semences en Afrique, à travers une approche globale, intégrée et coordonnée afin de permettre au secteur de jouer pleinement rôle de catalyseur dans la réalisation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la croissance et la transformation de l’agriculture.
Amidou Keita
Source: Le Témoin