Ancien président du Parti africain pour la solidarité et la justice et maire du district de Bamako, Ibrahima Ndiaye dit Iba s’est confié à « L’Indicateur du Renouveau » dans une interview où il explique les raisons de sa démission à l’Adéma/PASJ et sa nouvelle vie politique tout en mettant à l’écart la possibilité de créer sa formation politique. Selon M. Ndiaye, sadémission du parti fait suite à une série d’événements malheureux.
Indicateur du Renouveau : En début de semaine votre démission est tombée comme tel un couperet. Quelles en sont les raisons profondes ?
Ibrahima Ndiaye : Ma démission du parti fait suite à une série d’événements malheureux. Depuis de nombreuses années, l’Adéma a souffert de querelles de leadership et de dysfonctionnements multiples. Les épreuves redoutables sont venues affaiblir davantage une organisation déjà fortement ébranlée par les événements du 22 mars 2012, la gestion de la transition, le choix des candidats à la présidentielle et aux législatives. Mon départ de la direction du parti peut être considéré à cet égard comme un des signaux d’une distanciation progressive entre le comité exécutif et ma personne. Le soutien sans faille de l’Adéma à la politique actuelle conduite par IBK est aujourd’hui la principale raison de ma démission.
Indicateur du Renouveau : Quelles pourraient être les conséquences de cette décision ?
Ibrahima Ndiaye : L’Adéma demeure encore parmi les partis majeurs au Mali. Son enracinement social, son bilan font qu’il peut rebondir à tout moment s’il reste cohérent en assumant son bilan et en poursuivant ses options fondamentales. C’est parce que le positionnement actuel sur l’échiquier politique est une rupture avec de telles exigences que nous assistons à une perte d’idéologie et à une dégradation en terme de crédibilité. Il s’en suit un dépérissement physique et idéologique du parti.
Indicateur du Renouveau : Votre décision risque de coûter cher au parti eu égard à vos qualités et parcours…
Ibrahima Ndiaye : Mon option est d’être dans l’opposition par reconnaissance pour le courage et la conviction avec les partis le constituant. Je dois cette même reconnaissance au FDR, à travers ses organisations de la société civile, les partis politiques, à tous les hommes et les femmes qui ont mené un travail héroïque parce que périlleux et désintéressé.
Le combat du FDR est le prolongement de celui des acteurs de mars 1991 par l’affront des jeunes qui n’étaient pas encore nés ou qui étaient encore mineurs. Les nombreux acteurs, de nouvelles organisations de la société civile ont eu également le soin après les événements de 1991. Ils constituent le socle du FDR qui demeurera fidèle à l’idéal démocratique, à la grandeur du Mali et au bonheur des Maliens. Sans créer un énième parti, je serais au sein d’un parti de cette option pour mieux servir le pays.
Indicateur du Renouveau : Certains pensent qu’Iba Ndiaye serait en route pour l’URD…
Ibrahima Ndiaye : L’URD est aujourd’hui la deuxième force politique malienne qui a beaucoup donné ces dernières années au pays. Il participe au combat de l’opposition avec le Parena, les Fare, le PS Yélen Kura… pour ne citer que ceux qui siègent à l’Assemblée nationale. Si ce parti devait être ma destination, je m’en réjouirai, car son leader a été notre candidat du 2e tour de la présidentielle de 2013.
Indicateur du Renouveau : A vous entendre, on a l’impression que le comité exécutif a failli à sa mission ?
Ibrahima Ndiaye : L’Adéma persiste dans son allégeance inconditionnelle à la politique actuelle et si cette politique doit rester la même, alors je ne le vois pas prospérer parmi les partis de peloton de tête. C’est dû moins ma démission qui va être déterminante que le choix actuel de la direction du parti qui risque à terme d’être suicidaire. Le comité directeur a sans doute failli. Il peut écouter et rectifier les choses.
Indicateur du Renouveau : Quel message lancez-vous à la population ?
Ibrahima Ndiaye : Mon message est simple : si chaque Malien jouait son rôle de citoyen, de militant de manière sincère, déterminée au sein de la société civile, les partis politiques, le Mali serait sauvé.
Propos recueillis par Bréhima Sogoba