Au lieu d’une présence internationale coûteuse et inefficace, les présidents du Faso et du Mali ont plutôt besoin de courage politique pour éteindre les foyers allumés ça et là sur leurs territoires.
Les Etats Unis d’Amérique (USA) ont ré-entamé des négociations avec les insurgés afghans Talibans. Selon Courrier International, « après une brève parenthèse due à des ‘’des divergences de vues’’ dénoncées par la talibans, les pourparlers de paix ont bel bien et bien repris avec le représentant des Etats-Unis dans la région, l’ancien ambassadeur Zalmay Khalilzad, en présence de représentants du Pakistan de l’Arabie Saoudite ». Pour le moment, ces négociations de paix se tiennent à Doha au Qatar sans la présence du gouvernement de Kaboul. Après plusieurs années de guerre menée par une coalition d’armées internationales sous l’égide des USA au nom de la lutte contre le terrorisme déclenchée au lendemain des événements du 11 septembre 2001, l’administration américaine ne fait plus la différence entre talibans modérés et ceux affilés à Al-Qaïda.
En proie à des attaques menées par des groupes extrémistes, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso peuvent-ils tirer une ou des leçon (s) de cette attitude américaine ? L’option militaire privilégiée par les Etats du Sahel est-elle la meilleure voie pour gagner une guerre asymétrique ? Les Présidents Ibrahim Boubacar Kéïta et Marc Rock Christian Kaboré doivent-ils continuer à épouser la doctrine occidentale de lutte contre le terrorisme ?
La gravité de la situation au Mali et au Burkina Faso, accentuée ces temps-ci par des affrontements intercommunautaires, devrait pousser les chefs d’Etat malien et burkinabé à faire preuve de courage politique. Il faut que les gouvernements du Mali et du Burkina Faso arrivent à s’affranchir des influences intérieures pour admettre l’évidence qu’une victoire militaire contre le terrorisme parait difficile dans le contexte actuel. Et qu’il revient aux pays d’étudier, chacun à son niveau, les possibilités d’instaurer les bases de la stabilité et de la paix durable !
C’est là où il faut saluer le réalisme de l’ancien Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, qui avait commis un groupe de personnalités dont l’une des missions était d’établir une passerelle de dialogue avec tous ceux qui combattent la République, y compris les djahadistes. Récemment, le Président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmound Dicko, a déclaré que Cheick Ag Haoussa, le chef militaire du Haut conseil pour l’unité de l’azawad (Hcua), une composante essentielle de la Coordination des mouvements de l’azawad (Cma), a été tué le jour où il a affirmé qu’Iyad Ag Ghaly était prêt pour le dialogue. Jusque-là, aucune enquête sérieuse n’a pu élucider les circonstances de cette mort tragique.
A Bamako et à Ouagadougou, les officiels devraient se rendre à l’évidence que les solutions de Barkhane et sa force supplétive en constitution, à savoir la Force conjointe du G5 Sahel, ne peuvent pas apporter une stabilité et une paix durable. Et que, derrière l’engagement militaire international au Mali et au Faso, se cachent d’autres agendas. Si la présence des forces internationales était synonyme de stabilité et de paix, le centre du Mali ne serait pas à feu et à sang malgré la présence des soldats de la paix de l’Onu et des militaires français de l’opération Barkhane.
Le Burkina Faso et le Mali ont aujourd’hui plus besoin de courage politique de leurs présidents respectifs pour commencer à éteindre les foyers allumés ça et là que d’une présence internationale coûteuse et inefficace.
Chiaka Doumbia
Le challenger