Il y a cinq ans alors que notre Nation traversait la période la plus difficile de son histoire moderne, vous m’avez mis en mission. J’avais l’obligation de donner à notre pays la force de se bâtir un nouveau destin. J’avais le devoir de rendre à tous mes concitoyens des raisons d’espérance et des motifs de fierté. J’avais le mandat de restaurer la considération et le respect qui entouraient le Mali dans le concert des nations.
La tâche était considérable, le challenge complexe et le contexte difficile. Mais je me suis mis à la tâche avec la confiance absolue de celui qui sait qu’il n’œuvre pas dans la solitude. Car fils du Mali, je connais notre pays. Je ressens au plus profond de moi ce qui fait sa force et sa singularité. Nous Maliens, nous ne doutons jamais de notre capacité à nous concerter et à nous accorder pour nous préserver. Nous n’abdiquons jamais dans l’épreuve. Nous ne renonçons jamais à nos traditions de solidarité. Telles sont les vertus de notre peuple sur lesquelles je me suis appuyé pour redresser notre Maliba.
Mes chers compatriotes,
En 2013, le chantier qui m’attendait exigeait que je l’aborde avec vision, abnégation et constance. Avec vision, parce que les immenses difficultés qui étaient là se seraient transformées en catastrophes si je les avais traitées au jour le jour. Avec abnégation, car les obstacles inattendus et les remises en cause parfois brutales ont jalonné mon chemin et m’ont fait remettre à plusieurs reprises l’ouvrage sur le métier. Avec constance, car je m’étais imposé de ne jamais m’écarter des engagements pris envers le peuple malien.
Mes chers compatriotes,
Tout au long de ma mission je n’ai pris en compte que l’intérêt supérieur de notre pays. Je puis aujourd’hui, sans forfanterie aucune, me réjouir des acquis de ces cinq dernières années. Investi de votre confiance, j’ai mené sans relâche le combat contre le péril terroriste. J’ai doté nos vaillantes forces armées des moyens nécessaires à la protection de nos populations et à la sécurisation de notre territoire et j’ai contribué à la mise en place d’une réponse concertée de la région sahélienne à la menace extrémiste.
Investi de votre confiance, j’ai déployé le meilleur de mon énergie pour que soit mis en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, Accord qui préserve notre intégrité territoriale, balise la restauration de la cohésion nationale et nous garantit l’accompagnement de tous nos amis et partenaires dans l’œuvre de reconstruction que nous avons entreprise. Aujourd’hui, l’Etat a entamé de manière significative son retour dans les zones où les populations du Nord et du Centre réclament sa présence. L’Administration se réinstalle et les services sociaux de base sont progressivement rétablis.
Mes chers compatriotes,
Investi de votre confiance, j’ai prêté une constante attention aux voix venues du pays réel, surtout à celles des plus fragiles, des moins favorisés, de notre jeunesse et des femmes. Dans le cadre du Programme Présidentiel d’Urgences Sociales, j’ai fait prendre en charge par le Gouvernement des mesures fortes afin que s’améliore le quotidien des Maliens dans les domaines de la santé, du désenclavement, de l’éducation, de la fourniture d’eau et d’électricité.
J’ai aussi fait initier pour les jeunes et les femmes des projets novateurs qui leur offrent de réelles opportunités d’intégrer le monde des actifs et qui ouvrent à des milliers d’entre eux les portes des secteurs modernes et non structurés. Investi de votre confiance, j’ai déployé un ardent plaidoyer pour que soit accompagné et soutenu le Mali que nous sommes en train de reconstruire. Mon appel a été entendu. Notre pays se fait à nouveau écouter dans le concert des nations et les marques de confiance à l’égard de la destination Mali se multiplient.
Mes chers compatriotes,
Votre jugement sur mon bilan est le seul qui importe. Pour ma part, j’ai l’intime conviction que nos efforts combinés- les miens et les vôtres -nous ont permis non seulement d’enregistrer des acquis remarquables, mais aussi et surtout de progresser dans la bonne direction et de trouver la juste cadence. Mais ce qui est à retenir, c’est que nous avons réussi à avancer.
A présent, le plus important est de capitaliser les résultats obtenus dans le travail et dans l’engagement, de hausser le niveau de nos ambitions, d’accentuer notre effort en faveur des couches les plus défavorisées et de dégager des perspectives nouvelles.
Mes chers compatriotes,
Le Mali m’a tout donné. Il m’a comblé en me permettant de remplir depuis près de vingt-cinq ans les charges les plus exaltantes qu’un fils de ce pays peut penser exercer. Il m’a accordé le privilège de me dévouer aux commandes de la Nation alors que celle-ci traversait la phase certainement la plus complexe de son histoire moderne. Aujourd’hui, aucune ambition personnelle ne m’habite, aucune volonté de durer ne m’anime. Je ressens seulement le profond désir de poursuivre mon devoir qui est de servir au mieux le Mali en ces heures où les incertitudes ne sont pas encore totalement levées.
Mes chers compatriotes,
Voilà la raison pour laquelle je me porte candidat à la présidentielle du 29 juillet 2018. Voilà pourquoi je vous demande de me renouveler votre confiance. Lorsque je serais élu, je me donnerai comme priorités de consolider les acquis, d’améliorer la prise en charge des urgences et de restituer entièrement à notre pays sa grandeur de nation debout. En tête des priorités, je placerai la sécurisation de notre territoire national. Les conséquences de la crise de 2012 ont été certainement plus profondes et la lutte contre le terrorisme beaucoup plus complexe que nous l’avions estimé.
Mais les différents extrémismes doivent impérativement être défaits, car il en va du destin même de notre pays. Les résultats obtenus grâce notamment à l’opérationnalisation du G5 Sahel créent une dynamique positive qui sera renforcée avec l’aide de nos partenaires.
Je m’attacherai aussi à relever entièrement et définitivement le triple challenge de la restauration de la paix, de la reconquête de l’unité et de la réussite de la réconciliation nationale. La Charte issue des travaux de la Conférence d’entente nationale balise le chemin à suivre. Elle préconise des actions vigoureuses et précises que j’initierai dans les plus brefs délais. Je suis en effet convaincu que notre vivre ensemble restauré constitue notre plus grande assurance de poursuivre de l’avant. Nous sommes arrivés à un point où seules des décisions courageuses et novatrices nous aideront à nous retrouver et à nous rassembler.
Mes chers compatriotes,
Je me pencherai tout particulièrement sur vos grandes préoccupations que constituent le social et la gouvernance. L’un et l’autre font déjà l’objet d’une prise en charge privilégiée, mais que j’estime encore insatisfaisante.
Dans le domaine du social, il faut installer chez les Maliens la certitude que veille sur eux un Etat secourable, dédié à l’amélioration de leurs conditions de vie et capable de leur ouvrir de véritables perspectives d’avenir.
Je ferai donc amplifier les actions du Programme Présidentiel d’Urgences Sociales, car grâce à elles les besoins fondamentaux et pressants de nombreuses collectivités peuvent être satisfaits de manière rapide et efficace. En ce qui concerne l’emploi des jeunes, une démarche plus pragmatique va être adoptée. Elle visera à réduire les offres précaires, à multiplier les opportunités dans les secteurs réellement émergents et à soutenir les initiatives d’auto emploi.
Mes chers compatriotes,
Lors de mes tournées à l’intérieur de notre pays tout comme lors de mes contacts avec notre diaspora, je me suis entendu demander avec insistance l’amélioration de notre gouvernance. Des efforts ont été pourtant déployés pour mettre fin aux dérives nées de la corruption, de l’arbitraire et de l’impunité. Mais ils n’ont pas produit tous les effets attendus de nos populations.
Je prends donc l’engagement d’intensifier mon combat pour la moralisation de la gouvernance malienne. Car cette moralisation est indispensable autant pour obtenir l’adhésion des populations à l’action des pouvoirs publics que pour restaurer une relation de confiance entre décideurs et citoyens.
Mes chers compatriotes,
Tout au long de mon parcours politique, je n’ai jamais dérogé à ma ligne de conduite qui m’interdit l’animosité et l’intolérance vis-à-vis de mes adversaires. J’observerai ce principe dans ma campagne. Avant que ne s’ouvre une séquence déterminante dans la maturation de la démocratie malienne, je voudrai partager avec tous les acteurs du processus électoral trois convictions essentielles. Je considère d’abord que filles et fils de ce pays, nous pouvons avoir des cheminements différents, mais que nous nous fixons les mêmes objectifs : l’intérêt supérieur et la grandeur du Mali.
Je considère aussi que favoriser l’inclusivité relève de la lucidité et de la sagesse politiques. Il faut en effet avoir l’intelligence de savoir fédérer les positions autres, pourvu que celles-ci ne soient pas divergentes des siennes propres.
Je considère enfin que dans un contexte où tout ce que nous avons acquis dans la reconstruction de notre pays demeure encore fragile, nul ne devrait céder à la tentation de la surenchère et de l’ultimatum. Pour ma part, je fais confiance au peuple malien pour trancher sur la pertinence de ce qui lui sera proposé lors de la future campagne électorale. Je sais que nos compatriotes sont revenus des promesses mirobolantes et qu’ils ont la conviction que tout ce que nous obtiendrons le sera dans l’effort et l’abnégation.
Le Reporter