Malgré un bilan mitigé et, plus que jamais sous les tirs croisés de ses adversaires politiques, Ibrahim Boubacar Keita reste le président de la République du Mali pour les cinq ans à venir. Plus que jamais dans l’œil du cyclone, IBK devra, pour l’intérêt du pays, et du sien politique, faire amende honorable. Les démons de 2012 ne sont pas loin.
Peu importe les débats qui portent sur le comment de sa victoire ou de sa légitimité à exercer le pouvoir, IBK est le président de la République. C’est un fait. Les contestations du camp de son challenger Soumaila Cissé n’y peuvent rien. Maintenant, place à l’essentiel. Et dans un pays où même l’autorité politique fait défaut, tout semble essentiel. Le président réélu devra sortir de sa bulle de luxe et se mettre à la mesure du peuple malien en réduisant le train de vie dispendieux lié à sa personnalité mais aussi aux institutions. Il devra descendre dans l’arène de la réalité du Mali, et non attendre que des intermédiaires lui fassent des comptes rendus. Il devra proposer, suivre, poursuivre et surtout achever, sans oublier d’anticiper. Bref, il devra gouverner.
Car durant son premier mandat, IBK a donné l’impression de ne pas vraiment gouverner le pays. Il n’était pas au courant des affaires sulfureuses qui ont défrayé la chronique, aux antipodes de l’orthodoxie financière (achat de l’avion présidentiel, engrais frelatés, équipements militaires). Aujourd’hui encore, on ne sait pas qui a donné l’ordre aux FAMa de progresser vers Kidal après la controversée visite du PM Mara dans cette ville. Et les discussions qui ont abouti au texte de l’Accord pour la paix et la réconciliation, y-a-t-il vraiment participé ?
Son charisme aura été nul d’effet à l’épreuve des défis de la gouvernance. Toutefois, une nouvelle chance lui est donnée. Celui de redorer son blason, et par la même occasion, donner un second souffle au Mali. D’ores et déjà, il doit s’atteler au travail, sans relâche. Les travaux de la révision constitutionnelle devront commencer, et non attendre encore une fois, la fin d’un mandat qui sera tout, sauf un long fleuve tranquille. Sur le terrain de la lutte contre la corruption où il est fortement attendu, il devra être sans pitié et mener le combat aussi loin que possible. Et pourtant, des idées toutes simples peuvent être un bon début pour une gouvernance vertueuse et peu couteuse pour les caisses de l’Etat. IBK pourrait par exemple réduire le nombre des ministères de moitié, diminuer le salaire des ministres et des hauts cadres de ce pays.
Alors que tout le monde s’accordent à dire que le Mali en l’état, à défaut d’un pouvoir autoritaire, a besoin d’une bonne dose d’autorité, celui que l’on pensait être l’homme politique de poigne par excellence ne put poser, tout un mandat durant, le moindre acte significatif pour un Etat fort. IBK réélu, aura-t-il ou saura-t-il rendre le pays meilleur ? Il le faudra, car le Mali ne peut plus se permettre de tomber dans ses travers de mauvaise gouvernance alors que le péril terroriste lui hante toujours.
Ahmed M. Thiam
Source: Infosepte