« Il ne faut jamais gâcher les opportunités d’une bonne crise. Elle doit permettre de faire les choses jugées impossible auparavant. » disait Emmanuel Rahm, ancien Secrétaire Général de la Maison Blanche sous Barack Obama et actuel maire de Chicago. Suite à l’élection présidentielle du 29 juillet et 12 août 2018, et l’investiture du Président de la République Ibrahim Boubacar Keita par la Cour Suprême le dimanche 4 septembre 2018, le Mali amorce une étape historique de son processus démocratique entamé en 1992. Pour les cinq années à venir les défis sont nombreux et il importe de parvenir à une solution définitive à la crise complexe, multiforme, politico-sécuritaire, sociale, alimentaire, et humanitaire par des réformes politiques, institutionnelles, de défense et de sécurité, ceci afin de parer à l’insécurité et de promouvoir le développement socio-économique, culturel, la justice, et la réconciliation.
Parmi les défis importants auxquels fera face lors du mandat actuel le Président IBK nous pouvons citer la paix, la sécurité, l’amélioration des conditions de vie des populations et la consolidation de la démocratie conformément aux principes de la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections, et de la Gouvernance. La réussite du mandat dépendra en grande partie de la capacité des Maliens à résoudre les défis immenses de reconstruction politique, sécuritaire, sociale et économique du pays en pansant les plaies laissées par des décennies de politique de rupture engendrée par les différents régimes au pouvoir depuis l’indépendance en 1960. Ainsi en tirant les enseignements du processus démocratique, les autorités maliennes doivent se doter d’un instrument-cadre, par exemple un livre blanc sur la paix, la gouvernance, la reconstruction et le développement. Les principes de base de ce programme national pourraient engendrer un plan d’actions global s’inscrivant dans la durée et devrait tenir compte des besoins immédiats de la population en s’appuyant sur les forces vives de la société de manière inclusive.
Il importe de rappeler que changer le Mali ne saurait être le fait ni de l’Etat, ni d’une seule personne, mais que la participation de tous est indispensable pour atteindre les objectifs souhaités pour un développement durable. Un Etat se conduit, mais à cet effet une vision et une stratégie doivent l’inspirer. Suite à la tenue du premier Conseil des Ministres le vendredi 14 septembre 2018, le Président de la République a fixé les hautes orientations et objectifs stratégiques de sa vision que le Gouvernement sous le leadership du Premier ministre doit hiérarchiser en priorités et traduire en un outil de travail gouvernemental sous forme de plan d’actions. Aussi en identifiant les divisions des tâches et les synergies qui seront nécessaires pour mener à bien l’action gouvernementale qui devrait désormais servir à poser des actes visibles de tous, susceptibles de toucher rapidement la vie quotidienne de chaque individu. Il s’agit de marquer immédiatement que le temps de l’action est arrivé et de combler l’attente des populations vis-à-vis de l’Etat. En outre, il y aura lieu de marquer l’autorité de l’Etat et de démontrer très concrètement l’état d’esprit qui désormais va présider à sa conduite par le Président de la République. Les cinq (5) objectifs stratégiques énoncés dans la lettre de mission adressée par le Président de la République au Premier ministre, Chef du Gouvernement concernent la gouvernance et les reformes politiques et institutionnelles ; la promotion d’une croissance inclusive ; le développement du capital humain et de l’inclusion sociale ; l’environnement, le changement climatique et le développement durable ; et la diplomatie ; la coopération internationale, et le partenariat.
Selon Charles Maurras, une politique se juge par ses résultats. La gestion des attentes est primordiale et énorme, ainsi la nouvelle équipe gouvernementale n’aura pas de répit et sera jugée sur pièces, à l’aune des résultats obtenus. Il s’agira donc en l’occurrence d’adopter une démarche stratégique évolutive et modulable visant à planifier et prioriser les politiques publiques en intégrant un processus d’évaluation. Véritable outil de gouvernance, le Plan Stratégique d’Actions (2018-2023) devrait permettre de tisser un lien entre la vision du Président de la République, la lettre de mission adressée au Gouvernement, la politique nationale de développement et les objectifs de développement durable à l’horizon 2030. L’objectif final devrait permettre d’anticiper les enjeux, de répondre aux besoins des populations et d’améliorer les relations de l’Administration avec les citoyens.
Bamako, le 15 septembre 2018
Modibo Mao MAKALOU
M.B.A.
Economiste Financier
Ancien Sherpa de la Commission de l’Union Africaine et du NEPAD
Ancien membre du Groupe de Travail sur l’Efficacité de l’Aide de l’OCDE