Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a quitté son pays tard mardi soir pour le Qatar, après s’être entretenu à Bamako avec le représentant du médiateur burkinabè sur le processus de paix entre autorités maliennes et groupes armés, selon des sources officielles maliennes.
Le voyage du président Keïta à Doha a été annoncé par un communiqué lu mardi soir à la télévision publique malienne ORTM captée à Dakar. Mais aucune précision n’a été fournie sur la durée et le programme de cette visite qui, d’après la télévision, « devra permettre de dynamiser la coopération entre les deux pays ».
Plus tôt dans la journée, M. Keïta avait reçu les lettres de créances du nouvel ambassadeur du Qatar au Mali, Abdulrahman Bin Ali Al-Kubaisi, avec résidence à Nouakchott, selon l’ORTM et la présidence malienne.
Le Qatar avait émis des doutes sur l’efficacité de l’intervention militaire Serval déclenchée en janvier 2013 par la France – suivie par le Tchad et d’autres pays africains – contre les groupes jihadistes qui ont occupé pendant près de dix mois le nord du Mali.
Ces groupes liés à Al-Qaïda ont été affaiblis par l’intervention mais sont toujours actifs dans le Nord malien, où ils commettent régulièrement des attentats meurtriers.
Le président malien a, par ailleurs, reçu mardi à Bamako le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, porteur d’un message de son homologue Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, selon la présidence malienne.
« Nous avons évidemment fait l’évaluation du processus de paix au nord du Mali, en particulier après l’accord du 18 juin (2013) de Ouagadougou », a expliqué le ministre Bassolé à l’ORTM.
Cet accord préliminaire a été signé par le gouvernement malien et des groupes armés touareg et arabe présents dans le Nord, particulièrement à Kidal (extrême nord-est).
Il a permis l’organisation, en juillet-août 2013, de l’élection présidentielle dans tout le Mali, y compris à Kidal, fief des Touareg. Il prévoyait des discussions entre Bamako et les groupes armés après l’élection mais le processus est au point mort.
Le président burkinabè « m’a demandé de faire à son homologue (…) le point de la situation, et les pistes possibles que nous pourrions explorer ensemble pour que ce processus puisse véritablement consolider la paix, la stabilité et le développement social et économique » du Mali, a expliqué M. Bassolé.
« Nous avons pris bonne note des exigences du président Keïta relatives au lieu de rencontre » et à différentes « modalités (…), à savoir où, quand, comment, avec qui. Ces modalités sont à définir par les Maliens eux-mêmes », le médiateur burkinabè « se met à la disposition des Maliens pour faciliter, aider à promouvoir ce dialogue », a-t-il ajouté.
« Nous devrions maintenant profiter de la formidable mobilisation de la communauté internationale pour parachever ce processus de paix et passer à l’essentiel, qui est le développement des populations de notre espace communautaire », a-t-il dit.
Cette rencontre intervient deux jours après une visite du président malien en Algérie voisine, où se sont déroulées récemment des discussions entre représentants de groupes armés du nord du Mali.
D’après Alger, « il s’agit de consultations exploratoires » en vue de la relance du dialogue inter-malien tandis que selon Bamako, les mouvements armés ont demandé « aux Algériens de les aider à peaufiner une plate-forme pour pouvoir se préparer à des négociations inclusives entre Maliens ».
L’Algérie a joué de longue date un rôle de facilitateur entre Bamako et les populations, notamment touareg, du nord du Mali.