Elu au scrutin présidentiel du 11 aout dernier avec un score sans appel de près de 80% des voix, le président Ibrahim Boubacar Keita n’aura cependant gagné qu’ne bataille.
Sa victoire ne sera définitive que lorsque son parti politique le RPM et ses alliés, lui assureraient une majorité parlementaire après les élections législatives du 24 novembre prochain. Un bien difficile défi à relever.
Avant même la tenue de l’élection présidentielle du 28 juillet dernier, le plus naïf des maliens donnait pour gagnant de ce scrutin, ou Ibrahim Boubacar Keita, ou Soumeyla Cissé. Cela, malgré le nombre hallucinant (28) de prétendants au fauteuil présidentiel.
Les deux hommes en effet, sont réputés pour leur expérience dans le domaine politique, leur poigne et leur profonde connaissance des problèmes qui se posent aux maliens.
Véritables « bêtes politiques », IBK et Soumeyla Cissé, en plus de leur popularité au niveau national comme à l’étranger, avaient aussi des budgets conséquents pour mener une bonne campagne électorale. Et nul n’a été surpris, lorsque les deux hommes s’étaient retrouvés au 2ème tour pour l’ultime bataille. Le reste est connu : près de 80% des maliens ont donné une victoire limpide au candidat du RPM.
Mais, pourquoi les maliens ont-ils jeté leur dévolu sur l’homme du Mandé ?
Simplement, parce que le pays traverse une crise sans précédent et l’homme qui, aux yeux de tous, inspire confiance, abnégation, fermeté n’était autre qu’Ibrahim Boubacar Keita. D’ailleurs, même ses adversaires au 1er tour, (élection présidentiel) sans qu’il ne leur fit aucun appel (officiel) avaient appelé leurs militants à voter IBK parce que, en chœur, tous estimaient que celui-ci était l’homme de la situation. Mais en réalité, la plupart de ces soutiens de la 25ème heure espéraient plutôt recevoir des « récompenses », une fois IBK installé à Koulouba.
Illusions perdues, le désormais président de la République a choisi comme membres de son gouvernement, les siens et quelques nouveaux et anciens amis. Et, malgré les frustrations et les déceptions, jusqu’ici, personne n’a crié à la trahison.
A présent, un autre grand jour s’annonce : le 24 novembre 2013 retenu pour les élections législatives.
Un défi majeur pour IBK
En effet, le président IBK n’aura tous les pouvoirs que lorsqu’il bénéficiera d’une majorité parlementaire lui permettant d’avoir les mains libres pour appliquer son programme de campagne. Pour cela, il lui faudra surtout compter sur son parti, le RPM. Mais celui-ci, parait très faible pour lui apporter tout seul une majorité absolue à la future Assemblée nationale.
Pour mémoire, sur les 143 députés sortants de l’Assemblée Nationale, le RPM n’en a que 11 contre 51 pour l’ADEMA-PASJ et 35 pour l’URD. Ce ne serait donc que par miracle que le RPM, à lui seul, pourrait disposer d’un nombre significatif de représentants à l’Assemblée Nationale après le scrutin du 24 novembre prochain.
Sur qui ou sur quoi, alors, le RPM pourra-t-il compter ?
On sait d’ores et déjà que l’URD, à travers son président Soumeyla Cissé, a été très clair après les résultats définitifs du 2ème tour de l’élection présidentielle. M. Cissé avait clairement martelé : « nous allons nous organiser pour constituer une véritable opposition ».
Concernant l’ADEMA-PASJ, nul ne l’imagine former pendant ou après les élections législatives, une coalition avec le RPM au détriment de l’URD qu’elle a soutenu jusqu’au bout.
Il parait donc plausible que l’ADEMA et l’URD, véritables forces politiques au Mali, se retrouvent pour constituer un bloc contre le RPM et ses alliés.
Que pourra alors faire le RPM face à ces deux partis politiques réputés pour être de vraies machines électorales, surtout lorsqu’il s’agit d’élections de proximité comme les législatives ou les municipales ?
Pourra-il, le RPM, récupérer l’électorat de ses alliés de dernière minute lors du 2ème tour de l’élection présidentielle ?
Il est difficile de répondre par l’affirmative car ceux-ci n’ont toujours pas digéré le fait de n’avoir reçu aucune récompense du nouveau président de la République pour service rendu. En somme, la bataille des législatives s’annonce désespérée sinon perdue pour le président IBK et le RPM. Et il est même possible qu’après les élections législatives du 24 novembre prochain, que l’Adema PASJ ou l’URD s’en sorte avec une majorité absolue de députés. Et, dans ce cas, on assistera au Mali à une cohabitation.
Qu’ainsi soit-il ou pas, les maliens n’aspirent qu’à trois choses : la paix, la sécurité et le développement.
Boubacar Sankaré
Source: Le 26 Mars